Ils lui ont filé une chambre avec vue sur la ville. Génial. Comme ça elle pouvait commencé à la détester avant même d'y mettre les pieds. Enfin, ça aurait encore été si on l'avait pas bougé d'étage. Elle était très bien avec les mecs catatoniques qui s'étaient à moitié fait bouffés la gueule par les monstres. Pourquoi la bouger dans les chambres des patients en rééducation ? Ils étaient bruyants et ils avaient cette détestable habitude de lui sourire comme si elle faisait partie de leur clan. "T'inquiète, on va s'en sortir, tous ensemble" qu'ils disaient, avec cette bienveillance mielleuse qui suintait par tous les pores. Elle avait envie de vomir.
Alors, elle regardait par la fenêtre et levait les yeux. Le ciel nocturne était moche, ses étoiles délavées par les lumières de la ville mais, au moins, il ne faisait pas semblant d'aller bien.
Elle se demandait parfois, souvent en fait, si elle n'aurait pas mieux fait de se laisser crever dehors. Elle était pas assez conne pour pas comprendre que si une patrouille de la Diligentia l'avait trouvé, c'était parce qu'elle était revenue vers la ville. Inconsciemment ? Par hasard ? Inanna voulait bien y croire, si ça pouvait l'empêcher de penser qu'à un moment, elle avait voulu être trouvé.. Qu'elle voulait être sauvée.
Elf redresse sa jolie petite gueule de beagle, regarde sa maîtresse et vient remuer les draps sous sa main. Il cherche la caresse et l'attention de l'adolescente. Ina' le regarde avec la douceur qui manque à sa propre introspection. C'était lui, son sauveur.
Elle lui gratte les oreilles pendant quelques minutes et se lève. Elle avait la dalle. Sortir de sa chambre c'était prendre le risque de tomber sur un de ces cons qui lui souriaient ou sur un membre du personnel qui allait lui demander comment elle allait. Difficile de savoir lequel des deux elle détestait le plus. Elle évitait donc autant que possible de sortir de sa cellule, purgeant sa peine comme une condamnée à mort, ça lui allait très bien. Sauf que là, c'était la nuit. Normalement, les cons dorment. C'est un peu leur super pouvoir.
Inanna sortait donc, accompagnée de sa meilleure amie, c'est-à-dire la potence à intraveineuse qui la suivait comme son ombre pour lui filer un peu de vitamines, de la morphine et des anti-dépresseurs. Une vraie pote. Elle vérifiait deux fois à gauche, trois fois à droite, on est jamais trop prudent les enfants. Puis s'engageait dans le couloir en rasant les murs jusqu'à tomber sur ce qui semblait à une salle d'attente. Pas de bol. Y avait de bouffe. L'adolescente faisait demi-tour. Y avait un glandu qui la regardait. Pas de bol x2.
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Mer 8 Mar - 0:23
Les étoiles sont mortes, si t'en as plein les yeux, c'est dégueu
Fb. Inanna & Murphy
La nuit qui tombe à nouveau, une énième journée qui s'achève, une énième journée où j'ai ravalé mon dégoût qui m'a envoyé dans cette section de rééducation à l'hôpital.
Bon, d'accord, c'était aussi car je m'étais explosé la plupart des os une nouvelle fois, en allant un plus de cinquante à l'heure au dessus de la vitesse réglementaire de marche sur les trottoirs pour la deuxième fois de l'année. Je vous épargne les détails sur la façon idiote dont c'est arrivé, mais je peux juste vous dire que 6 semaines sans utiliser ses jambes en restant à l'hosto', quand on a rien à foutre, c'est long! Encore, quand on est médecin... on doit sans doute s'y amuser un peu plus.
Mais bref, connaissez vous ma meilleure pote insomnie? Une vraie amie toujours là pour moi quand j'ai pas besoin d'elle. Alors je tourne dans mon lit, me retourne à nouveau, m'ennuie pendant cinq minutes avant d'essayer à nouveau de fermer les yeux, qui se rouvrent dans les minutes qui suivent, se mettent à fixer les étoiles à l'extérieur et me faire tirer une moue d'ennui. Morphée a vraiment choisi son moment pour faire grève, sérieusement.
Bon, ça suffit, c'est pas comme ça que j'allais arriver à quoique ce soit. À peine levé, je vous laisse imaginer la catastrophe alors que je me mets à chuter en sentant ma jambe fraîchement sorti du plâtre, incapable de se déplier correctement, incapable de la tendre au maximum et de poser le pied par terre sans me retrouver avec une vive douleur au niveau du genou. Je grommelle, alors, récupérant une béquille qui traînait à côté de mon lit, avant de sortir, le plus discrètement possible de la chambre où j'avais temporairement élu domicile.
J'avais pas l'habitude non plus de me mêler au reste des gens, préférant la lecture lorsque j'avais mon temps libre, certains auraient été capable de m'en faire voir des vertes et des pas mûres si je me trouvais en face d'eux. Mais voilà, j'erre dans les couloirs, un peu par dépit, voguant au milieu de ce dédale sans nom, dans l'espoir de trouver un truc intéressant à faire, qui puisse m'occuper jusqu'à ce que Morphée décide enfin de se mettre à bosser.
Et à force d'errer, je me retrouve au final à suivre un son qui se déplace dans les couloirs, par curiosité, arrivant près d'une salle d'attente. Ah bah, voilà que j'y trouve quelqu'un avec une perfusion qui était aussi en train de se balader. Allez, on sourit pour faire bonne figure, même si on en a pas envie.
"-Hey! Qu'est ce que tu fais par ici? il est plutôt tard, non?"
J'ai un peu de mal à voir de qui il s'agit dans l'obscurité de la nuit pour tout dire. Peut-être qu'en m'approchant, j'aurais une meilleure chance de voir de qui il s'agit, alors c'est ce que j'entrepris de faire. Une étrange impression venait de me venir en tête, un vieux souvenir d'une personne que je n'avais pas vue depuis longtemps.
"-Hm? Est-ce qu'on se connait par hasard? Attends, ton visage me dit vaguement quelque chose..."
Le faux sourire que j'arborais jusque-là est parti aussitôt. Hormis les cheveux complètement en vrac, j'avais vraiment ce sentiment d'avoir un déjà-vu assez violent qui m'était arrivé dans la tronche, comme si c'était une vieille mémoire enfouie au fond de moi que j'avais à moitié effacé de ma cerveau avec le temps, dommage d'ailleurs, c'était une période de vie plus simple, surtout lorsqu'il y avait maman...
"-Tu es là pourquoi au fait?"
Bon, je pose des questions, encore et encore, tout en penchant la tête en attendant d'avoir une réponse, mais je me demande si je vais au moins en avoir une... J'espère, sinon ça va vite devenir malaisant.
Il a quoi, le blondinet ? Il se prend pour la Militia de l'hôpital à vouloir savoir ce qu’elle fait là ? Qu’est-ce que ça peut lui foutre qu’il soit tard ? C’est visiblement pas un médecin, ou ils recrutent vraiment très jeune et pas en forme, faut dire qu’ils peuvent manquer d’effectif avec les bestioles qui trainent.. mais bon, la superbe tenue de malade qu’ils ont en commun donne une info plutôt fiable. Inanna était tout à fait décidée à passer son chemin et à planter là le gamin -il devait avoir son âge mais lui était un gamin et elle une adulte responsable évidemment- quand ce dernier évoquait l’avoir peut-être déjà croisé.
L’adolescente eu un moment de blocage. Si elle avait grandi en ville elle aurait sans doute doucement rit de cette phrase de dragueur mais, on ne lui avait jamais sorti ça dans la forêt.. Donc non, ce n’était pas ça le problème. Le souci c’est que quand il dit ça, Ina’ le regarde un peu mieux. Elle le fixe carrément en fait. Un regard dur et sans âme, le même qu’elle adresse à tous les êtres humains et qui en fera vriller plus d’un. Silencieuse et le visage aussi impassible qu’un videur de boite de nuit, elle observe ce gamin qui pose trop de questions. Avec sa tête de lionceau et son sourire à deux balles qui se barrait enfin.. elle aussi avait un sentiment de déjà-vu.
Mais bon.. elle s’en fout. Il pose une dernière question, sur le pourquoi elle est là et.. Ina’ passe à côté de la tête blonde et se barre. C’est pas comme si elle avait prévu de lui répondre de toute manière. Elle n’avait pas de blessures graves visibles, elle était dénutrie, cabossée, décoiffée mais pas malade. Sa convalescence était plus mentale que physique mais ça..
La taciturne demoiselle retournait à sa chambre. Elle avait toujours la dalle.
Le lendemain, un psychologue passait une heure avec elle, à parler tout seul et à écouter le silence. Il devait avoir une dent contre elle car il décidait d’un accord unilatéral avec lui-même, qu’elle devait participer aux activités de rééducation, même si elle n’en avait pas physiquement besoin, elle pourrait ainsi aider ses “camarades” et entreprendre des relations sociales. Il lui refilait même un vieux bloc-note pour écrire ce qu’elle voulait dire si elle n’était pas encore “à l’aise” avec l’expression orale.
Ina’ n’ayant pas son mot à dire, puisqu’elle n’en disait aucun, suivait donc mollement l’infirmier qui l’emmenait dans la grande salle d'exercices. Il ne s’embêtait pas à faire la conversation et Ina’ lui en était reconnaissante, pour une fois.
Il devait être trois heures de l’après-midi lorsqu’elle posait ses fesses sur un banc, le regard à moitié dans le vide, fixant un point imaginaire entre les barres parallèles sur lesquelles défilaient les gugusses en manque d’autonomie. Le bloc-note et le stylo abandonnés sur la place à côté d’elle, Ina’ attendait que le temps passe. Au moins elle avait autre chose à regarder que la ville. Mais bon.. observer des gens entrain de galérer, est-ce que c’était mieux ? Y avait une gamine là, vraiment une gamine cette fois, qui devait pas avoir plus de dix ans et qui avait une guibolle plus courte que l’autre. Elle s’était peut-être fait bouffé le pied par un monstre ? Elle n’aurait jamais survécu dehors. C’est la première réflexion que se fait Ina’ mais, après quinze minutes à la regarder se démener, faire de son mieux sans jamais demander d’aide et sans jamais abandonner.. La démone commence à douter.
Lorsque la gamine finit par se casser la figure, Inanna se lève instantanément, elle fait un pas en avant et s’arrête, un infirmier est venu aider l’enfant. La gamine a accepté son aide, sans rechigner, sans en demander plus, elle a laissé le soignant la relever et elle a recommencé ses exercices. Ina’ se rend compte qu’elle est debout, elle se sent conne.. elle se retourne pour retrouver sa place.. occupée par un vieux. Merde. Il lui sourit et lui fait signe de venir s’assoir à la place du carnet de note. Merde x2. La jeune fille avance, prend son calepin et son crayon.. et fait demi-tour.
- Ah, vous voilà.
C’est le psychologue. Merde x3. Il lui fait signe d’approcher et les options sont limitées..
- Ça tombe bien, je voudrais que vous accompagniez ce patient aujourd’hui.
Comment ça l’accompagner ? Elle était pas chien d’aveugle.. Mais le patient n’était pas atteint de cécité. Non, il était sévèrement atteint de malchance.
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Dim 26 Mar - 0:31
Les étoiles sont mortes, si t'en as plein les yeux, c'est dégueu
Fb. Inanna & Murphy
L'absence de réponse à mes questions commence à me foutre mal à l'aise. Faut croire qu'elle a perdue sa langue? ou c'est juste qu'elle a autant d'amabilité qu'une porte de prison?
Dans tout les cas, la mission "taper la discute à 2h du matin" a vraisemblablement échouée puisqu'elle se décide à m'ignorer royalement en passant à côté de moi, tandis que je la suis du regard, hésitant un instant à la retenir. Mais je me ravise, après tout, ça sert à rien de s'en préoccuper à cette heure-là. Mais je peux vous jurer que ça fout les nerfs de se faire ignorer comme ça dans le plus grand des calmes.
Alors je continue de traîner dans les couloirs, un peu par dépit, avant de rencontrer l'un des médecins de garde. Ah.. La poisse. Forcément, à cette heure-là, je me prends les réflexions habituelles. "Faut pas traîner à cet heure-là quand on est convalescent", "faut pas déranger les autres patients", j'en passe et des meilleurs, et je me fait ramener manu militari dans la chambre qui me sert de cellule.
Début de la matinée et un réveil en trombe avec 4 heures de sommeil seulement, je suis limite à tomber sur place. on peut apprécier l'ironie: on m'a dit qu'il faut se reposer quand on est convalescent, mais voilà qu'on me fait tomber du lit à l'aurore, en plus de me traiter de feignasse. Enfin, j'en profite pour prendre une bonne douche, et me débarrasser de ces vêtements de malade que je n'arrive définitivement pas à tolérer plus longtemps, pour pouvoir revêtir T-shirt, Jean et un superbe sweatshirt orange bien pétant qui arriverait même à faire mal aux yeux à un aveugle.
Dommage par contre, pour l'instant j'vais devoir conserver ma béquille : mon genou refuse de ne pas me provoquer une douleur lorsque je tente de le déplier de trop. Et après le déjeuner, dont je me refuse à vous faire la promotion du café étant donné qu'on a l'impression que ça a été fait avec des endives, je me retrouve envoyé d'office au niveau de la salle de rééducation pour l'après-midi, à devoir côtoyer les autres types qui peuvent pas faire deux pas sans devoir se tenir à une barre.
Bon, d'accord, j'suis pas mieux à ce niveau, mais dans mon cas, ça consiste juste à des exercices de flexion-extension pour regagner en mobilité au fur et à mesure, et marcher. Et autant je peux accepter de devoir le faire, j'ai l'habitude après tout, autant avoir quelqu'un à côté qui se permet de faire des commentaires à chaque action que je fais, ça avait tendance à me faire perdre patience très rapidement.
Il y a pas une échappatoire quelque part?
Je scrute la pièce à la recherche de quelque chose qui pourrait me permettre de sécher les exercices suivants, et c'est pile à ce moment que la voix du psychologue se fait entendre non loin de moi. (Quelle coïncidence, franchement?) À peine curieux, je jette un coup d'œil pour voir qui se retrouve avec la malchance de devoir le supporter... et me met aussitôt à sourire, d'un air amusé, tandis qu'une brillante idée vient se glisser dans mon esprit.
La voilà, ma porte de sortie~
"-M'sieur! Attendez!"
Je me relève alors du banc sur lequel je me trouvais en empoignant ma béquille, me dirigeant alors vers le psy et la fille qui ne parle pas.
"-Je pourrais pas plutôt l'accompagner aujourd'hui, m'sieur?"
J'avais beau tenir le discours du parfait volontaire, mon sourire en coin pouvait quand même trahir que je cherchais à le baratiner pour pouvoir échapper à l'infirmier à la parlote facile, de un, et essayer d'en apprendre sur Miss "je te cause pas", de deux. Sauf que le psy est loin d'être con, et ça se voit à la façon dont il se met à douter de mes intentions, alors faut que je continue mon baratin.
"-Il y a personne d'autre de notre âge qu'elle et moi, et de mon côté, ça fait un moment que j'ai pas discuté avec quelqu'un. ça serait quand même mieux, vous ne pensez pas?"
Mais pourquoi il se ramène celui-là ? Elle fronçait les sourcils un bref instant avant de se rappeler qu'elle en avait rien à faire. En fait, c'était même très bien, s'il voulait accompagner l'autre gars, grand bien leur fasse ! Elle pourrait se casser et retourner s'emmerder profondément sur son banc à regarder les gentils éclopés se casser la figure. Le psy fait une tête bizarre en regardant le blondinet mais Ina' ne s'en préoccupait pas, elle avait déjà fait un pas en arrière, l'air de dire "bon si personne n'a besoin de moi..". Sauf que l'incrusteur enchaine, il veut lui taper la discut' à Elle ? Mais il se prend pour qui ? Pourquoi il veut absolument l'emmerder ? Elle lui a pas fait assez mauvaise impression cette nuit, faut qu'elle lui fasse un dessin ?
- Hm.. C'est une excellente idée monsieur Carter ! Je suis ravi que vous vous proposiez. Vous n'aurez qu'à faire visiter les lieux à Harold en compagnie de mademoiselle Constantine.
Harold. La cinquantaine. Un trou de six centimètres dans le crâne. Le regard dans le vide et de la bave à la commissure des lèvres. Mais bien debout sur ses deux pieds. Même si son dos était arrondi comme celui d'un vieux de trente ans de plus. Il avait du se faire salement bouffer dehors. C'est en tout cas ce que pensait Ina' avant d'en revenir au blond qui avait donner une super idée au psy. Il était dans quel camp ce gamin ? Est-ce qu'il y avait vraiment quelqu'un qu'elle considérait dans son camp ? Elf. Si ça compte !
Le psy tapotait l'épaule du blond, "bon garçon ça" hurlaient ses doigts mous sur son t-shirt. Brr. Il confit le bras d'Harold au garçon d'ailleurs, il était pas con le psy, il savait qu'Inanna n'y toucherait pas. Elle ne touchait personne. D'ici quelques temps elle finirait par user de ses mains, c'est vrai, elle toucherait les gens, avec les poings fermés mais, ça comptait quand même comme une amélioration, non ?
- Très bien, je vous laisse faire connaissance. Ne laissez pas Harold partir tout seul, il est ici depuis quelques années mais à tendance à se perdre. Je vous fait confiance.
Responsabiliser ses patients, leur donner un objectif atteignable, des consignes claires et une dose de bienveillance. La recette simple et efficace du bon docteur. Ina' tournait déjà les talons. Les yeux au ciel et les doigts serrés sur son carnet. Elle n'allait pas se barrer, elle n'avait pas vraiment d'autre endroit où aller et elle savait qu'elle aurait droit à double ration de séances si elle abandonnait Harold avec son toutou blond. Carter. Ca lui disait quelque chose. Depuis qu'elle avait entendu son nom il n'arrêtait pas de tourner dans sa tête, se fracassant à l'intérieur de sa boite crânienne comme un bélier tenterait d'enfoncer une porte. Sauf que la porte était en béton armé. Et que c'était plus un mur qu'une porte.
- Pipi.
L'instruction était on-ne-peut plus claire et Ina' tournait momentanément la tête vers l'homme, s'attendant au pire.. mais à part se dandiner un peu, il n'avait apparemment pas l'intention de faire sur lui. Une chance ! La démone tournait désormais son regard vers le dénommé Carter. C'était son boulot ça. Entre gars. Hein ? Histoire de lui faciliter la compréhension, Ina' se saisissait de son carnet et dessinait sans équivoque un petit personnage entrain d'uriner. Elle tournait la page vers le jeune homme, puis finissait son dessin, en ajoutant un autre petit personnage juste à côté.. Il avait une jolie tignasse en épis. La demoiselle n'était pas une artiste très inspirée mais, son dessin était tout à fait convainquant !
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Mar 4 Avr - 23:57
Les étoiles sont mortes, si t'en as plein les yeux, c'est dégueu
Fb. Inanna & Murphy
Derrière le sourire avenant et presque trop poli, je me retrouve bien malgré moi prisonnier d'une décision à la con prise par ce psy de mes deux, et j'ai beau ne rien laisser paraître tant qu'il est là, Dieu sait le nombre de profanités que je voulais lui cracher à la figure à ce moment là.
"-Eh...attendez.. quoi? Ha-...Harold?!"
Le dépit pouvait se lire sur mon visage à cet instant. Me faire avoir à ce jeu là, c'est quand même fort! De un, j'avais clairement pas envie de me coltiner un légume pendant l'ensemble de la journée, et de deux, je souhaitais encore moins devoir lui tenir la main.
Et voilà que le psy nous laisse, demandant à ce qu'on ne laisse pas le vieux qui semble avoir vu un grand ancien seul. Sitôt n'est-il plus dans notre champ de vision, sitôt mon sourire s'efface pour laisser s'exprimer sur mon visage l'ensemble de ma frustration. J'aurais bien frappé le mur d'à côté avec mon pied, mais je doute que passer 6 semaines de plus ici soit dans mes plans à l'instant.
"-Foutu psychiatre!! Mon plan était quasiment parfait..."
Quel malheur j'ai eu d'avoir cette idée... Ah, mais au moins j'ai pu obtenir de ce psychiatre une indication supplémentaire sur elle, ce qui était non négligeable. Constantine. Il est évident que ce nom me disait quelque chose à l'instar d'un taureau qui foncerait en voyant une grande pièce de tissu rouge, "même si c'est une légende urbaine, les taureaux ça voit pas le rouge" dirait mon petit frère. Honnêtement je m'en fiche, je suis pas biologiste.
Par contre, quelque chose où je m'en fiche moins, c'est l'état actuel d'Harold. Il ne manquait plus que ça pour me faire presque regretter ma décision, tandis qu'elle s'affaire à me faire un dessin de ce que je devrais faire, c'est à dire, devoir me le coltiner.
Je me mets alors à rapidement scanner les environs, avant que le sourire ne me revienne au visage, un air presque malveillant, le genre "prêt à faire un sale coup" si vous voyez ce que je veux dire.
"-j'ai une meilleure idée que ça... Il a dit qu'on devait pas le laisser seul, non?"
S'il y a bien une chose que je savais sur cet hosto' depuis le temps, c'est qu'entre infirmiers et psychiatres, la communication, c'était pas leur fort, et justement, l'autre espèce de pipelette venait d'apparaître. Autant ça aurait pu être pas de bol, mais la situation jouait à mon avantage pour le coup. Alors je l'interpelle en agitant mes bras en l'air.
"-Infirmier! Par ici, on a un problème, un patient qui s'est perdu et il a besoin d'assistance tout de suite!"
Sitôt dit, sitôt il rapplique alors dans ma direction pour prendre connaissance de la situation de notre très cher habitant du potager (c'est pour pas dire légume, vous comprenez?) avant de se tourner vers moi et "Constantine".
"-...Dites, vous n'êtes pas censé être en train de faire vos exercices de rééducation, M. Carter?"
"-Oh, on m'a demandé d'accompagner cette patiente! Ah! Par contre dépêchez vous, sinon il risque d'en mettre plein la moquette!"
Et ça n'allait pas louper si l'infirmier n'avait pas réagi en suivant, pour emmener Harold à un endroit plus approprié pour lui. L'idée n'était pas trop mal non? Le psy' nous avait dit de ne pas laisser Harold seul, au moins il y a quelqu'un pour s'occuper de lui. Et pendant ce temps, nous étions libres de nos mouvements pour au moins deux minutes jusqu'au retour de l'infirmier. Objectif désormais : disparaître de là le plus vite possible. En me tournant finalement vers elle, d'un air triomphal, je lui adresse un signe de la main indiquant de se mettre en route.
"-Suis moi... sauf si tu veux qu'on se coltine le vieux pendant toute la journée..? Si tu veux, j'connais un endroit où ce maudit psy' nous retrouvera pas de sitôt."
Et je me met à claudiquer légèrement avec ma béquille, empoignant alors un masque noir de ma poche pour le mettre sur mon visage pendant que je marche, vérifiant plusieurs fois derrière moi si elle suit ou non, alors que mon cerveau continue de traiter l'information de son nom de famille pour essayer de retrouver des bribes de mémoires qui pourraient m'être utile... Jusqu'à ce qu'un espèce de déclic ne se fasse sans que je n'y prête réellement attention.
"-Bah alors Ina', tu viens ou pas?"
Qu'est ce que je venais de dire franchement...? Je n'en sais rien, peut-être que je me suis trompé, peut-être pas, dans tout les cas je n'ai pas le temps d'y penser, l'infirmier revient dans moins d'une minute et il me faut disparaître au sein du dédale des couloirs que possède cet hôpital.
Qu’est-ce qu’il fout ? Pourquoi il ramène un infirmier ? Ils étaient pas déjà bien assez de trois dans leur joyeuse bande de cas médico-sociaux ? Non, en fait, le blondinet était entrain de se débarrasser de leur “responsabilité”. Ina’ percutait la stratégie du blond avec un temps de retard et devait bien admettre qu'il était pas con. Une fois l’infirmier et le sage Harold partis, le grand stratège se tournait vers la démone, un sourire de triomphe aux lèvres et une nouvelle grande idée en tête. Le suivre. Ina’ ne bouge pas d’un pouce. Pourquoi ? Il n’avait qu’à partir de son côté et elle du sien.
Il connaissait un endroit pour se planquer. Tant mieux pour lui. Elle s’en trouverait un autre. Le garçon claudique dans une direction et la tête blanche se tourne vers une autre. Elle avait pas plus envie de se taper la conversation de ce brave Harold que celle du blondinet. Il était bien gentil de l’avoir débarrassé de son exercice de socialisation, c’était pas pour lui en imposer un autre.
"-Bah alors Ina', tu viens ou pas?"
Les mots viennent la frapper dans la nuque, avec la force d’un ouragan, surgit brusquement là, la prenant par surprise. Ina. L’or s’enflamme alors qu’elle tourne son regard vers le blond. Ses lèvres ouvertes sur une surprise muette, ses prunelles dorées animées pour la première fois depuis des semaines d’une lueur d’espoir, elle referme sa main libre sur son torse, le tissu crisse entre ses doigts. Un bond incontrôlable. Une secousse imperceptible. Elle détourne le regard, referme son esprit, abandonne son humanité au profit de la sécurité d’une prison solidement cadenassée. Pas si solidement qu’elle le croyait d’ailleurs. Elle ne pouvait pas se laisser avoir par ce genre de choses. Son prénom n’était qu’à elle, qu’à elle et aux fantômes. Elle griffonne furieusement sur son bloc note :
CONSTANTINE
La démone s’avance à grand pas jusqu’au blond pour lui coller la feuille contre le nez. Elle la lui fera bouffer s’il ne s’en tient pas au script. Mais elle le suivra.. Perdus dans le labyrinthe de couloirs, elle finit par se demander s’il sait bien où il va ou s’ils sont paumés depuis dix minutes. Reprenant son carnet, elle hésite un instant à l’insulter par écrit.. mais finit par dessiner tout en marchant. Lorsqu’elle relève la pointe du crayon, elle montre à son guide le croquis de l’escalier menant au toit. Ce serait son choix, s’ils devaient se planquer. Il ne faisait pas particulièrement chaud aujourd’hui, avec un peu de chance il commencerait même à pleuvoir, personne n’irait là-haut.
Attendant la décision du jeune homme, elle se remettait à dessiner. Elle voulait lui demander comment il connaissait son prénom mais cette question lui faisait peur. Son coeur avait fait un pas de côté en l’entendant l’appeler par son diminutif. La dernière personne qui l’avait appelé ainsi.. ce devait être son frère. Alors, c’était peut-être ça, juste ça et c’était suffisant, qui l’avait prise au dépourvu. Ca où cette sensation oppressante qui ne quittait plus sa cage thoracique, ce sentiment de déjà-vu, cette chaleureuse familiarité qui accompagnait la voix du blond. Elle n’avait pas envie de savoir. Elle avait peur de savoir.
La démone qui n’avait peur de rien, était terrifiée à l’idée d’éprouver la moindre émotion inattendue. Elle rejetait l’idée de le questionner sur son prénom, pourtant, elle le suivait.
Elle lui montrait son dessin. A nouveau, elle l’avait représenté, sa tignasse en épis était particulièrement réussi, cette fois cependant, à la place du sourire niais qu’elle lui avait fait sur le dernier dessin, elle avait dessiné un rectangle noir. Une flèche pointait le carré sombre, finit d’un point d’interrogation. C’était le nouveau look à la mode, ce masque ?
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Jeu 27 Avr - 1:41
Les étoiles sont mortes, si t'en as plein les yeux, c'est dégueu
Fb. Inanna & Murphy
À peine ai-je eu le temps de me retourner vers elle, sans réaliser ce que je venais de dire, que je me suis retrouvé deux secondes plus tard avec un papier entre les deux yeux, avec un nom, griffonné avec rage presque collé dans la tronche. Est-ce que je venais à l'instant même de ressentir une étrange peur de me retrouver comme ce morceau de papier, mais placardé contre un mur ou encore projeté à travers une vitre, si vous voyez ce que je veux dire.
Même si ce fut passager, je devais admettre qu'une goutte de sueur froide a du perler mon front à l'instant en question, ignorant même la moindre possibilité de réfléchir à la raison de cette action pour le moins incongrue. Et puis, il n'y avait pas le temps pour cela après tout, car l'infirmier commençait à être de retour, et il fallait absolument s'éloigner de là au plus vite. S'enfoncer dans les méandres de l'hôpital, traverser les différents services pour que l'on ne puisse pas nous retrouver de sitôt dans l'endroit où nous sommes censé être. Clairement pas le meilleur des plans de se faire autant remarquer, mais cela étant dit, si l'on se fait remarquer quasiment partout, alors il sera d'autant plus dur de venir nous chercher à un endroit spécifique, pas vrai?
Est-ce que je me suis paumé en chemin? Non. Non non non... Peut-être... non Je sais pas... non... Oui...
Bon, okay, j'étais paumé actuellement, clairement j'ai sous-estimé le potentiel nuisible de ces lieux qui seraient presque comparable à une prison. Il suffit que le médecin demande à ce qu'on le suive, et que vous ayez un lumbago ou une jambe de bois, on vous paume et on vous retrouve plus. Si ça se trouve, il y a des groupes entiers de gens qui sont perdu dans cet hosto' depuis 1924 (enfin, ils doivent être un peu mort désormais).
De fait, lorsque Constantine me montre l'image du toit, je me remet à sourire derrière le masque noir couvrant mon visage, regardant autour de moi pour au final trouver une porte menant aux escaliers de service, l'invitant à passer d'abord afin de pouvoir refermer la porte et que l'on n'ait pas un quelconque membre du personnel des chieurs de premier ordre qui vienne nous demander ce qu'on est en train de faire.
Il est à noter cependant que pour une fois, j'ai été relativement silencieux durant le trajet, (fait très rare, qui est à observer, noter en rouge dans un carnet d'événement majeur de l'histoire et... non absolument pas) et ce, jusqu'à ce qu'une fois à l'intérieur, un autre dessin ne vienne me poser une question, question qui m'a pris au moins six ou sept secondes afin d'en comprendre le sens, excusez moi tout de même je n'ai pas fait
"- Ah, ça? C'est juste un masque noir en tissu. Je le porte pour éviter qu'on remarque trop mon visage...Et aussi parce que je trouve que ça va bien avec le reste de mes fringues."
Haussant les épaules, j'abaisse le dit masque pour l'observer un peu plus en détail, à la lumière de l'ampoule du douzième étage. Encore quatre avant d'arriver aux toits... comme expliqué plus tôt, si vous avez un problème pour marcher rapidement, on vous paume, et les escaliers pouvaient représenter un certain calvaire pour ne serait-ce que grimper les marches. Mais on y était désormais, devant la porte donnant accès au toit, alors je m'avance pour ouvrir celle-ci et...
"-...C'est fermé à clé."
Je pris alors une grande inspiration pour garder mon calme. Sérieusement, les mangas où le toit est accessible par tout les élèves, c'est vraiment une belle connerie. Enfin, c'est ce que j'aurais dit si je savais ce qu'était un manga. Toujours est-il que le personnel était un peu plus prévoyant que ce qu'on aurait pu penser.
"-Le toit, ça a pas l'air possible par la porte. Une autre idée In-"
Je m'arrête un instant dans ce que j'allais dire... In-...Ina-...
"-t'as bien dit... enfin... dit... écrit que ton nom c'est Constantine...?"
le regard ahuri alors que je te fixe du regard. La mémoire venait de frapper un grand coup dans la porte, disloquant le cadenas de souvenirs passés que j'étais censé avoir oublié depuis tout ce temps. Et au fond de moi, j'avais cette forte impression d'avoir enfin retrouvé une personne importante qui avait disparu il y a des années de ça de ma vie.
"-Attends... je rêve pas, Ina'?! C'est toi pour de vrai?!"
J'avais totalement oublié la mise en garde de tout à l'heure, mais je ne pouvais m'empêcher d'être fébrile à cette idée.
"-Mais.. t'étais pas..? 'fin, avec les autres..? il y a sept ans..? qu'est ce qu'il s'est passé...?"
Trop de question affluait dans mon cerveau à ce moment-là. Bien trop même pour que je réalise l'espace d'un instant tout ce que ces questions pouvaient impliquer. À ce niveau, ça n'allait pas être que la feuille de papier que je risquais de manger, mais aussi une bonne paire de phalanges ou de tarses dans le muscle masséter. Ou, en version traduite pour les plus barbares : un pain ou une savate dans la gueule.
Le masque noir c'était pour cacher son visage. Pour pas qu'on le remarque. Ina' hausse un sourcil circonspect. Il avait quoi son visage ? C'était un genre de célébrité ici ? Ou un criminel connu ? Dans les deux cas c'était louche. Mais pas assez pour dissuader la jeune fille de suivre le blond dans les escaliers. Il galérait avec sa jambe alors, même si c'était l'ennemi public numéro un d'Aurora, actuellement, il était aussi inoffensif qu'un agneau.
Enfin, c'était ce que pensait la démone.
La porte du toit était fermée. Merde, elle avait pas pensé à ça. C'était vraiment une prison cet hôpital. On laissait même pas une opportunité aux suicidaires d'en finir dignement. Quelle cruauté. Le blond se retourne vers elle, à la recherche d'une idée. Il commence à prononcer le mot interdit et Ina' lui fait les gros yeux. Qu'il finisse et elle ouvrirait la porte avec sa tête de bouc.
Il semble avoir capté le message. La communication non-verbale, c'était très efficace ! Enfin, cela dit, c'était peut-être pas la pression de son aura meurtrière qui l'avait bloqué mais celle à l'intérieur de son crâne qui poussait une info jusqu'à sa bouche. Est-ce que l'info n'aurait pas pu faire un tour -ou sept- à l'intérieur de sa caboche avant de sortir ? Et éviter de sortir.
Constantine. Ina. Était avec les autres. Il y a sept ans. Ce qu'il s'était passé...
Les yeux de l'adolescente s'écarquillent mais la panique balaie la colère. Les autres. Leurs visages essayaient de se coller sur celui du blond. Un tremblement incontrôlable agite ses mains. Le carnet de dessin s'écrase au sol.
Ton coeur Ina'. Ne le laisse pas partir en vrille. Bute-le lui si ça peut te calmer.
Ses hanches se décalent sur le côté alors qu'elle recule son pied gauche et lève sa jambe droite. Avec toute la violence dont était capable un taureau énervé, son pied droit s'abat. Un coup brutal et sans appel qui se fracasse à quelques centimètres à gauche des hanches du blond, faisant voler la poignée en même temps que la porte partie cogner lugubrement contre le mur. Le vent s'engouffre dans les escaliers, ébouriffant la tignasse blanche du Taureau fulminant et les épis blond d'un Bélier qui avait évité de quelques centimètres une castration surprise.
Ina' lui adresse un regard assassin et sort, marchant sur son carnet de dessins. Pourquoi elle l'avait suivi au juste ? Il était dangereux ! Il avait peut-être l'air d'un agneau mais il avait une grande bouche ! Le ciel gris, couvert de lourds nuages, tirait autant la gueule qu'elle. Elle était conne aussi. Il l'avait appelé Ina', elle aurait juste du le larguer avec léguman et se barrer loin.
L'adolescente se frappe le front avec ses poignets, c'était une crétine. Elle devrait apprendre à ne plus suivre les gens comme ça. Elle devrait apprendre à se méfier. Plus encore que maintenant, beaucoup plus ! Les gens étaient cons, elle faisait pas exception.
Les chocs répétés de l'os contre sa tête finissent par lui faire mal mais surtout.. ils ramènent un souvenir à la surface de sa conscience. Elle ne voulait pourtant pas se souvenir. Mais son cerveau ne lui obéissait pas aussi bien qu'elle le voudrait. Puis, pour une fois, cela concernait cette foutu ville. Elle et une tignasse blonde.
La démone fait soudain volte-face, sa main se tend brusquement vers le cou de l'agneau et se saisit de son col pour l'attirer vers elle. Son autre main s'empare du masque noir et l'arrache des oreilles du blond. L'or en ébullition de ses yeux fixe avec fureur et intensité le visage du garçon qui lui faisait face.
Merde. Elle se souvenait de lui.
La fureur disparait. Les doigts serrés sur le col de l'adolescent relâchent lentement le tissu. Ces grands yeux espiègles, cette tignasse folle, cette grande bouche qui ne veut pas la fermer...
Merde. C'était bien lui.
Une petite tâche sombre apparait sur le béton à côté de leurs pieds. Bientôt suivi par une deuxième. Dans l'or fondu, la colère a disparu, la panique s'est évanouie, ne reste plus qu'une étincelle incertaine. S'ils avaient encore sept et huit ans, elle l'aurait enlacé de toutes ses forces. À la place elle restait statufiée alors que la pluie glissait sur ses joues. C'était la pluie, pas vrai ?