La journée est longue, et pour autant, cette dernière ne mine pas le moral de l'assistante du Gouverneur qui fait ce qu'elle fait de mieux : veiller sur lui tout en se chargeant de la paperasse qui n'a pas besoin de passer par ses mains. La porte de son bureau est restée ouverte de l'aube jusqu'au crépuscule, afin de pouvoir surveiller les moindres allées et venues entre cette dernière et celle d'Asteria et, maintenant que la lueur du soleil descend sur l'horizon, vient le temps du repos bien mérité.
Du repos ? Non.
Quittant la mairie pour rejoindre son appartement, ce n'est pas sur son lit qu'elle fond telle un vautour sur une proie, mais bel et bien sur son armoire dans laquelle elle fouille jusqu'à y retrouver la pile de vêtements qu'elle a soigneusement mis de côté après sa première rencontre avec Sham. La jeune femme se change donc en faveur d'un pantalon en stretch noir et d'un t-shirt camouflage à manches longues équipé d'une capuche qu'elle remonte sur ses cheveux après avoir pris soin de remonter ces derniers en un chignon serré sur le haut de sa tête.
Lorsqu'elle ressort de chez elle, c'est avec une certaine impatience, une fébrilité qui se ressent dans le moindre de ses mouvements tandis qu'elle marche en de longues enjambées sur les pavés rassurants de la ville. Arrivée aux remparts, il lui suffit d'un mot, d'un seul, pour sortir de cette dernière et rejoindre l'extérieur encore plein de vie. Les travailleurs ne sont pas encore rentrés chez eux, même si leur journée ne tardera pas à prendre fin maintenant que la nuit pointe le bout de son nez, et c'est avec une certaine facilité que la rousse atteint la lisière des champs de blé adjacents à Aurora.
Puis elle attend, observant les gens tandis que petit à petit ils se font moins nombreux, évitant de croiser leur chemin afin que les questions gênantes ne se posent pas. Une fois seule, les battements de son cœur ralentissent, laissant place à un calme trompeur. De nouveau, elle s'ouvre aux sensations autour d'elle, mettant en pratique ce que la sauvageonne lui a déjà appris lors de leur aventure au bord du fleuve. Le vent dans les épis, le sang pulsant dans ses tempes, les insectes qui s'éveillent à l'heure où les humains disparaissent, l'odeur subtile de l'herbe, tout lui parvient de façon dupliquée tandis qu'elle ferme les yeux pour s'offrir à l'agonie du jour qui trace des rayons rougeâtres sur sa peau pâle.
Une présence ne tarde pas à se faire sentir, discrète, presque éthérée, et la Balance se permet de souffler un mince filet de voix hésitant, presque craintif.
« Sham ? »
Ne manquerait plus qu'elle se trompe, aussi ouvre-t-elle les yeux pour regarder aux alentours, cherchant la source de vie dont elle perçoit les traces sans parvenir à trouver son origine. L'un dans l'autre, elle espère que ce n'est pas déjà un monstre qui croise son chemin, préférant ne pas se trouver en situation de détresse à l'arrivée de celle qu'elle attend de pied ferme. Que leurs retrouvailles se fassent sous le même signe que leur rencontre serait tout de même d'une ironie toute particulière, quoique pas impossible.
Aethel Leiner
Libra
Aethel Leiner
Messages : 127 Poste : Assistante-garde du corps du Gouverneur Pouvoir : Nécromancie.
Aethel Leiner
Sam 25 Mar - 15:05
Praise a good day, a good hunt
feat Aethel Leiner
16/02/2173 : Monde extérieur - Champs - Champ de blé
Si les Humains ont peur de la nuit et fuient de leur mieux en direction de leurs abris de pierre et de métal dès les premiers signes du crépuscule approchant, je fonctionne tout à l'inverse. Enfin, la ville va se montrer moins bruyante et agitée. C'est comme si la Nature attendait ce moment pour s'autoriser à rouvrir les yeux pour pouvoir voir tout ce que la folie des hommes leur cache le reste du temps. Ce sont ces instants presque magiques que je guette depuis le haut des murs de la Cité, ce passage du jour à la nuit qui devient celui de l'hibernation à la pleine conscience.
Quand je pense que même ces étoiles qu'ils chérissent tant ne se montrent qu'une fois la nuit tombée, n'est-ce pas la preuve que la vie réelle se déroule véritablement dans ces moments-là ? Peu importe. Je ne m'attarde plus sur les silhouettes venant se hâter de rentrer pour échapper au voile nocturne, je viens enfin respirer pour de bon. Même mon sommeil est perturbé en journée par leur valse incessante et sonore alors retrouver la quiétude réelle, j'attends cela chaque soir avec impatience.
Nez au vents, paupières closes et tous les sens aux aguets, je laisse la nuit m'envelopper pour me dissimuler encore plus que je ne le suis déjà. L'humain est tellement persuadé d'être en haut de la chaine alimentaire qu'il ne se soucie plus de regarder au-dessus de lui. Aussi, demeurer en hauteur reste ma tactique d'observation préférée à leur égard. Mais que je ne viendrais pas creuser davantage ce soir car il se passe quelque chose du côté des champs de blé. Comme une présence qui se serait trop attardée dans les parages, venant surprendre les habitués du coin.
Déjà, j'ai quitté mon poste d'observation pour me rapprocher, laissant mes lippes se retrousser à leurs extrémités en réalisant ce dont il s'agit. Pas une âme perdue, loin de là. Plutôt une des rares qui cherche réellement. Enfin, à mon sens. Contre le vent et avançant à pas feutrés au ras du sol, tel un grand chat sauvage, je prend le temps d'observer la rousse avant de me rapprocher davantage, curieuse de voir à quel moment elle notera ma présence.
« Sham ? »
"- Mwwrrr "
Pas mal pour une non chasseuse. Sans changer mon mode de déplacement, je me rapproche jusqu'à venir me trouver purement et simplement à ses côtés. Je note les couleurs sombres et ternes de sa tenue, ses cheveux dissimulés et le calme qu'elle arrive presque à atteindre. Mon arrivée l'a troublé, me le prouvent ses yeux grands ouverts ayant balayés les environs pour me trouver. Réflexe naturel.
"- Avant de chassser, sssavoirr connaitrre son envirronnement. "
Car si la chasse tourne mal, il faut être apte à fuir pour sauver sa vie. La connaissance du terrain devient alors la meilleure arme du chasseur. La survie n'a pas de prix, une vie perdue ne pouvant plus être récupérée.
"- Quoi toi pouvoirr me dirre, pourr iccci ? "
Elle avait déjà commencé à ouvrir ses sens à ce qui l'entoure alors autant continuer sur cette lancée qu'elle a elle-même initié. Et puis, hors des murs, il y a tellement plus de détails perceptibles. Jusqu'ou saura t'elle aller cette fois ?
Sham Yun
Civilia
Sham Yun
Messages : 69
Sham Yun
Sam 25 Mar - 17:44
Praise a good day, a good hunt
Sham Yun
Le soulagement est lourd sur ses épaules lorsqu'elle pose enfin son regard doré sur la silhouette au ras du sol, pouvant la reconnaître ainsi entre mille. Comme promis, Sham l'attendait, la guettait sans doute depuis les hauteurs, profitant sûrement de la renaissance de la vie lorsque l'Homme disparaît enfin du paysage. Sait-on jamais, que la nature se rappelle qu'elle Lui est supérieure et redevienne soudainement hostile à Son asservissement. Pour sa part, Aethel n'est pas effrayée par l'idée que ce qui vit autour d'elle reprenne ses droits, tant que ça reste hors des remparts d'Aurora. Sa posture se détend, et elle ne résiste pas à passer la pulpe de ses doigts sur le crâne de la sauvage demoiselle, comme un salut muet d'un type d'animal à un autre.
Elle hoche simplement la tête aux paroles de sa compagne bestiale et referme les yeux pour reporter toute sa concentration sur ce qui l'entoure. Ce soir, elle perçoit non seulement des sons, mais aussi des odeurs. Lèvres entrouvertes, le goût âpre de la terre après la pluie s'infiltre sur sa langue et dans ses poumons. S'avançant de quelques pas, elle frôle un épi de blé, ajoutant le toucher à ses sensations, formant dans sa tête un paysage en quatre dimensions qui, de par ces informations, adopte des couleurs uniques qu'elle sait ne pas être capable de capter avec ses seuls yeux.
« Je 'goûte' le pétrichor. La pluie s'est arrêtée récemment. Pourtant, elle va retomber, toute la nuit durant. »
Elle le sent au souffle du vent dans la végétation, tant dans sa façon de se déplacer en direction de la forêt que dans sa moiteur inhérente au mauvais temps. Encore une fois, pas un détail qui la dérange, loin de là. La rousse aime les averses, contrairement à ses compatriotes. La vie, ce n'est pas d'attendre que les orages passent, c'est d'apprendre à danser sous la pluie - une citation qu'elle affectionne et mets en pratique le plus souvent possible, se confrontant à la froide réalité comme elle le fait en ce moment en ayant choisi Sham comme professeure particulière.
« Le bétail a été rentré, et les animaux se pressent les uns contre les autres… ils sentent le danger. »
Comme en réponse, la chair de poule redresse les poils de ses bras. Quelque chose vient, mais de suffisamment loin pour ne pas l'inquiéter pour le moment. Un tracteur a été arrêté au milieu des champs, abandonné sur place, sans doute plus par flemme que par peur. Les sourcils de l'assistante du Gouverneur se froncent et un petit claquement de langue se fait entendre de sa part. Elle n'aime pas le travail à moitié fait.
« Les insectes sont plus présents ici qu'en ville. Plus vifs, aussi. L'obscurité leur sied. »
D'un geste vif, elle attrape au vol un papillon de nuit, qu'elle enferme entre ses doigts sans pour autant serrer, ne tenant pas à abîmer le voile protecteur de ses ailes. Quelques secondes seulement, et elle le relâche, le laissant s'enfuir à tire-d'aile. Puis elle désigne des directions ; la forêt, à l'ouest, la prairie au nord ainsi que le verger et le lac à l'est.
« Ce qu'on appelle les monstres s'agitent. Comme si quelque chose se préparait. »
"Ce qu'on appelle", parce qu'au fond, qu'est-ce qu'ils en savent ? Pour le peu de connaissances qu'ils ont, c'est peut-être simplement la faune qui a muté, comme eux ont changé au contact des étoiles. Quant à ce qui se prépare… Aethel soupçonne que c'est quelque chose d'important, qui changera peut-être leur vision des choses. D'ici quelques jours, le couperet tombera, apportant bénédiction ou malédiction, seule la nature elle-même peut le savoir. Autant apprendre à la connaître, en ce cas, pour ne pas se faire prendre par surprise une fois le moment venu.
Aethel Leiner
Libra
Aethel Leiner
Messages : 127 Poste : Assistante-garde du corps du Gouverneur Pouvoir : Nécromancie.
Aethel Leiner
Dim 26 Mar - 14:01
Praise a good day, a good hunt
feat Aethel Leiner
16/02/2173 : Monde extérieur - Champs - Champ de blé
« Je 'goûte' le pétrichor. La pluie s'est arrêtée récemment. Pourtant, elle va retomber, toute la nuit durant. Le bétail a été rentré, et les animaux se pressent les uns contre les autres… ils sentent le danger. Les insectes sont plus présents ici qu'en ville. Plus vifs, aussi. L'obscurité leur sied. »
Si je garde les yeux ouverts, je peux ressentir sans mal ce dont elle me parle. Je connais ses sensations, ces dernières ayant toujours fait partie de ma vie. De moi, même. En tout cas, son analyse est juste bien qu'elle me semble encore floue mais c'est normal aussi. Mine de rien, je ne peux nier que je suis surprise. De ce que j'avais vu depuis mon arrivée, je ne pensais pas les Humains capable de réellement s'ouvrir de la sorte. Tout comme j'ai encore du mal à m'assimiler à eux. Aussi, cet exercice en est aussi un pour moi, d'une autre façon.
« Ce qu'on appelle les monstres s'agitent. Comme si quelque chose se préparait. »
Oh, elle arrive à noter cela ? Ce n'est pas étonnant, le crépuscule est le meilleur moyen de la journée pour la chasse et les monstres le savent bien. Pas de risque d'éblouissement, effet de surprise multiplié, changement de luminosité qui modifie les perceptions et rend les proies plus stressées, leur faisant plus facilement commettre des erreurs. Car même par un temps couvert comme celui-ci, le noir ne sera pas atteint, loin de là.
"- RRecherrche repas et rretourr aux terriers. Bientôt, pérriode des amourrs. Alorrs, finirr abrris avant de chanter.... "
Je suis sure qu'ils les ont déjà entendus. Ces cris rauques et profonds qui semblent même résonner à travers le sol, comme un orage grondant. Certains retentissent une seule et unique fois, durant de longues secondes, d'autres ressemblent à de simples chants d'oiseaux. Peu importe le jour ou la nuit, leur appel ne retentit qu'au moment propice pour eux. Mais avec leur agitation naturelle, les hommes ne les perçoivent pas. Ou prennent peur en les entendant, comme ce son leur ai inconnu.
"- Insssectes aiment eau. Pluie ssserra forrte et abondante. Vent qui inquiète bétail, couvrre odeurrs et apprroches des monssstres."
Même si à leurs places, ils restent plutôt en sécurité, ce genre de réflexe ne se perd jamais. L'union ne donne pas beaucoup de force mais multiplie les chances de prévention. Et en se regroupant, un autre phénomène entre en jeu, que je viens faire découvrir à Aethel. D'un geste clair mais discret, je l'invite à m'imiter et à venir déposer son oreille à même la terre meuble. Pour venir capter comme un léger battement, régulier et profond.
"- Nature tranquille. Pas de danger immédiat de sa parrt. Elle ausssi, attend eau..."
Les champs de blé n'ont pas vocation à être dangereux mais la Nature n'obéit qu'à ses propres lois. Leurs murailles les rassurent certainement mais elles ne feront pas le poids le jour ou elle décidera de les abattre. Mon visage déjà en contact avec le sol, je viendrais le frotter dessus, le couvrant d'une légère couche de poussière avant de me redresser juste assez pour revenir accroupi.
"- Bétail aux aguets, donc difficile à sssurrprrendrre. Toi, essayer. "
De les rejoindre sans les faire paniquer. De les atteindre sans qu'ils ne la prennent pour un danger. De s'en approcher sans même qu'ils ne s'aperçoive de sa présence. Pour voir aussi de quelles ressources elle dispose déjà.
Sham Yun
Civilia
Sham Yun
Messages : 69
Sham Yun
Dim 26 Mar - 18:22
Praise a good day, a good hunt
Sham Yun
C'est ainsi que l'histoire se déroule, un instant d'éternité dans cette obscurité qui s'annonce, transformant le rose orangé du coucher de soleil en un violet bleuté dans lequel les étoiles pointent timidement le bout de leur nez. Aethel inspire profondément l'air nocturne, sans émettre le moindre son. Seul son cœur bat à ses oreilles, tentant de lui bloquer ses autres sensations, sans succès. Même les yeux fermés, elle peut se faire une image très précise du paysage qui l'entoure et de la vie qui s'agite à la lisière de ses perceptions. Le chant des créatures à la recherche de leur moitié, elle peut déjà les imaginer, effrayant les civils tandis que d'autres y verront une opportunité, celle d'observer les monstres dans leur danse nuptiale. Mais avant ça, la finition des abris. Ces derniers ne seront certainement pas dans les environs direct de la ville trop bien protégée.
Les insectes continuent leur danse de plus en plus effrénée autour des deux silhouettes qui se tiennent aux abords des champs de blé. Plus ils s'agitent, plus la pluie s'annonce proche, comprend la rousse tandis qu'elle relâche son papillon de nuit dans les airs. Le vent inquiète les animaux, soufflant en direction de la forêt et empêchant leur odorat de faire la part des choses. À leur place… Mais n'est-elle pas déjà à leur place ? À la seule différence qu'elle se tient debout bien droite dans le paysage, sans le moindre abri pour masquer sa présence. Par réflexe, la jeune femme s'accroupit, rouvrant les yeux pour jeter un coup d'œil en direction de Sham. Elle comprend maintenant mieux pourquoi cette dernière se déplace toujours à ras du sol, pour ne pas se faire remarquer - ce qui dans la ville fait l'effet contraire, mais fait amplement sens une fois dehors, exposée aux quatre vents.
Elle observe le mouvement de sa compagne contre le sol, et se décide à faire pareil, à la différence près qu'elle ramasse la terre dans ses mains avant de venir barbouiller son visage décidément trop pâle de nature pour être discret. Le pétrichor lui emplit les narines, d'une façon rien moins qu'agréable - elle a toujours aimé cette odeur que possède la terre après la pluie. Aux paroles de la sauvageonne, elle hoche lentement la tête tout en finissant de recouvrir ses mains de la terre presque boueuse, sans s'en formaliser le moins du monde. Sa première cible est donc le bétail - une proie qui pourrait sembler facile, mais qui est déjà en alerte de par la nuit tombée et le vent qui souffle à contresens.
Lentement, la jeune femme se met en mouvement, surveillant le placement de ses pieds, écartant le blé de son chemin d'une main aussi légère que la brise qui souffle, masquant son odeur de par le fait qu'elle approche de la ferme par l'ouest. À l'oreille, elle peut affirmer que les animaux ne captent pas son cheminement dans les céréales. Aussi silencieuse qu'une ombre, elle sort de son couvert et s'approche lentement de la bâtisse, s'arrêtant à chaque fois qu'elle sent les bêtes s'agiter ne serait-ce qu'un peu, de peur de se faire remarquer. Le premier endroit qu'elle atteint est celui des écuries, d'où une tête plus curieuse qu'effrayée sort d'une stalle à sa droite. Toujours aussi discrète, la Balance s'approche délicatement du cheval et lui chuchote quelques mots rassurants tout en portant sa main terreuse à son museau. Celui-ci, la reniflant, ne prend pas la mouche, se contente de la renifler un instant avant de faire demi-tour pour se recoucher dans le foin bordant le sol de son refuge.
Il est maintenant temps de faire le tour, pour rejoindre la bergerie à proprement parler, dans laquelle elle perçoit des bêlements effrayés. Les moutons ont-ils déjà repéré la présence d'un prédateur humain aux environs de leur demeure ? Ces derniers ne réagissant pas au-delà de ces plaintes animales, la rouquine se glisse à l'intérieur de la bâtisse, sa tête ne dépassant pas enclos et barrières, tant de par sa petitesse que par sa position toujours accroupie. Moins protégée par le vent qui s'engouffre pourtant dans les interstices de l'édifice, quelques têtes bovines et ovines se glissent par-dessus leurs protections pour lui accorder un regard curieux, qu'elle leur rend sans crainte, parfaitement immobile pour ne pas les effrayer. Ce n'est que quand les animaux retournent à leurs places, se serrant les uns contre les autres, qu'elle se décide à rebrousser chemin pour rejoindre la position de Sham.
« J'ai été repérée. » se contente-t-elle de murmurer.
Cela dit, la panique n'a pas pris possession du bétail, ce qui reste une demi victoire en soi, ce qui attire un sourire ravi aux lèvres de l'apprentie chasseresse.
Aethel Leiner
Libra
Aethel Leiner
Messages : 127 Poste : Assistante-garde du corps du Gouverneur Pouvoir : Nécromancie.
Aethel Leiner
Lun 27 Mar - 21:29
Praise a good day, a good hunt
feat Aethel Leiner
16/02/2173 : Monde extérieur - Champs - Champ de blé
Déjà, la voici en mouvement. Le corps en partie recouvert de terre, contre le sens du vent, ses pas souples et légers lui permettent d'avancer rapidement et silencieusement. Elle est bien avancée lorsque le cheval vient à se rencontre. Qu'elle accueille de manière très calme, allant jusqu'à lui parler. L'animal se détourne, retournant à son flegme habituel tandis qu'elle reprend sa route sous les bêlements inquiets.
Ils savent. Ils ont pressentis sa venue mais ne la perçoive pas comme un ennemi naturel. Car l'homme les nourrit, les a domestiqué. Elle rentre sans mal, profitant d'un instant entre elle et le bétail l'ayant reconnue comme main nourricière donc sans danger. Quelques instants de curiosité mutuelle puis la vie reprend son cours, les ovins demeurant à leur place et la rouquine revenant à ma hauteur.
« J'ai été repérée. »
Constat logique et éclairé qui me fait sourire de manière animale. Elle l'a noté d'elle-même, c'est intéressant. Mais depuis quand ? Ca, je peux le lui dire.
"- Cheval ssseul, plusss méfiant."
Après, elle a su se faire accepter par ce dernier, pour que l'alerte ne soit pas donnée. Elle a donc de très bonnes facultés. Peut-être devrais-je me renseigner sur le combat des humains car elle n'a pas développé tout cela juste en m'ayant croisé une fois. Bon, elle n'est pas prête à la chasse pour autant mais elle a bien plus de chance de s'en sortir que les autres Humains, c'est une évidence.
"- Corrps trranquille mais coeurr rrapide. Toi avoirr esssprrit encombrré. "
Elle garde sur le visage certaines stigmates qui semblent trahir un flot de pensées riches et incessantes. Et si elle parait apaisée, seuls mes yeux peuvent s'y tromper. Tous mes autres sens me crient qu'elle pourrait devenir facilement dangereuse et qu'il faut la surveiller. Pourtant, une part de moi aime aussi cette sensation, me rappelant à mes années de vie sauvage. Cette tension toujours présente, le danger jamais totalement écarté, chaque réveil célébré comme une victoire de plus. Alors, j'ai envie d'en savoir plus aussi. De voir jusqu'ou je pourrais aller en sa compagnie.
"- A quoi toi penssser, pour bétail ? Quoi y avoirr dans ta tête, surr chemin ? "
Car les Hommes ne fonctionnent définitivement pas comme moi. Alors, en apprendre plus sur eux m'éclairera aussi. Une idée commence à poindre dans mon esprit mais sa réponse pourrait aussi bien la confirmer que le détruire. Alors, autant commencer par l'écouter.
Sham Yun
Civilia
Sham Yun
Messages : 69
Sham Yun
Mar 28 Mar - 14:19
Praise a good day, a good hunt
Sham Yun
Bien qu'elle soit fière de sa première "chasse", Aethel ne doute pas un seul instant qu'il y a des choses à améliorer. Personne n'est parfait dès sa tentative initiale. Aussi baisse-t-elle humblement la tête aux commentaires de sa compagne. Elle n'a pas tort du tout : la Balance ne cesse jamais de penser, milles idées tournant en permanence dans sa petite tête rousse. De fait, occupée par ces pensées parasites, il lui est difficile de contrôler les battements de son cœur qui, en ce moment, se permet une cavalcade à travers champs à la recherche des bonnes réponses à donner pour que son entrainement puisse avancer, pour qu'elle-même puisse s'améliorer.
« Je pensais au bruit que je faisais. »
Les coups paniqués de son palpitant, son souffle dans l'air froid, la façon qu'elle avait de déplacer les feuilles, de positionner ses pieds pour atténuer le bruit de ses pas. Chaque geste lui semblait plus bruyant que le précédent, alors même qu'elle était bien plus discrète qu'une bonne partie de ses congénères.
« Et plus j'y pensais, plus j'avais l'impression d'en faire. » admet-elle.
Ce qui n'est probablement pas faux. La chasse étant une question d'instinct, d'animalité, il n'y a pas de place pour ces réflexions, cette façon de décortiquer chacun de ses mouvements avant même de les entreprendre. La carmine se devait d'être souple comme de l'eau, et aussi naturelle que cette dernière - il fallait que ses pensées glissent à la surface, sans jamais s'engouffrer dans le lit de sa conscience.
« J'ai également pensé à la finalité, plutôt que de m'ancrer dans le présent. » ajoute-t-elle après un temps de réflexion.
La finalité, le fait que quoiqu'il arrive, les bêtes ne la reconnaîtraient pas comme un prédateur réel. Même si elle n'était pas la main qui leur donnait concrètement à manger, elle avait la même odeur que cette dernière, quand bien même l'avait-elle habilement camouflée de terre et de boue. Aethel a pensé en stratège, avant de penser en prédateur, et son erreur est là, quand bien même a-t-elle calmé le cheval de quelques mots doux et s'est-elle fait accepter par le troupeau à l'intérieur de la bergerie. C'est toute son approche qui est à revoir, réalise-t-elle. Elle doit laisser de côté tout ce qui la constitue en train qu'être humain, et se mettre réellement à la place d'une créature prête à tuer ses proies si celles-ci se laissent surprendre.
« J'ai abordé le problème à l'envers. »
Ou plutôt, elle a vu un problème là où il ne devait pas y en avoir. Sa méthode était juste, mais ses pensées trop incertaines, trop humaines pour qu'elle développe immédiatement l'intuition allant de pair avec ses gestes. La jeune femme retombe dans le mutisme, attendant le jugement de Sham avec une certaine impatience - parce que l'avis d'une vraie chasseuse lui est présentement plus important que ses propres déductions, chose assez rare pour être notée.
Aethel Leiner
Libra
Aethel Leiner
Messages : 127 Poste : Assistante-garde du corps du Gouverneur Pouvoir : Nécromancie.
Aethel Leiner
Mer 29 Mar - 14:16
Praise a good day, a good hunt
feat Aethel Leiner
16/02/2173 : Monde extérieur - Champs - Champ de blé
« Je pensais au bruit que je faisais. Et plus j'y pensais, plus j'avais l'impression d'en faire. »
Réflexe plutôt naturel en soi, cela n'a rien de surprenant. Et le fait qu'elle l'ait remarqué d'elle-même est aussi une très bonne chose. Plus on se focalise sur un détail, plus celui-ci prend de l'importance dans notre esprit, au point d'en occuper tout l'espace disponible. Savoir le repérer est une chose, parvenir à perdre cette mauvaise habitude, par contre, en est une autre. Mais en avoir conscience est un très bon point de départ.
« J'ai également pensé à la finalité, plutôt que de m'ancrer dans le présent. »
J'ai un peu plus de mal à comprendre cette phrase mais je crois en avoir saisi l'essence malgré tout. Elle s'est projeté sur la suite, le fait d'atteindre le bétail, en oubliant qu'il pouvait toujours y avoir un imprévu sur la route, comme la présence du cheval. C'est une bonne analyse, elle est vraiment douée.
« J'ai abordé le problème à l'envers. »
"- Pas y avoirr de prroblème ..."
Là. Je crois que c'est ça, le noeud. Ce qui fait qu'elle avance vers le bon chemin sans parvenir à le prendre pour autant. Mais si j'ai l'idée, je n'ai pas les mots pour l'expliquer pour autant, n'ayant pas l'habitude de ce genre de chose. Alors, j'opte pour la meilleure solution qui soit à ma disposition : l'exemple.
D'un hochement de tête, je l'invite à reste ou elle se trouve avant que je ne me lance à mon tour en direction de la bergerie. Sans réfléchir, purement à l'instinct, je demeure en rase-motte, mon avancée ne provoquant pas plus de bruit que le souffle de la brise. Mon corps épousant les herbes hautes ne les déplacent qu'à peine, créant un mouvement difficilement décelable. Le cheval ne notera pas ma présence alors que déjà, je grimpe sur le toit de la bergerie d'où je viendrais lancer une plainte légère, clairement animale.
A laquelle tout le bétail présent répondra en échos, comme pour me venir me rassurer. Je me laisse tomber du toit pour me rattraper à la poutre de la porte, laissant l'un des animaux venir frotter sa tête contre mon masque avant que je ne reparte comme je suis venu les voir, comme une ombre faisant partie du décor environnant donc tout sauf effrayante.
"- Prroblème pas exissster. Humains crréer carr lui vouloirr Naturre lui rresssssembler. Homme trrop penssser tout comme Homme."
Je ne suis pas certaines de mes mots mais l'idée est là. L'Homme veut un monde à son image et essaye de le modeler pour qu'il ressemble à ses souhaits et ses envies. Mais la Nature à ses propres aspirations, ses propres volontés. Et aller à leur encontre finit forcément par bloquer, à un moment ou à un autre. Du moins, c'est ce que moi, je ressens.
Sham Yun
Civilia
Sham Yun
Messages : 69
Sham Yun
Dim 2 Avr - 8:37
Praise a good day, a good hunt
Sham Yun
Pas de problème ? Mais Aethel en voit au moins un, deux, trois, jusqu'à une centaine de choses qu'elle pourrait avoir mieux fait pour réussir son test à cent-pour-cent. Alors, curieuse, elle observe le manège de Sham, la façon qu'elle a de glisser à travers les tiges de blé en les déplaçant à peine, aussi légère que le vent lui-même, le moindre geste employé pour grimper sur le toit de la bergerie sans se faire remarquer par quoique ce soit puis elle tend l'oreille à sa plainte discrète. Tout en elle est animal, sans le moindre doute, et si la rousse n'avait suivi son avancée avec autant d'attention, elle-même ne l'aurait sans doute pas distinguée d'une autre bête à la façon qu'elle a de se déplacer toute en finesse pour rejoindre le bétail qui l'attend comme le messie.
Tant de choses auxquelles la Balance ne pense juste pas naturellement. Lorsque la sauvageonne revient vers elle après servi d'exemple, la jeune femme hoche doucement la tête, la regardant avec un feu nouveau dans les yeux.
« Je créée des problèmes là où il n'y en a pas. » vocalise-t-elle simplement.
Le fait d'avoir été repérée n'était pas une complication en soi - la seule difficulté avait été de ne pas savoir se faire passer pour autre chose qu'une simple humaine en leur présence. La nature demandait sa compagnie, mais pas en tant qu'Humaine, en tant que semblable, ce qu'était naturellement devenue la brune à ses côtés. Pensive, Aethel porta l'index au coin de ses lèvres et se plongea dans les méandres de son esprit. Elle ne voulait pas d'un monde à son image - surtout pas. Tout ce qu'elle voulait, c'était que les remparts d'Aurora restent dressés et forts pour empêcher les monstres de pénétrer dans la ville et de mettre à mal le dernier bouclier de l'humanité à leur connaissance.
« Je veux penser autrement. » s'entend-t-elle murmurer dans le souffle du vent.
Pouvoir se fondre dans la nature, pour que la nature se fonde mieux en elle. Décidément, c'est plut fort qu'elle : elle se désole du fait que Sham ne puisse apprendre les mêmes principes aux explorateurs de la Diligentia. Ainsi, ces derniers pourraient se glisser jusque dans les moindres recoins de la forêt sans nécessairement risquer leur vie à la moindre respiration.
Le malaise qu'elle a ressentit en arrivant refait surface, faisant naître la chair de poule le long de ses bras et de ses jambes couverts. Quelque chose se prépare, quelque chose pour lequel les Humains, eux, ne sont pas prêts. Lui vient alors une idée folle, une idée qui ne lui est jamais passée par l'esprit avant ce soir mais qui se matérialise comme par magie. Elle la repousse de ses mains imaginaires, se contentant de pencher la tête en observant sa compagne nocturne.
« Dis-moi Sham, tu n'as jamais rien remarqué de bizarre chez ce qu'on appelle les monstres ? » ose-t-elle malgré tout chuchoter. « Comme s'ils n'étaient… Pas si différents de nous ? »
Elle est incapable de donner corps à la pensée qui l'habite, se contentant de ces seules questions pour connaître l'avis de sa jeune instructrice sur la question. Sans doute lui répondra-t-elle que c'est le cas, même si ce n'est pas exactement que qu'Aethel cherche. Non, cette idée folle ne peut être qu'un produit de son imagination.
Aethel Leiner
Libra
Aethel Leiner
Messages : 127 Poste : Assistante-garde du corps du Gouverneur Pouvoir : Nécromancie.
Aethel Leiner
Dim 2 Avr - 15:34
Praise a good day, a good hunt
feat Aethel Leiner
16/02/2173 : Monde extérieur - Champs - Champ de blé
« Je créée des problèmes là où il n'y en a pas. Je veux penser autrement. »
Même si je ne comprends pas réellement le cheminement précis de sa pensée, je suis plutôt contente d'entendre la conclusion à laquelle elle est parvenue. Pas que j'ai cherché à lui faire prendre conscience de cela, simplement cela me semble tellement logique que j'avais du mal à comprendre que justement, ils ne parviennent pas à le réaliser. Surement à cause de ce trop plein de métal et de pierre qui les isolent totalement du reste du monde. Pourquoi chercher à en faire partie quand tout est fait pour se sentir différent ? Les Hommes sont certes nombreux derrière les murailles qu'ils ont construites mais ils sont surtout terriblement seuls.
« Dis-moi Sham, tu n'as jamais rien remarqué de bizarre chez ce qu'on appelle les monstres ? Comme s'ils n'étaient… Pas si différents de nous ? »
"- Moi, Monssstrre."
Je ne suis devenue humaine que depuis qu'ils m'ont attrapée et arrachée à la nature qui m'a vu grandir. Et si la Ville Abandonnée me manque terriblement, si je ressens encore douloureusement l'appel de la Nature et de ceux qui sont restés là-bas, je ne peux me résoudre à y retourner. Je les mettrais en danger à présent. Parce que je reste trop proche des Hommes à présent pour être un vrai Monstre. Pourtant, c'est bien ainsi qu'eux aussi m'ont considéré au moment de ma capture. Seule ma constellation a fini par les convaincre que j'étais réellement 'une des leurs'.
Mon esprit s'égare un peu au milieu de mes pensées, laissant mon visage se tourner naturellement en direction de la Ville Abandonnée. Est-ce que Hum' va bien ? Les brulants sont-ils calmes ? Ont-ils appris à éviter les Humains mieux que moi ? Un soupir qui se mêle à la brise avant que je ne revienne sur Terre. Le regard cependant un peu perdu, comme l'est mon coeur. Pris en étau entre ces deux mondes, chacun censé être le mien, mais auxquels aujourd'hui je n'arrive pas réellement à appartenir pour autant.
"- Pas sssavoirr rrépondrre à ça..."
Bizarre, tout me le semble tellement ici. Aussi, plutôt que de dire n'importe quoi, je préfère me taire. Les mots me manquent encore tellement pour exprimer mes pensées. Rien que pour cette richesse et cette complexité de mode de communication, les Humains me paraissent horriblement différents. Même si j'ai bien compris que pour eux, différent est égal à non Homme. Alors que chaque vie à la même valeur de base. la différence réside dans ce que chacun choisit de faire du temps qui lui est imparti.
"- A quoi toi penssser ? Peut-êtrre moi mieux comprrendrre aprrès."
Si elle a posé cette question, c'est bien que quelque part, elle a du sentir quelque chose. Mais je n'ai pas la ressource nécessaire de moi-même pour être juste. Alors, peut-être que si elle accepte à m'en dire plus, je pourrais alors mieux répondre à son interrogation.
Sham Yun
Civilia
Sham Yun
Messages : 69
Sham Yun
Lun 3 Avr - 15:55
Praise a good day, a good hunt
Sham Yun
La question est bien sûr trop imprécise, son idée trop décousue pour parvenir telle qu'elle le devrait à Sham. Pourtant, la réponse la frappe de plein fouet, et c'est d'une main qu'elle avance vers la tête de sa compagne qu'elle lui caresse doucement les cheveux. Elle ne la considère pas comme un monstre. D'une certaine façon, Aethel ne considère rien ni personne comme un monstre, même pas ces derniers, alors même qu'ils ont envahi une bonne partie du monde à sa maigre connaissance. Alors d'entendre une jeune fille lui dire ça lui serre le cœur, sans qu'elle parvienne à analyser plus en profondeur ses sentiments. Pourtant, elle ne peut pas affirmer non plus que la brune est totalement humaine - ce serait mentir, et se mentir à elle-même, que de la réduire à ce simple état de fait.
« Je sais que ça va paraître stupide, mais… » Elle prend une profonde inspiration, pour se donner du courage. « Dernièrement, je me demande si certains d'entre eux ne pourraient pas avoir développé des constellations également. »
Voilà, c'est dit, posé, elle ne peut plus reprendre les mots prononcés à présent. Cette idée étrange lui trotte dans la tête depuis un petit moment déjà, mais elle n'est pas une scientifique, et encore moins une spécialiste de la vie hors remparts, aussi se tourne-t-elle vers son interlocutrice pour la regarder le plus sérieusement du monde, croisant un bras sous sa poitrine qui s'abaisse et se soulève à un rythme un peu moins régulier que précédemment.
« Je théorise là-dessus depuis un moment, mais n'ose en parler à personne. »
De peur d'être prise pour une folle. L'idée, elle en a conscience, est étrange mais… S'ils pouvaient posséder des pouvoirs comme eux ? Communiquer avec eux ? Ce fait ne changerait-il pas la donne entre Humains et Créatures ?
« Mais toi, c'est différent. Tu les as côtoyés de plus près, tu connais leurs mœurs, alors je me dis que, peut-être… »
Que peut-être quoi ? Qu'elle en sait plus sur la possibilité que les étoiles n'aient pas choisi que des humains comme réceptacles ? Finalement, elle pousse un soupir à fendre l'âme et déplace sa main sur sa joue crasseuse. Non, décidément, ça ne tient pas la route. Les monstres ne sont rien de plus que des monstres, et il n'y a pas de chemin possible vers la paix avec ces derniers. Ils chercheront forcément à détruire le dernier rempart qu'est Aurora.
« Dis-moi, Sham, si tu te considères réellement comme un monstre… Pourquoi rester enfermée dans le carcan de notre société humaine ? »
Voilà qui est un sujet de conversation plus raisonnable, moins insensé. De toute évidence, la chasseresse n'est pas à sa place à l'intérieur des remparts. Sa vie est faite pour le grand air, la chasse, fréquenter les animaux plutôt que les humains. Qu'est-ce qui peut bien la retenir auprès d'eux, sa raison à elle, et à elle seule ?
Aethel Leiner
Libra
Aethel Leiner
Messages : 127 Poste : Assistante-garde du corps du Gouverneur Pouvoir : Nécromancie.
Aethel Leiner
Mar 4 Avr - 15:05
Praise a good day, a good hunt
feat Aethel Leiner
16/02/2173 : Monde extérieur - Champs - Champ de blé
« Je sais que ça va paraître stupide, mais… Dernièrement, je me demande si certains d'entre eux ne pourraient pas avoir développé des constellations également. »
Ah ? Je me demande bien ce qui peut lui faire penser cela. En tout cas, si j'essaye d'y réfléchir, je ne me souviens de rien sur les pelages ou les corps aperçus qui me fasse penser à une constellation. Je n'avais même découvert la mienne que lors de ma capture. Et si l'interrogation me paraitrait presque sans réelle importance pour moi, je sens bien que ce n'est pas le cas de rousse. A sa façon de me fixer et de se tenir, tout le crie en elle. Elle prend cela très au sérieux. Aussi, je lui accorde toute mon attention, jusqu'au bout.
« Je théorise là-dessus depuis un moment, mais n'ose en parler à personne. Mais toi, c'est différent. Tu les as côtoyés de plus près, tu connais leurs mœurs, alors je me dis que, peut-être… »
"- Pas me ssssouvenirr d'avoirr vu çççça... "
Ce qui ne veut pas dire que ce n'est pas possible pour autant. Mais si je sais que l'on m'a parlé de pouvoirs liés à ces dessins imprimés sur la peau de chacun, je n'ai jamais rien vu de tel et au fond, je ne pas pressé de le découvrir non plus. Il y a déjà tant de choses 'simples' que je ne comprends pas. Enfin, je garde en tête cette idée qu'elle vient de me partager. Après tout, comme je n'ai jamais cherché ce détail, qui sait si je ne suis pas simplement passée à côté.
« Dis-moi, Sham, si tu te considères réellement comme un monstre… Pourquoi rester enfermée dans le carcan de notre société humaine ? »
Mon regard qui s'était un perdu dans le vague vient croiser le sien avec un éclat franc et un brin douloureux aussi. Pourquoi ? En voilà une bonne question. A laquelle je ne suis même pas certaine de savoir répondre. Mon corps sans se détendre vient s'asseoir au sol avant que je ne lève le regard vers le ciel rempli d'étoiles. Bêtement, je cherche cette flèche. Comme si elle pouvait m'aider à mettre davantage d'ordre dans mes idées.
"- Monsssstrre dans l'âme. Vécu parrmi eux, comme eux, toujourrs. Coeurr rresssté dehorrs. Mais corrps d'humain. Vérrité des étoiles. Pas pouvoirr changer çççça. Ssssi moi parrtirr, Hommes rrevenirr me cherrcher... "
Pour me ramener chez eux. Chez 'moi'. Ce serait mettre en danger tout ceux que j'ai toujours côtoyés. Et il en est hors de question. J'avais bien réalisé que je n'étais pas comme Hum' ni aucun autre monstre de la Ville Abandonnée mais tant que j'étais juste une différence, cela ne comptait pas. Aujourd'hui, je suis assimilée aux Humains, aux envahisseurs et je ne pourrais jamais rien faire pour effacer cet état de fait.
"- Tout différrent mais pourrtant, beaucoup parreil. Moi pas beaucoup comprrendrre mais... vouloirr, vrraiment. Monstrre aurrait fui, moi pas. Et Homme vouloirr que je rresssste alorrs que Monsssstrre, rrien attendrre. "
J'ai bien entendu une ou deux fois un appel d'Hum' ou d'un des siens, auquel j'ai répondu. Qu'ils sachent que je suis en vie leur suffit alors que visiblement, les Humains espèrent plus de ma part. Et il y a tant qu'ils font que je ne parviens pas encore à saisir. Alors, pour le moment, je crois que ma curiosité maladive l'emporte sur mon besoin de retour à la vie sauvage. Et avec tout ce que j'ai encore à découvrir, je ne verrais jamais plus la Ville Abandonnée ou les Monstres de la même façon alors qui sait si je pourrais réellement y retrouver ma place ? Tellement d'interrogations pour si peu de réponses...
"- Alorrs, moi aussssi, cherrcher ... "
Sham Yun
Civilia
Sham Yun
Messages : 69
Sham Yun
Mar 4 Avr - 18:11
Praise a good day, a good hunt
Sham Yun
La réflexion inscrite sur son visage, Sham réfléchit très sérieusement à la question de la rousse. Malheureusement, sa réponse est celle que la jeune femme envisage depuis qu'elle a ouvert la bouche pour émettre son idée folle. Des monstres dotés de constellations ? Quelle idée. Pourtant, l'idée ne quitte pas son esprit, s'empare de ce dernier, se fait une place bien confortable qu'elle n'oubliera pas de si tôt. Si les humains peuvent développer des pouvoirs, pourquoi par les monstres ? Ce n'est, après tout, qu'une question d'évolution.
« Ne t'inquiètes pas… » marmonne-t-elle d'un air déçu. « Il paraîtrait que dans le milieu humain, je sois aussi étrange que toi. »
Mais n'est-ce pas précisément pour cette raison particulière qu'elle a été choisie comme assistante du Gouverneur ? Sans même parler de ses aptitudes au combat et ses talents d'organisatrice malgré le bordel que peut être son bureau. Peut-être est-ce aussi pour cette raison qu'elle se sent irrémédiablement attirée par la chasseresse, y trouvant un reflet de sa propre sauvagerie, une méthode pour la laisser sortir au grand jour sans passer pour une dérangée.
Pendant qu'Aethel se laisse entrainer par ses propres pensées, Sham s'assied au sol pour regarder les étoiles. Après un instant de réflexion, l'assistante du Gouverneur fait de même et lui accorte un petit sourire désolé. Elle a saisi cet éclat douloureux au vol, et ne peut s'empêcher, par empathie, de le faire sien. Que ressentirait-elle à la place de la brune si elle se retrouvait dans un lieu qui n'a rien à voir avec celui dans lequel elle a grandit ? Perdue. Perturbée. En colère, aussi. Pourtant, ce dernier point, elle ne semble pas le ressentir. À sa façon de s'exprimer, la rouquine ne perçoit que le regret, l'amertume de savoir qu'elle ne pourra jamais retourner d'où elle vient.
« Comment fais-tu pour ne pas nous détester ? »
La question sort, naturelle, calme. Quand bien même recevrait-elle la haine pour seule réponse que la Balance ne s'en frustrerait pas. Au contraire, c'est cette acceptance qu'elle ne comprend pas, alors même que la sauvageonne pourrait parfaitement partir et se cacher sans que personne ne soit capable de la retrouver - ils n'ont tout simplement pas ses capacités, et dans la nature, elle battrait tous les Diligentias à leur petit jeu d'exploration. C'est même déjà étonnant qu'ils soient parvenus à la trouver à l'origine, lui faisant accepter son appartenance à la race humaine. Mais comme elle le dit, les Hommes ont des envies, des besoins, que les monstres n'ont pas nécessairement. Ceci explique peut-être cela.
Levant le nez vers les étoiles, la rouquine cherche sa constellation et tend la paume de la main vers cette dernière, comme pour l'attraper du bout de la pulpe de ses doigts. Si elle n'avait pas de responsabilités, elle-même sortirait des remparts réconfortants d'Aurora pour chercher les réponses à ses questions - mais c'est à d'autres qu'elle fournira le travail, sachant très bien qu'il faudra un temps incroyable pour trouver ne serait-ce qu'une piste validant ou invalidant sa thèse. Peut-être tous les monstres n'ont-ils pas de marque, contrairement aux humains ? Ce serait logique, si tant est que la logique ait sa place dans ce monde fou qu'est devenu le leur.
« Si tu m'aides à m'améliorer, je t'aiderai à mieux comprendre l'Homme. À trouver ce que tu cherches. Qu'est-ce que tu en penses ? » finit-elle par sortir du bout des lèvres, chuchotant dans l'air froid de l'hiver prêt à laisser place au printemps.
Aethel Leiner
Libra
Aethel Leiner
Messages : 127 Poste : Assistante-garde du corps du Gouverneur Pouvoir : Nécromancie.
Aethel Leiner
Mer 5 Avr - 16:52
Praise a good day, a good hunt
feat Aethel Leiner
16/02/2173 : Monde extérieur - Champs - Champ de blé
« Ne t'inquiètes pas… Il paraîtrait que dans le milieu humain, je sois aussi étrange que toi. »
Réflexion que je trouve un peu amusante. Moi étrange ? Pourtant, ce sont eux qui vivent autrement, qui font tout de façon totalement insensé et surprenante à mes yeux. Après, cela ne me gêne nullement d'être considérée comme telle. Il est vrai que je suis clairement différente alors, ce doit être assez logique. Et comme Aethel est la seule humaine à avoir essayer de voir le monde à ma façon, je ne doute pas qu'elle puisse sembler aussi différente pour les siens, et donc étrange. Moi, cela me parait seulement naturel.
« Comment fais-tu pour ne pas nous détester ? »
"- Détesster êtrre comme à avoirr peurr. Et moi, pas peurr ! Hommes êtrre monssstres ausssi, quelque parrt..."
Parce que l'on a en horreur ce que l'on ne comprend pas, ce que l'on veut pas entendre et ce qui nous semble trop différent. On ne craint que ce que l'on arrive pas à surmonter. Et s'il y a bien un enseignement que je ne remettrais jamais en cause, c'est bien celui-ci. Il n'y a rien qui puisse me faire peur. Mon pire ennemi et ma plus grande frayeur ne pourra venir que d'une seule chose : moi-même. Peu importe la quantité de choses qui me semblent incompréhensibles chez eux, tant que je chercherais à comprendre, tant que je resterais dans le mouvement, je n'aurais jamais peur. Parce que je saurais que moi, j'avance.
« Si tu m'aides à m'améliorer, je t'aiderai à mieux comprendre l'Homme. À trouver ce que tu cherches. Qu'est-ce que tu en penses ? »
Instant de surprise avant que je ne vienne fixer la rousse à mes côtés. Sait-elle ce que moi je cherche? Sans même savoir ce après quoi elle court de son côté ? L'idée me parait complexe sans me bloquer pour autant. Elle a les connaissances qu'il me manque alors oui, elle pourrait certainement m'aider. Quand je suis actuellement la seule à pouvoir la guider vers cette part plus instinctive d'elle-même. Pourtant, cela m'inquiète un peu. Car jamais je n'ai dépendu de qui que ce soit et ce qui est nouveau est toujours un peu déroutant. Mais je viens de le lui dire, il en faudra plus pour me faire peur.
"- T'aider à découvrrirr chassse, même sssi moi pas trrouver."
Comprendre l'Homme sera une chose, trouver les réponses que je cherche en sera une autre. Aussi, j'accepte son aide qu'importe le résultat final. Parce que tant que je serais en mouvement, je serais toujours moi et en vie. Elle n'est pas une condition à ma réussite, elle est une aide sur laquelle je vais... devoir essayer d'apprendre à compter. Une grande première pour moi.
"- Merrssssi "
Je rois que c'est cela qu'il faut dire dans ce genre de cas. Mais comme les mots ont bien moins de valeur à mes yeux que les actes, je viendrais tendre la main face à elle, en un geste ressemblant vaguement à leur poignée de main. Une façon de faire comme eux mais à ma propre façon.
Sham Yun
Civilia
Sham Yun
Messages : 69
Sham Yun
Mer 5 Avr - 17:30
Praise a good day, a good hunt
Sham Yun
Ainsi donc, elle associait la haine à la peur. L'idée n'est pas dénuée de logique pour Aethel qui tourne la tête vers elle pour observer ses mimiques bien maîtrisées : Sham n'est du genre à avoir peur que d'elle-même. Une chance que lui envie brièvement la Balance. Ses peurs à elle sont nombreuses, à commencer par la perte d'Asteria et la forme même d'une cravache dressée au-dessus de sa silhouette délicate. Mais d'une certaine façon, ce qu'elle craint le plus, c'est elle-même également. Ses propres fourvoiements, ses erreurs de jugement ou, pire, sa potentielle inutilité. Suivant de près la pensée de la brune, la jeune femme ne peut que hocher la tête lorsque celle-ci compare les Hommes à des monstres. Son analyse n'est pas foncièrement faux, et ce n'est pas avec sa nouvelle théorie que la rousse va la détromper. Car après tout, de qui a-t-elle dû le plus protéger Asteria depuis son arrivée au poste d'assistante du Gouverneur ? Des Hommes, rien que des Hommes, qui avaient si peur qu'ils prenaient actions sans se soucier des conséquences.
Non, la Balance, elle, ne se laissera pas guider par la peur, quand bien même la sait-elle présente. Ce ne serait rien de plus que de s'oblitérer elle-même et de perdre en efficacité, et il est hors de question qu'elle s'abandonne à un sentiment aussi… primal. Mieux vaut connaître ses faiblesses mais les garder en laisse.
Bien sûr, sa prochaine proposition ne se base sur rien de concret - elle ne sait pas encore ce que la chasseresse cherche, mais elle compte bien le découvrir avec elle. Ainsi, à deux, elles seront plus fortes et, avec l'aide de la sauvageonne, plus discrètes que jamais. Au fond, peut-être n'est-ce que quelque chose de très simple : une place de le monde. Ou plus compliqué peut-être, comme son retour dans la ville abandonnée. Quoique ce soit, Aethel se fait la promesse de trouver le bonheur de Sham et de le lui offrir, non pas sur un plateau, mais à force de sueur, de sang et de larmes. Comme une vraie chasseuse se doit d'obtenir son dû.
« C'est à moi de te remercier, Sham. »
Pour l'heure, la susnommée a fait plus pour elle que le contraire. Néanmoins, elle lui prend la main et la serre avec fermeté, y dessinant un arabesque du pouce pour conclure leur accord tacite. Elle se doute que ce dernier est une première pour Sham, aussi lui adresse-t-elle un sourire qu'elle veut rassurant.
« Tout ce dont tu auras besoin, tu peux compter sur moi pour te l'obtenir, dans la mesure de mes moyens. » Qui sont tout sauf limités. « Même si ce n'est qu'une question de sortir dans la nature plus loin que les limites imposées. »
Ce qui pourrait, au passage, faire un bon entraînement, même si la rouquine n'est pas sûre d'être déjà prête à une sortie face à un monstre. Bien sûr, s'il n'était question que de combat, elle compterait sur son épée et sur sa dague pour le gagner sans problème, mais la chasse n'est pas un combat, ou est plutôt un combat contre la nature elle-même. Un combat qu'on ne peut gagner qu'en surprenant son adversaire - même pas besoin de nécessairement le tuer, si celui-ci est trop effrayé et prend la fuite. Après tout, elle soupçonne que Sham ne la verrait pas d'un bon œil si elle se mettait à trucider les créatures auxquelles elle s'associe si naturellement.
Aethel Leiner
Libra
Aethel Leiner
Messages : 127 Poste : Assistante-garde du corps du Gouverneur Pouvoir : Nécromancie.