I believe in whales

Cale est un sale gosse. Le cauchemar des gens qui n’aspirent que silence, solitude et calme. Cale, c’est tout le contraire. Bruyant, collant, tactile, avec un rire qui ferait regretter à un sourd d’avoir retrouvé l'ouïe. Il vient squatter chez toi parce qu’il s’ennuie et met des miettes de chips partout. Il vient se coller à toi quand il a froid avec ses puppy eyes en mode “me rejette pas stp”. Puis, après il disparaît en prétextant une méga diarrhée et qu’il veut pas repeindre tes toilettes. Trop gentil.

Cale, c’est le gugus quasi toujours partant pour partir à l'aventure (parfois même il part tout seul). Sociable à en chialer, il vient te taper la discut’ et te parler des baleines s’il te voit assis tout seul sur un banc. Capable de t’embarquer manger un morceau mais c’est toi qui payeras, de t’embarquer boire un verre mais il s’enfilera tellement de shoot qu’à la fin il t’appelleras Mademoiselle, même si ton p’ti nom à toi c’est Robert. Puis, il disparaîtra, prétextant un pigeon voyageur urgent à sa mamie.

Ses blagues sont lourdes, comme lui. Sa citation préférée, qu’il est genre capable de sortir à un entretien d'embauche, c'est “qui pisse face au vent se lave les dents, qui chie face à la tempête s’en prend plein la tête”. Non, il a pas eu le job. Après, il est quand même livreur de courses (oui, il à fermé son adorable gueule les ¾ de l’entretien). Ça lui arrive de fouiller dans les commandes de ses clients, de croquer dans la moitié d’une pomme histoire de “vérifier si elle est pas moisie. Mais bon, avec son smile et ses yeux bleus purs et innocents, on lui pardonne tout. Voir même on l'invite à rester pour partager les restes et ++ si affinité ok oui oui t’as capté.

Cale c’est le mec trop frais d’apparence que tu aurais pu retrouver à la page 69 de ton magazine de motos, en train de vanter les mérites de la nouvelle brosse à dents révolutionnaire, blanchiment garanti et écolo +++ tu vas pêcho même ta maman avec sauf si elle est déjà morte. Une tête de foire, toujours partant pour découvrir le monde et rigoler naïvement au nez du danger. Cale, c’est le mec qui te séduit sans faire exprès, sans rien capter. Tu le regardes en rougissant il va penser que t’as de la fièvre et s’empresser de te bichonner. Cale ne sait pas draguer. De toute façon, Cale est bien loin de connaître les joies et les peines des sentiments amoureux.

C’est le type au rire fort, à l’esprit léger. Aux idées tordues. Il a la capacité de se mettre dans le pétrin même dans les situations les plus improbables. C’est le mec pauvre, qui trime au boulot mais qui adore son job. Le type vêtu de guenilles, de baskets trouées, les cheveux toujours négligés et à la peau des ongles souvent arrachées. Il lui arrive de se bander les mains, et s’il n’y a plus de tissus, il remplace par du PQ. Cale n’aime pas trop rester chez lui, d’ailleurs personne ne met jamais les pieds chez lui. Même le facteur, il est prié d’attendre dehors le temps qu’il enfile un slip.

Voilà, ça, c’est Cale au grand jour.

En réalité, il rayonne beaucoup moins.

Sa tête est un foutoir sans nom. Et sa vie à le même reflet selon lui. Il est bourré de contradictions. De volonté qui, au final, s’échoue lamentablement à ses pieds. Cale se drogue pour oublier la douleur, pour s’endormir. Même lorsqu’il ne ressent rien, il préfère s’anesthésier pathétiquement en prévoyance. Pas après pas, il s’avance doucement sur la pente glissante de l’addiction. Cale ne s’aime pas beaucoup.

C’est le paradoxe avec Cale. Il accueille tout le monde dans ses bras, mais ne veut pas trop qu’on s’attarde sur lui. Dans sa tête, c’est moins tu fais le mec mystérieux et silencieux, plus on te laisse tranquille. La pseudo lumière qui émane de lui, c’est pour éloigner, détourner. Qu’on s’arrête sur ça : un gars relou et bruyant qu’on apprécie fuir ou qu’on apprécie ponctuellement la compagnie. Il s’est plus souvent occupé des autres que de lui-même, mais il est comme ça. Il aimerait renverser la tendance, il essaye maladroitement. Après tout, y' a mieux à faire que de voler des pilules ou d’emmerder le monde pour feinter. Mais voilà, Cale ne sait pas faire autrement.

Il a le smile aux lèvres et les cheveux au vent. Il ne porte pas de casque. Jamais. Il s’en fout. Parfois, il se dit que si un jour il devait avoir un accident et se taper une commotion qui l'entraînerait tout droit vers les bras de Dame Faucheuse, le monde ne s’en porterait pas plus mal.
Après tout, il l’aurait bien cherché.

Mais tu vois, ça, jamais il ne le dira.
Jamais il n’ira répéter les mots susurrés à son oreille par la voix de sa propre névrose.

A la place, il se contentera de sourire.
Et d’oublier. Il a cette capacité là, Cale, à négliger sa propre condition pour s’intéresser à celle des autres. De cette manière, jamais, où presque, il ne reste focaliser sur ses propres maux.
Cale ne sait pas comment s’aider. Aider les autres, c’est bien plus simple. Bien plus reposant. Et gratifiant. Le syndrôme du super héros dans les synapses, sans jamais réellement s’en rendre compte.
Il est là pour les autres.
Il sourit pour les autres.
Rayonne pour les autres.
Jamais pour lui-même.

Mais ça, il n’en a pas conscience. Peut-être est-il perdu dans le déni. Peut-être prône -t-il le Carpe Diem au point de se mentir à lui-même.

Pourtant, tout n’a pas toujours été si noir dans son esprit.

Cale est l'aîné d’une bien belle fratrie. Un enfant turbulent, débordant d’énergie et d’une créativité sans pareil. C’est l’enfant parti explorer la machine à laver, doudou entre les dents pour finalement décidé que l’endroit était parfait pour y taper ses meilleures siestes. Amoureux de tout, de tous. S’intéressant à absolument tout. Bercé depuis l’enfance par les baleines, ces cétacés font intégralement partie de sa vie et son plus grand rêve reste d’un jour avoir l’occasion d’en voir une. Oui, on lui souhaite beaucoup de patience et de ne surtout jamais perdre espoir, mdr.

Cale a toujours été un élève brillant. Mais pas pour ses notes. En revanche, il était la tête de gondole de chacune de ses classes. Tantôt là pour panser les blessures de Candice, fraîchement tombée au sol, tantôt là pour dégommer Francisco, cette tête de guignol qui s’en prenait à tout le monde. Ce goût pour la bagarre lui restera. Au point qu’aujourd’hui il est capable d’aller se mêler à une baston de rue, juste pour défendre un gus qu’il ne connaît même pas.

La famille s’est agrandie six ans plus tard, accueillant en leur foyer la douce Moony. Moony pour qui Cale se mettra en quatre. Elle est devenue le rayon de soleil de sa vie. Sa future épouse car il est bien évidemment hors de question qu’un autre glandu ne pose les mains sur elle. Leur relation fut fusionnelle, complice. Elle était aussi perchée que son frère et les deux ensemble auront causé bien des ennuis à leur parents.

Parents qui, pour leur PLUS GRANDS PLAISIR, accueillirent, trois ans plus tard, deux jumeaux. Incroyablement formidable !Toujours plus de problèmes et toujours moins d’argent. Mais bon. Quand on aime, on ne compte pas.

L’adolescence de Cale fut tranquille. A ceci près qu’il faisait partie de la classe minoritaire. Les Carrington ne roulant clairement pas sur l’or, ils ont toutefois eu la présence d’esprit de ne pas faire d’autres enfants, ce qui aurait, de toute évidence, ruiné leur pauvreté déjà bien bâtie.

Et c’est là que marque le point de départ d’une chute. Longue. Longue.

Le genre de chute provoquée par la rencontre de tiers personnes. Celles qui vous chantent monts et merveilles. Tentent de vous faire entrer dans leur cercle. Allez quoi, tu donnes juste cette dose à un client et puis c’est boon, t’es payé grassement. En plus, t’avais pas dit que c’était bientôt l’anniversaire de ta frangine ? Tu crois pas qu’elle va être DÉÇUE si tu ne lui offres pas de cadeau ? Tu sais, sinon NOUS on peut s’en occuper de lui faire des CADEAUX hein ? HAHAHAHA.
?
C’est bien, brave petit. Mais dépêche toi, les clients n’aiment pas attendre, et on ne te paye pas pour chouiner et rien glander.

A sa majorité, Cale s’est aventuré sur la pente glissante d’un avenir déjà saccagé.

Passeur à ses heures, négligent ses cours. Cachant ses actions, souriant pour aveugler.
Cale a connu la solitude dans sa plus pure définition. Mais sans jamais s’en plaindre. L’argent ou gains qu’il ramenait, il le justifiait par un boulot lambda ; serveur, cireur de chaussure ou encore il aidait les petits vieux à traverser la rue et ceux-ci lui payaient en échange. Nourriture, objet, billets…

Et forcément vient le jour où le livreur cède. Où la came n’est pas livrée.
Où le désespoir laisse place à la béatitude.
A l’euphorie.
Au bonheur.
A la perte des sens et des inquiétudes.

Avant de finalement devoir faire face à la réalité.
Être rongé par la honte.
Seul.
Décider de partir de la maison pour trouver un job concret. Alléger les charges de la famille. Affirmer qu’il reviendra les voir, que tout va bien, qu’il a juste besoin de déployer ses ailes.
Il les aime. Fort.

Mais il ne peut rester là à leur sourire alors que la seule chose à laquelle il pense, c’est sa prochaine dose.

Aujourd’hui vivant dans la crasse d’un appartement miteux. Survivant grâce à un job de livreur - un vrai - sur un vélo volé. Essayant de se détacher d’une amie addictive mais pour qui les bras sont toujours si tendres et accueillants.




2148  ▬ Les Carrington ont la joie de donner naissance à leur premier enfant en ce 1er avril.
2154 ▬ Naissance de Moony, sa soeur, son rayon de soleil, son amoureuse ok
2157 ▬ Naissance des jumeaux roux Carrington
2166 ▬ Cale tombe sur un réseau de trafiquants. La thune/troc est facile à se faire alors wsh pourquoi pas
2168 ▬ Il est devenu livreur pour ce réseau, en proie au chantage si jamais il n’obéit pas
2169 ▬ Il quitte la maison pour la sécurité de sa famille et aussi parce qu’il a honte
De nos jours ▬ Il trempe toujours dans le réseau mais moins qu’avant. Il en est devenu client. En parallèle, il bosse comme livreur à bicyclette