Beauty and the Beast, not a love story. [Pv : Violette]

J’observe de mon œil expert le combat qui se déroule sous mes yeux, mais bien malheureusement pour moi, il ne dure pas assez pour que je puisse jauger la puissance de Mademoiselle Constantine. Son opposante se fait sortir à la seconde où le départ est annoncé. Je me demande si la technique prime sur l’instinct, car il est sûr qu’en ce qui la concerne, elle agit comme une bête qui traque sa proie.
Je ne ferais pas le poids contre un monstre, je le sais, c’est l’une de mes faiblesses… Par contre, en 1 contre 1, je n’ai pas très peur. Entraînée par une mère lieutenant depuis des années désormais, je suis habituée à ce genre de combat.
Et je sens que l’entraîneur va me désigner pour montrer ce que je vaux. Je me doute qu’il fait cela car son amour pour Constantine est… Inexistant et qu’il pense la forcer à se brimer si elle ne désire pas se faire sermonner.
Après tout, il n’y a que Baal ici contre qui je me suis mesurée et il n’est pas là pour certifier mes aptitudes.

La brunette est congédiée rapidement et comme je m’y attendais et mon nom est prononcé. Je me retiens de sourire et prends un air le plus neutre possible.
Alors que je m’avance de derrière les rangs, on peut enfin m’apercevoir. Ma tête blonde a noué mes cheveux en une queue-de-cheval. Je porte ma tenue de combat qui camoufle alors ma musculature et les nombreuses ecchymoses qui parsèment mon corps suite aux violents entraînements que je subis en compagnie de ma mère.

Alors que je m’approche, je perds l’équilibre et me retiens de tomber de justesse. Cela ne me dérange pas, car même si cela amuse, cela fait que l’on me sous-estime. J’entends un garçon prendre ensuite ma défense et bien que je fasse un sourire devant lui, dès que je suis assez éloignée pour ne pas être vu, je tire la langue en guise de grimace, dérangée par ses propos.
On ne se connaît pas et je ne comprends donc pas, pourquoi il parle à ma place alors qu’il ne sait rien de moi.

Je ne suis pas une demoiselle à protéger dans sa prison dorée, j’ai rejoint l’équipe car je voulais protéger.

Je me présente devant la prénommée Constantine et lui offre un doux sourire. J’attends le signe de départ et m’abaisse comme pour faire mon lacet. Je sais que tu vas de nouveau foncer sur moi et je n’attends que cela. Avec ta force et ton élan, je peux facilement te faire perdre l’équilibre en utilisant ta puissance contre toi-même. La technique n’est pas la plus impressionnante sur le terrain, mais en 1v1 elle a de quoi surprendre et déstabiliser son adversaire. Je veux aussi te prouver que l’instinct est primordial, mais qu’il ne fait malheureusement pas tout face à un homme fourbe. Un animal peut tenir tête à un animal, mais si l’humain est le plus souvent vainqueur c’est parce qu’il utilise la ruse pour tromper son instinct. Et je sais que mon apparence est faite pour induire en erreur mon ennemi.
Je pense que l’on pourra beaucoup apprendre l’une de l’autre et je ne me retiendrais pas contre toi… Petit à petit je vais ronger ta patience, te pousser dans tes retranchements en utilisant que des techniques fourbes et dérivées à tes habitudes pour te faire perdre patience et provoquer des erreurs de ta part pour pouvoir te battre. Je ne vois pas d’autres possibilités au vu de tes aptitudes physiques qui, je me doute, me surpassent.

Alors que je me redresse, mon aura a totalement changé. Je me tiens droite, je suis froide et plus aucune émotion n’émane de mon corps. Je deviens illisible et il n’y a plus l’ombre de moi-même. Je suis devenue une machine de guerre à mon tour qui se doit de réfléchir et d'analyser pour te contrôler… On peut désormais se demander qui de la bête ou de la beauté est la plus terrifiante.  

Le combat est lancé et à ma grande tristesse, tu ne t’élances pas lors du coup de filet… Tu es un animal certes, mais pourvu apparemment d’un tant soit peu de jugeote. Tu t’élances vers moi mains dans les poches avec des coups redoutables en puissance mais pas difficile à esquiver au vu de ta posture de combat. Tes hanches pivotent et tes bras ne sont donc pas un trompe l’œil pour attirer mon attention et me vaincre. C’est frustrant de se voir à ce point sous-estimer et j’ai très envie de t’anéantir. Mais en attendant je lis en toi comme un livre ouvert… Avec tes jambes tu ne peux atteindre que mes membres ou mon tronc, ça laisse donc une marge de manœuvre assez faible pour tes attaques. Pour autant, je ne te punis pas encore, je veux d’abord analyser totalement tes rotations et tes angles d’attaques pour ne commettre aucun impair.

C’est frustrant de se dire que malgré 10 ans d’entraînement acharné avec une lieutenante on te perçoit encore que comme une jolie princesse dont il faut prendre soin. Tu cesses donc les attaques à l’aveugle et semble vouloir échanger les rôles cette fois-ci. Tu défends et j’attaque.

Je souffle, ce n’est pas le moment de perdre ma concentration et ne fait donc pas la même erreur que toi utilises tout mon corps et sa puissance pour lancer les assauts. Je fais des attaques combinées utilisant mes bras et mes jambes et même ma tête au besoin pour que ton esprit ne sache pas vraiment quoi contrecarré et il vaut mieux pour toi sortir de suite les mains de tes poches si tu ne veux pas finir humiliée à te prendre pour plus supérieure que n’importe qui. Tout en combinant mes efforts, je fais en sorte d’envoyer bon nombre de signaux contraires pour te faire miroiter des attaques différentes de celles que tu essuies.

Je n’ai pas peur de me salir les mains et je n’aurai aucune honte si tu me lances ta jambe de nouveau d’attraper ta cheville et de bondir avec en arrière pour te traîner au sol au besoin. Ce n’est pas parce que je ne suis pas sortie en mission que je ne connais pas les pires fourberies pour vaincre l’ennemi. De plus je me fais réellement plus hargneuse qu’à l’accoutumée et bien que ma concentration est parfaite vu que je suis dans mon élément, la rage de vaincre bouillonne en moi. Tu n’as pas voulu me prendre au sérieux dès le début, tu as voulu me sous-estimer ne te basant sûrement que sur des critères physiques et c’est dégueulasse. Tu mérites de perdre ce combat pour au moins être sérieuse dès le début la prochaine fois que l’on se croisera.
Je reste pourtant très calme et analyse rapidement tes mouvements superflus et cherche ensuite à acculer ta jambe dominante, là où tu poses tout ton poids et déploies toute ta force, tout en essayant d’appuyer sur les points qui pourraient te mettre out dans ce combat… Je sais que je pourrais paralyser tes bras temporairement si je frappe au bon endroit et cela serait mérité au vu de ton caractère désobligeant… À moins que je ne vise les nerfs de tes jambes vu que cela semble être ta fierté. Je me fiche désormais de la beauté du combat, si j’ai la réputation de connasse fourbe une fois l’entraînement terminé, tant pis… Tous les coups sont permis et j’ai appris certaines parties de l’anatomie dans ce but.

J’attaque sans relâche certes, mais je ne laisse rien au hasard. Bien sûr que je vois ton triceps et ton radial brachial se contracter. Je ne sais ce que tu prépares et me baisse pour me protéger et pour ne pas mettre en péril mon centre de gravité. Bien que tu vises l’articulation de mon genoux, je bloque ton pied entre ma cuisse et mon mollet au vu de mon corps abaissé. Et j’attrape ta main qui ose toucher ma main pour tirer sur cette dernière et t’attirer vers la profondeur et rejoindre le sol au plus proche en libérant que partiellement ton pied pour pas non plus provoquer un déboîtement… Ce n’est pas ce qui est demandé.
Je l’entends parler et je rigole doucement, narquoise… Tu veux me ridiculiser et jouer ma belle ? On va le faire. Je vois mal certes, je ne m’attendais pas à cela, mais tu penses que tu peux si facilement jouer avec moi ?
Tu penses que tu vas arriver au bout de mon endurance après 10 ans d’entraînement acharné ? Tu penses que ma mère a laissé tant de choses au hasard ?

Foutaises.

Tu me sous-estime car tu as eu un passé redoutable ? Ne me fais pas rire. J’ai appris à combattre en surpoids et ma musculature a dû donc apprendre à se porter… Sais-tu à quel point ça travaille ton endurance ?
Je susurre aussi en t’entendant, toujours à rire doucement.

- Alors ? On a un petit soucis pour s’exprimer ? Tu sais, si tu as besoin de cours d’élocution je peux t’aider… Je peux te donner des cours… Oh pardon, tu ne m’as peut-être pas comprise, j’ai peut-être un vocabulaire trop évolué pour toi ?

Tout en m’adressant à toi, j’assène mon coup, mais en échange tu m’échappes et je n’ai plus aucune prise sur toi qui a bondit en arrière pour m’empêcher de continuer mes assauts.
Je suis embêtée, j’ai été partiellement aveuglée, je n’ai pas retrouvé toute ma vision et tu s’es éloignée de moi… Heureusement pour moi, sauvée par le gong, le sifflet retentit.

Le coach se met à parler et je suis heureuse de ses propos, mais cela ne calme pas de la rage qui bouillonne en moi. Je vais me désaltérer un peu plus loin pour rester seule et reprendre ma respiration et rythme cardiaque s’apaiser.
Je récupère 5 minutes c’est largement suffisant. Je décide de profiter de ton absence pour aller voir le coach. Je lui adresse dans un murmure.

- Monsieur, au vu de l’utilisation de poudre en traître, est-ce que je peux en récupérer moi aussi le temps d’un coup. Ce n’est pas pour concentrer le combat sur des coups bas, mais je veux qu’elle comprenne que nous aussi on peut être déloyal.

Il semble réfléchir et me donne son accord pour qu’on soit à égalité. Je vais donc à mon tour m’armer de mon subterfuge en toute discrétion. Il faudra que j’agisse intelligemment.

Je n’ai le droit qu’à une chance.

Je reviens au centre du terrain, calme et l’esprit clair. Cette pause m’a fait du bien, j’étais en train de voir rouge et si le combat avait continué, j’aurai été en difficulté. Jouons à s’économiser, c’était ton tour avant, cela sera mon maintenant. Œil pour œil, dent pour dent…
La loi du Talion ma chérie, tu vas vite la connaître.

Je ne te laisse pas le choix que de commencer. Je baisse un peu mon centre de gravité pour me mettre à ta hauteur et si tu oses utiliser une fois encore tes mains… Je te le ferais payer.

Les minutes s’égrènent et l’excitation monte. Je vais enfin pouvoir reprendre ce combat et en découdre. Je n’ai pas aimé être prise en traître et ai réagi en conséquence.
Je patiente docilement et voilà le retour de Mademoiselle Constantine. Je suis de nouveau totalement calme et me complais dans ce bien-être de concentration.

Nous voilà de nouveau au centre prêtes à continuer notre combat, mais quelque chose est différent. J’observe, j’analyse, mais il y a définitivement quelque chose d’anormal. Je ne cherche plus à attaquer et elle n’amorce aucun signe d’offensive, ne se montrant que défensive si je m’approche.
Je demande dans un souffle si tout va bien pour elle, réellement inquiète. Mais je n’ai bien sûr aucune réponse.

Réfléchis.
Vite.

Qu’est-ce qui a changé entre avant et maintenant. Pourquoi depuis cette pause elle s’est renfermée ?
Tout devient soudainement limpide, ma provocation répondant à la sienne l’a visiblement blessée. Je ne disais pas cela pour la blesser, mais bel et bien pour me reprendre et avoir le temps de réfléchir. Elle a utilisé la poudre de manière déloyale et j’ai répondu de la même manière. Mais visiblement, mes propos ont blessé sa personne. J’ai sûrement touché une corde sensible. Je soupire, frotte ma nuque et lève la main.

- J’abandonne le combat. Ce dernier n’a plus aucun intérêt. Mademoiselle Constantine a gagné. Bien que j’ai réussi à m’en sortir lors de la première manche, j’ai eu des propos qui… Je pense ont blessé mademoiselle. Une victoire suite à la souffrance d’autrui à un entraînement, très peu pour moi. Je préfère annuler le combat.

Je sais moi-même qu’il y a certains sujets particulièrement sensibles auxquels il ne faut pas s’attaquer. J’aurai aussi été très blessée et mon but n’était pas de lui faire subir cela et je me déteste pour cela.
Je m’approche de la demoiselle et lui tend une poignée de main, mal à l’aise, alors que je m’explique doucement, de sorte qu’elle ne soit la seule à entendre.

- Désolée si mes propos t’ont blessée. Ce n’était pas du tout mon but… Mais au vu de ton attaque surprise, j’ai décidé à mon tour de répondre par la fourberie pour gagner assez de temps et m’en sortir. Je ne pensais pas qu’en abordant ce sujet, j’allais te blesser au passage. Nous sommes nombreux à avoir un accent, c’était donc pour te déstabiliser le temps d’une seconde, mais pas pour t’offenser.

J’incline doucement la tête pour appuyer mes propos et alors que je me redresse, je t’offre un sourire rayonnant et chaleureux. J’espère que mes sentiments auront su te parvenir.