aux armes et cætera

Magdalena se tient toujours en marge.
Jamais au centre, jamais tout devant.
Les barricades placées par les autres, son cœur les a fortifiées et barbelées. Magdalena craint ses semblables autant que les monstres ; à tel point qu’elle se demande, souvent, pourquoi elle aide cette humanité. Magdalena ne laisse rentrer que peu de personnes en son cœur, de peur d’être encore tournée en ridicule, malgré ô combien, pourtant, elle aimerait être aimée. Son estime est tantôt désert, tantôt déluge, et il n’y a jamais d’entre deux. C’est l’amplitude de sa sourde colère prenant source dans son incommensurable chagrin.

Magdalena a l’air endurcie et forte, mais ce n’est pas par choix.
C’est par nécessité, c'est par désespoir.
Et elle s'effraie que l'on repère ses failles. Et qu'on en rit et qu'on s'en moque. De ses frousses, de ses angoisses.
C’est suffisamment dur d’avoir von Sina pour nom.
Ça va de paire avec ostracisation, selon.


(-) bornée et déteste avouer ses tords / nerveuse / complexe d’infériorité / trouillarde (+) parcimonieuse / instinctive  / débrouillarde / vigilante / endurante

Les von Sina élèvent les meilleurs destriers, mais on ne cesse de leur dire sans raison de descendre de leurs grands chevaux. « Nos parents ont dit qu’il ne fallait pas jouer avec toi. » D'un bisbille naquit la bile indélébile et la propagation du conflit au-delà des partis concernés. Des rustres doublés d'escrocs. Du jour au lendemain, les von Sina n'étaient plus fréquentables.
Et il n'y aurait eu qu'irréversible ruine, s'il n'y eut les chevaux.

Enfant, Magdalena pleurait souvent — tendance qui perdura jusque dans l'adolescence. À ses côtés, personne ne restait jamais longtemps, par pression d'à leur tour être écarté, ou uniquement dans le plus grand des secrets. Ses parents lui répétaient qu'il fallait qu'elle soit forte, qu'elle montre que tout cela ne l'atteignait pas. Et, à force, c'est ce que Magdalena prétendit.

Si le cessez-le-feu finit par arriver, les dégâts, eux, étaient irrémédiables.

Les von Sina sont habiles de la gâchette, mais Magdalena est lente à la détente. Scolairement, elle ne brilla guère ; cependant comment s'illustrer lorsque tout ce que vous dites, exact ou faux, déclenche les rires et les regards amusés. Magdalena finit par presque ne plus mettre pied dans une salle de classe. Et lors de ses rares présences, sa participation était inexistante.
Magdalena était devenue réticente à donner ses chances à quoi que ce soit ou qui que ce soit sans minutieux examen et instaurait distance afin de ne ressentir quelconque déception qu'elle ne connaissait que trop bien.

La suite n'a rien de passionnant.
Elle voulait être à l'abri, dans les remparts, mais son unique talent est savoir manier un fusil et il est ardu d'intégrer militia lorsque moult vous perçoivent, encore, d'un mauvais œil. Explorer les sentiers périlleux l'effraie, mais jamais elle ne le laisse transparaître. Magdalena n'aime pas son poste. Il est, pourtant, de prédilection quant à sa constellation.
Sûrement, un jour, elle mourra dans ses périlleux sentiers.
Et cette idée la fait bouillonner.


2144 naissance dans une famille en conflit avec la moitié de la cité
2151 commence à perdre la vue de son œil droit
2162 rejoint diligentia en tant que novice
2164 devient exploratrice
2167 se met en couple pour le meilleur et surtout le pire
2173 encore en vie, c'est plutôt pas mal