Promenons nous dans la rue || Sham

Promenons nous dans la rue

feat Khalys Campbell

26/01/2173 : Aurora - Centre Ville

- Tu n'es pas un monstre, Sham. Et si quelqu'un te le dit, j'irai lui remettre les idées en place.

Je veux bien le croire. Pourtant, il m'arrive même d'en douter. A moins que je ne l'ai souhaité ? Je ne sais pas trop. Tout est si nouveau et différent, surement que cela fait trop de choses en même temps pour mon esprit plus habitués à réagir et survivre qu'à penser et à questionner.

Comme je n'attendais pas réellement de réponse de sa part, je ne suis pas franchement déçue qu'il n'en ait pas. J'ai bien saisi que de leur côté aussi, ils ne comprenaient pas comment je m'étais retrouvée là. Un enfant sauvage est forcément né d'humains mais de l'un d'ici ou d'ailleurs ? Peut-être aurais je du interroger Hum' à ce sujet. Et c'est là que je réalise que même lui, je l'avais toujours nommé sans même avoir de nom à moi.

- Nous avons un nom pour nous différencier des uns et des autres. Pour nous appeler les uns et les autres. Ce sont nos parents qui nous le donne. Toi... Je ne sais pas ce que sont devenus tes parents. Et au vu de ta situation, comme la parole n'était pas une nécessité première, tu n'avais pas besoin d'être nommée ou de te nommer.

C'est exactement cela. J'étais assez différente pour que mes sons et mes actes suffisent à me faire reconnaitre. La parole comme ils l'entendent, ce sont eux qui me l'ont faite découvrir. Avant, je communiquais juste et je pensais cela suffisant. Mais tout au fond de moi, n'ais-je pas toujours espéré être reconnue autrement ?

- Et puis, c'est faux. Maintenant tu as un nom, Sham. Tu l'as reçu par ceux qui veulent ton bien. C'est encore plus précieux que de le recevoir d'une famille.

"- Famille préccccieuse ausssi. "

Sinon, je ne penserais pas si souvent à eux. C'est ma seule certitude. Ils me demeurent très importants, au point que même d'ici, je guette leurs cris et leurs appels. J'ai cru en percevoir des brides par nuit claire et dégagée sans parvenir à leur répondre. J'espère y arriver prochainement. En attendant, je me balance un peu, venant changer de brache tout en restant à la hauteur de Khalys.

"- Toi avoirrr famille ?
Comment ça être ? "

Histoire que je sache si ceux que je considérais comme ma famille en étaient bien unes. Au fond, si je n'ai pas eu de mots pour eux, les ressentis sont les mêmes. Alors, en fonction de son discours, je serais fixée.

Promenons nous dans la rue

feat Khalys Campbell

26/01/2173 : Aurora - Centre Ville

- Oui, j’ai une famille. J’ai un grand-frère. Il me protège et je le protège aussi. Parfois on se dispute. Parfois on se réconforte.

Se disputer, se réconforter. Les mots me parlent sans que je n'arrive vraiment à ma les figurer. Je comprends l'idée, je sais ce qu'ils veulent dire mais était ce la même chose avec Hum' ? Et puis, un grand frère, je ne sais pas vraiment à quoi cela correspond. La seule chose qui me semble évidente dans son discours, c'est que c'est important pour lui. Nous aussi, nous nous protégions mutuellement.

Mon regard le fixe alors qu'il vient prendre de l'élan avant de venir également s'installer sur une branche basse. Il semble à l'aise ainsi, bien que ce ne soit pas aussi naturel que pour moi. Mais je crois que son geste me touche, me sentant un peu moins différente ainsi. Au fond, il est vrai que je leur ressemble. Au moins physiquement.  

- Enfants, on jouait beaucoup ensemble. Maintenant, nous sommes occupés par notre travail respectif, mais on se voit toujours au moins une fois par semaine. Je peux compter sur lui et c’est réciproque. Mais on a tous une histoire familiale différente.

Ca je n'en doute pas. Mais je ne pourrais pas vraiment creuser ce sujet, ayant du mal à le maitriser. Surtout que je ne veux pas parler d'Hum' et des autres. Il faut que je les protège alors, il ne faut pas qu'ils sachent. Ils m'ont déjà demandé comment j'avais fait pour survivre, si j'avais toujours été seule et tout un tas de questions autour de ce thème. Auquel j'ai répondu plus ou moins, sans entrer dans les détails.

"- Jouer, quoi êtrrre ?
Prrrroie qui rrroule, comme enfants avant ? "

Oui, j'en reviens à ce mot qui ne m'est pas vraiment inconnu sans que je ne saisisse son sens profond. Il l'a utilisé tout à l'heure aussi, quand j'ai attrapé la proie des minis humains. Ils étaient plusieurs, c'est vrai. Mais quel était le but de la manœuvre ? Pourquoi lancer la grosse boule s'ils ne veulent pas la perdre ? Et pourquoi se mettre à pleurer dès qu'elle était arrêtée ?

"- Etrrrre imporrrtant... d'êtrrre ensemble, à plusieurrrs ?  "

Moi, j'ai toujours été seule alors forcément, cela change la donne. Mais je le sais, que les troupeaux ont plus de chance de survivre. Que les groupes ont des avantages non négligeables sur les vrais solitaires. En tout cas, dans la Ville Abandonnée. Ici, est-ce pareil ?