N'oubliez pas... vos actions ont des conséquences. ʚїɞ
 

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Demon's leash [PV : Aethel]

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Ven 10 Mar - 19:31

La nuit avait été courte. L'aurore, c'était tôt. Pourtant, elle était là. Le soleil faisait tranquillement le tour de ce monde en pleine quête identitaire et la démone attendait qu'il se pointe. Plantée devant la grille de l’hôtel de ville, une chevelure blanche se prend dans la brise nocturne. Les mains enfouies dans les poches d'une vieille veste, Ina' rétracte ses orteils dans ses basket trouées. Elle attend. Elle se les pèle mais elle attend.

Les deux pégu qui montent la garde devant la grille, lui lancent parfois des regards circonspects. Elle doit être débile cette gamine à se pointer à l'aurore. C'est pas comme si c'était la première fois en plus. Elle avait pas encore compris que ça servait à rien de venir aux premiers rayons du soleil, que l’hôtel de ville ouvrait pas avant une bonne heure. Voilà qu'elle approchait.

- C'est toujours pas ouvert, on va pas te le répéter toutes les semaines.

Apparemment si. Sauf que, cette fois, elle se met pas en colère. La dernière fois ils étaient pas passé loin d'en venir aux mains mais, là, elle tournait les talons. Bordel, elle avait enfin percutée ? Il avait fallu le temps !

Ina' ramène sa capuche sur sa tête, plonge son menton dans une épaisse écharpe pleine de poils de chien et tourne à la prochaine rue. Elle contourne le palais du Roi fantoche. Elle avait déjà repéré les lieux une centaine de fois. Une patrouille de gardes. Une deuxième. Ina' s'élance. Son pied droit s'appuie sur le barreau vertical, ses mollets se contractent, son pied gauche percute une autre barre, ses mains agrippent le fil barbelé. L'acier transperce ses gants. Elle serre les dents et son corps glisse dans les airs. Ses genoux se plient à l’atterrissage, elle encaisse et l'impact est feutré. Son ombre se mêle à celle du bâtiment.

Ina' était une survivante, de celles qui savent se planquer, de celles qui ont pas le choix. Elle grimpe le long de la façade et profite d'une fenêtre tout juste ouverte par un personnel d'entretien. La démone s'avance dans le couloir menant à l'étage supérieur. Elle passe devant deux portes avant de s'arrêter. Une arme pointée derrière son crâne. Lentement, la demoiselle lève les mains. Elle n'essayait pas de résister. Il fallait se douter qu'il y avait un service de sécurité un peu plus performant que de simples patrouilles à l'extérieur. De la main droite cependant, elle pointe du doigt la porte devant laquelle elle a été arrêtée. Sur la petite plaque dorée incrustée dans le bois, un nom et un titre de noblesse.

Aethel Leiner.
Assistante du Gouverneur.


Le bureau d'une sorcière. Pour sûr. Mais il fallait peut-être une sorcière pour tenir un démon en laisse.
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Sam 11 Mar - 8:01


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Inanna Constantine

L'aurore n'est pas encore arrivée qu'Aethel est déjà présente à l'hôtel de ville ; c'est à peine si elle n'y a pas dormi, éveillée à pas d'heure par un pigeon aussi revêche que sa propriétaire. Nez plongé dans la paperasse, elle redresse ses lunettes de l'index avant de s'appuyer contre le dossier de sa chaise dans un long soupir. Et, sans s'en rendre compte, elle pique du nez, s'endort une nouvelle fois sans se soucier outre mesure de son emploi du temps sur lequel elle est toujours en avance.

Quand elle se réveille, c'est au son de coups frappés à la porte, ce à quoi elle hausse un sourcil avant de regarder l'heure qui lui arrache un petit sourire amer. Il est encore tôt ; trop tôt pour le public, et pourtant elle sait déjà ce qu'elle va trouver en ouvrant la porte. Derrière cette dernière se trouve une jeune femme aux cheveux de neige, peu galamment accompagnée d'un garde qui pointe son arme sur elle. Au moins sa protection est-elle correctement assurée et ses directives appliquées à la lettre, même si de façon peu conventionnelle.

« Vous pouvez baisser votre arme, Elya. » murmure-t-elle avec douceur. « C'est juste mon rendez-vous du matin qui s'est un peu emballé. N'est-ce pas, Miss Constantine ? Entrez, je vous en prie. »

Sa voix se fait plus ferme à l'adresse de son invitée, et c'est avec grâce qu'elle s'écarte du chemin pour laisser cette dernière pénétrer dans son bureau en désordre avant de fermer la porte. Le garde marmonne quelque chose mais hoche la tête, remettant son arme à sa place et repartant faire sa ronde.

« Vous désirez un café ? Un thé, peut-être ? » propose-t-elle dans une politesse exagérée à son interlocutrice tout en revenant derrière son office.

Un peu partout autour d'elles se trouvent des piles de livres, des feuilles volantes dont certaines marquées par des ronds de café et, sur un meuble dans un coin de la pièce, trônent les machines nécessaires pour appliquer sa proposition. Étrangement, c'est ce coin qui est le mieux rangé, comme si le lieu était sacré pour la sorcière aux cheveux cuivrés. Elle-même s'y dirige déjà, faisant vrombir la machine à café qui crache son contenu sombre dans une tasse qu'elle emporte ainsi, noire, sans sucre et sans lait. Il faut bien ça pour se tenir éveillée.

S'appuyant nonchalamment contre le mur taupe, elle porte aussitôt le divin breuvage à ses lèvres rosées et observe Inanna tout en sirotant son café encore bouillant, comme si la chaleur ne l'atteignait pas. Il paraîtrait que lorsqu'on naît dans les flammes de l'enfer, tout ce qui peut les rappeler est un bienfait - Aethel illustre parfaitement ces paroles en cet instant de silence qu'elle fait durer exprès pour observer les actions et réactions de son invitée. Dire que cette dernière aurait pu se contenter de signaler aux gardes à l'entrée qu'elle avait été convoquée par l'assistante du Gouverneur... Mais non, il a fallu qu'elle n'en fasse qu'à sa tête, fonçant tête baissée comme le Taureau qu'elle est, et qu'elle se fasse en plus attraper par la sécurité.

« Quitte à faire les choses, ne les faites pas à moitié. » souffle-t-elle au-dessus de sa tasse. « Maintenant, parlons peu mais parlons bien. Votre rapport de la semaine - en détail, je vous prie. Je me fiche bien de savoir que vous avez été sage, ce que je veux savoir, c'est ce que vous avez fait exactement. »

Et par là, elle entend bien sûr tout - de ses bonnes actions, dont elle doute qu'elles soient nombreuses, à ses erreurs, dont elle a déjà vaguement entendu parler. Changeant d'appui sur ses pieds, la belle en tailleur porte une nouvelle fois la tasse à ses lèvres, gardant son regard doré fixé sur le visage de sa vis-à-vis.



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Sam 11 Mar - 16:36

Oui c'est ça Elya. Cou-couche panier. La démone n'a pas besoin de le dire à haute voix, l'or maudit de ses prunelles fait très bien passer le message et la cancre ne se prive pas de fixer la garde droit dans les yeux alors que la porte se referme entre elles. Elya grogne, Ina' jubile. Cela ne durera pas.

La sorcière lui sort ses grands airs de petite duchesse, engageant des politesses que la blanche ne lui rendraient pas. Elle ne voulait rien boire. Elle ne voulait même pas être là alors faire durer le plaisir de cette entrevue, certainement pas. Elle restait d'ailleurs debout, prête à franchir la porte dans l'autre sens pour retourner jouer avec le gentil toutou ou à sauter par la fenêtre. Une option qui était sérieusement envisagée par Ina' à chaque fois qu'elle entrait ici.

La flamboyante créature du diable sirote son poison noir. C'était un peu ironique non, une sorcière qui se brule de l'intérieur. Ina' n'avait personne avec qui partager son trait d'esprit et en réalité, elle espérait peut-être que le feu prenne. Une combustion spontanée, ça pouvait arriver. Un brasier qui lui revenait en pleine poire. Le dragon crachait, sans prendre la peine de dissimuler ses sous-entendus, que la démone n'était pas douée.

- Je suis contre la maltraitance animale v'voyez. Votre toutou aurait pris une rouste s'il ne m'avait pas arrêté, non ?

Et elle croise les bras sur sa veste rapiécée, ses lèvres ne sourient pas mais son front flamboie sous l'éclat de ses yeux infernaux. Elle soutient avec autant d'aplomb sa déclaration que le regard de la petite dame. Ina' n'avait pas peur de l'autorité, elle devrait sans doute. La sorcière connaissait son point faible. Peut-être que la démone se rappelait de ce détail, elle quittait sa posture revêche pour arpenter la pièce laissant trainer son regard sur les documents éparpillés.

- Vous êtes bordélique.

Ne jamais se priver de pointer les défauts des autres. C'est une règle d'or. Ina' aurait pu s'en servir pour enchérir mais, une lueur d'intelligence due s'allumer quelque part car elle se rappelait des mots plein de sens de la petite dame "parlons peu". Plus vite elle ferait ce fichu rapport, plus vite elle serait dehors. Malgré son attitude, Ina' ne touchait à rien, elle ne s'asseyait ni sur un fauteuil, ni sur un coin de bureau -ce qui pourtant, elle en était certaine, aurait défrisé la dame-. Au lieu de ça, son corps était tendu comme celui d'un animal qu'on aurait enfermé pour lui apprendre à respecter son maître. Prêt à fuir. Prêt à mordre.

- J'ai été aux entrainements de la Dili', j'ai vu le psy. J'ai rempli mes obligations.

Elle omettait de dire que le psychologue en question avait jeté l'éponge et refusait de la revoir. Tant mieux, cela voulait dire qu'elle n'avait plus besoin d'y aller. Quant aux entrainements, elle avait blessé deux novices mais c'était pas de sa faute s'ils prenaient n'importe qui. Puis, elle avait respecté les règles cette fois, elle n'avait pas frappé en dehors des coups de sifflet indiquant le début du combat. Si c'était sensé être des combats amicaux ? Elle connaissait pas le concept.

- J'peux y aller ?

Qu'est-ce qu'elle pouvait lui raconter d'autre de toute façon ? C'était pas comme si elle allait faire du lèche-vitrine avec des copines ou prendre un verre au bar avec les collègues après le boulot. Ses loisirs se limitaient à promener Elf et à lire. Le premier, une sorcière s'en foutrait et Ina' n'avait aucune envie de parler de ses bons moments avec la personne qui lui en faisait vivre de mauvais et le second, la mégère pourrait s'en servir contre elle. Le taureau lisait des livres pour enfant qu'il planquait mieux que de la marchandise illégale.

L'animal réapprenait à lire, y avait pas ouf de bibliothèques là dehors et les acquis de ses huit ans avaient un peu foutu le camp, remplacés par tout ce qui avait pu la faire survivre. Mais ça, pas question qu'elle en parle à la harpie. Pas davantage qu'elle n'évoquerait ses après-midi récréatifs sous narcotiques ou le dernier dealer à qui elle avait pété le nez parce qu'il essayait de refourguer sa merde à un gamin même pas majeur. C'était sa merde.

Elle serre inconsciemment le poing, le bleu sur ses phalanges n'avait pas encore totalement disparu mais caché par ses gants il ne faisait pas d'histoire. Une tâche rouge fleurit sur le tapis quand Ina' se rappelle que c'est pas le bleu qui va lui attirer des problèmes. Elle enfourne ses mains dans ses poches et redresse un regard impatient sur son bourreau.  
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Dim 12 Mar - 11:49


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Inanna Constantine

Sirotant tranquillement son café, Aethel observe sa proie comme un vautour attendant le bon moment pour frapper. Cette dernière piétine, vire, tourne, sans jamais se poser. Ce n'est pas la première fois, ni la dernière, mais la rousse soupire tout de même légèrement en constatant que les choses ne vont pas en s'améliorant. C'est comme avoir affaire à une enfant désobéissante qu'il faut rappeler à l'ordre toutes les cinq minutes - épuisant.

« Elya, qui n'est pas un animal, aurait effectivement eu droit à quelques remontrances. Cela dit, ce n'est pas de sa faute si vous négligez les portes. » répond-elle d'un ton doucereux.

En soi, la bévue est entièrement à la charge d'Inanna, et la sorcière aux cheveux carmins n'hésite pas une seule seconde à le lui rappeler se sa pique délicate ; punir quelqu'un pour les erreurs d'un autre, très peu pour elle. Constatant que sa vis-à-vis n'a décidément aucune intention de s'installer dans l'un des fauteuils faisant face au bureau et à sa pile de paperasse, Aethel prend le parti de rester appuyée contre son mur pour  laisser un maximum de place à la démone, que celle-ci prenne ses marques. Elle l'écoute patiemment, silencieusement, se contentant de hausser un sourcil à son rapport avant de secouer lentement la tête de droite à gauche.

« Non, vous ne pouvez pas. »

On peut sentir dans la voix douce que la rousse perd un chouilla de sa patience. Ayant terminé sa tasse, elle la redépose à sa place avant de s'avancer vers son invitée, d'une démarche aussi ondulante que celle d'un serpent prêt à se saisir de sa proie. Une fois plantée devant elle, elle promène son regard d'or fondu de haut en bas, avant d'aviser la tâche carmin au sol. Ses yeux se font plus dur tandis qu'elle redresse lentement la tête pour les plonger dans ceux de son interlocutrice.

« Vos mains. Je veux les voir. »

Et sans vraiment s'attarder sur une improbable permission, elle s'empare du frêle poignet, le serre un peu plus que nécessaire et ressort la main incriminée de la poche dans laquelle elle est rangée, main qu'elle défausse de la protection relative de son gant sans même attendre une protestation d'Inanna. À la vue de la blessure, ses yeux s'étrécissent un peu plus et un claquement de langue se fait entendre dans le silence qui a suivi son ordre. Relâchant sa victime pour retourner à son bureau, elle ouvre plusieurs tiroirs avant d'enfin en sortir un nécessaire de soin dans lequel elle prend du désinfectant et un bandage ; le strict minimum. Revenant aussi vite vers sa cible, elle s'accapare de force de sa main et y verse le liquide sans même prévenir du fait que ça va piquer.

« Miss Constantine. J'aimerai de votre part un peu plus de respect pour votre corps et celui des autres. »

Tout en parlant, elle continue son office, s'appliquant ensuite à bander la main qu'elle s'est appropriée de force. Sa phrase indique clairement qu'elle a déjà reçu des rapports concernant la petite brute. Deux novices blessés, et un psychologue qui ne voulait plus rien avoir à faire avec elle. Heureusement pour elle, Aethel n'était pas mécontente sur toute la ligne - dans le premier cas, elle avait respecté les règles et, dans le deuxième, eh bien... Chaque psy étant différent, ils ne pouvaient pas convenir à tous les patients, surtout quand ces derniers étaient aussi difficiles à gérer que la créature aux cheveux blancs.

« Quant au psychologue, Miss Constantine, ne vous réjouissez pas trop vite - vous irez en consulter un autre. Et un autre encore, si cela s'avère nécessaire. »

Satisfaite de ses soins rudimentaires, elle relâche enfin sa prise et retourne ranger le désinfectant à sa place. Ensuite, elle s'installe dans son fauteuil à haut dossier, croisant un bras sous sa poitrine et appuyant son coude sur ce dernier pour mieux reposer son menton dans sa main, observant la démone sous toutes les coutures.

« Assis. »

Un ordre simple, mais qui contient une part de mise en garde. Comme toujours, la vie d'Elf entre les murs de la ville pèse dans la balance, même si Aethel n'apprécie pas plus que ça de menacer un animal innocent. Mais puisque c'est la seule chose qui semble fonctionner avec Inanna... Quittant sa position de chasse pour se concentrer sur quelques papiers devant elle, qu'elle signe machinalement, la rouquine reprend la parole après un soupir aussi profond que son manque de foi envers la personne en face d'elle.

« Soyez claire et concise : qu'est-ce qui ne vous satisfait pas dans votre vie en ville ? »



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Lun 20 Mar - 21:26

Le crotale vermillon ondule jusqu'au taureau qui, solidement campé sur ses positions, ne bronche pas. Ina' avait la tête dure et ce n'était pas une vipère qui lui ferait peur. Elle en avait vu d'autres. Elle s'attendait à recevoir une dose de venin, des mots agacés, acérés ou seulement emplis du poison haineux qu'on lui envoie à la figure de temps à autre. Elle le cherchait, non ? Le vilain petit canard était prêt à encaisser, en silence pour une fois, impossible de répliquer, Elf était sur la balance. La sorcière la reluque des pieds à la tête. Alors quoi ? Elle prépare une remarque sur sa tenue ? Fallait qu'elle mette un costard pour se pointer dans son bureau ?  

Elle voulait voir ses mains ? Hein ? La jeune femme hausse un sourcil, surprise. Elle jugule un mouvement brusque lorsque l'assistante du gouverneur se saisit de son poignet. D'habitude les rares inconscients qui se risquent à la toucher gagnent un coquard, au mieux. Ina' se raidit. Elle peut pas lever la main sur la petite dame. Les prunelles d'ambre suivent les mouvements de la sorcière, Ina' attend la mauvaise blague. Elle allait appuyer là où ça faisait mal mais physiquement cette fois ? La harpie jetait bien du liquide sur la plaie mais, si c'était ce picotement qui devait la torturer, c'était plutôt mou du genou comme supplice.

La démone réalisait lentement que sa tortionnaire était entrain de la soigner. L'idée était plus dérangeante que celle d'une torture physique. Elle voulait résister, lui balancer qu'elle était pas sa mère, qu'elle pouvait aller faire sa bonne action ailleurs, qu'elle avait pas besoin de ces conneries de bandages.. Les mots s’emmêlaient dans sa gorge. Depuis combien de temps.. personne ne s'était inquiété de soigner ses bobos ?

Aethel se détourne, son ouvrage terminé, elle va ranger la bouteille de désinfectant. Inanna baissait les yeux sur le bandage qui entourait désormais sa main. Elle devrait le retirer tout de suite.. avant que le désagréable sentiment qui avait commencé à poindre le bout de son nez ne prenne racine. Elle redressait l'ocre de ses prunelles juste à temps pour voir la dame s'asseoir et lui balancer son ordre. Quelle conne, elle avait bien failli se faire avoir. La sorcière restait une sorcière. Le coup du bandage ça devait être une technique, un subterfuge pour arriver à ses fins, un autre truc de sorcière.

La cancre reste debout, encore quelques secondes, juste assez pour reprendre sa propre posture de démone. Puis, la chaine se tend et elle finit par obéir, elle pose un bout de fessier à l'extrémité du siège le plus proche, prête à décamper. Claire et concise, est-ce qu'elle ne l'était pas en permanence ? Quant à la suite de la question..

La tignasse blanche mal coiffée du chat de gouttière suit le mouvement du stylo tenu par l'assistante du gouverneur alors qu'elle signe ses documents. Ce qui ne la satisfaisait pas dans cette vie en ville ?

Tous ceux qu'elle avait connu depuis ses huit ans, tous ceux qu'elle avait aimé et tous ceux qui l'avaient aimé, tous étaient morts. Ses voisins de tentes, ses camarades, ses amis, les enfants, les adultes, ses parents, son frère, tous partis. Elle était ici, dans cette ville, dans ce bureau, à l'abri, au chaud, le ventre plein tous les jours, et eux pourrissaient quelque part dans la forêt, leurs intestins avaient du nourrir pas mal de monstre et de bestioles avant que leurs os ne finissent par s'enterrer d'eux-mêmes. Et elle, elle était là. Incapable de communiquer autrement que par le conflit et le rapport de force. À faire des rapports à la con à des gens qui en avaient rien à carrer ni d'elle, ni d'Elf.

La commisération, la frustration, la colère, parfois dans cet ordre, qu'on lui servait quand elle était muette et maintenant qu'elle l'ouvrait, tout ce qu'on attendait d'elle c'était qu'elle la ferme. Qu'elle soit concise et qu'elle disparaisse. Etait-ce difficile de comprendre qu'elle avait envie de foutre en l'air ce bureau ? L'envoyer embrasser la fenêtre et exploser le reste de ce putain de bâtiment, juste pour donner à tous ces costards cravates gentiment enfermés dans leurs bureaux un aperçu de ce qu'était la vie, sa vie.

À combien de battements de cœur résisterait la mairie ?

Elle pourrait tout détruire, ensevelir tous ces cons sous leurs paperasses et sous les gravas, la sorcière ferait quoi si le plafond lui tombait sur le coin de la gueule ? Elle pourrait tout détruire et c'était une putain de terreur avec laquelle elle devait vivre.

Qu'est-ce que cette poupée rousse pouvait savoir de tout ça ? Elle avait sans doute vécue ici toute sa vie, protégée, choyée, aimée. Sa plus grande peur c'était quoi ? Que les soldes soient finies avant qu'elle ait pu acheter son prochain tailleur ? Le soir elle rentrait, embrassait son mari ou le couillon qui s'était fait avoir et avait bu dans son chaudron.. Et elle dormait bien tranquillement en pensant aux chiots qu'elle torturerait le lendemain ?

Ah non, c'est vrai, elle avait une réputation. C'était une Douze aussi. Ina' s'avance, des mèches blanches tombent sur le bureau alors que ses prunelles infernales cherchent leurs homologues.

- C'est vrai que vous relevez les morts ?

Cela aurait pu être une pique mais le ton n'y était pas. Ce n'était pas non plus de la curiosité macabre. Il y avait autre chose. Pour une fois, la démone s'intéressait à autre chose qu'elle-même et son chien. Elle était même prête à donner quelque chose en échange, une preuve de bonne foi, ou quelque chose qui s'en rapprochait.

- J'irai voir le psy que vous voudrez.. Si j'ai pas déjà fais l'tour.
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Mar 21 Mar - 3:02


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Inanna Constantine

Le silence s'éternise, uniquement brisé par le son râpeux du stylo sur le papier. Le geste en est devenu tellement machinal que la sorcière se permet quelques regards à son interlocutrice par-dessus sa paperasse. Cette dernière, qui avait momentanément perdu de sa superbe lors de ses soins abstraits, semble l'avoir maintenant retrouvée et elle la jauge d'un regard curieux, comme si elle découvrait seulement maintenant quelque chose de valeur dans le portrait carmin posé devant elle. Lorsqu'au lieu d'une réponse, une question sort, Aethel s'arrête immédiatement de signer, la main en équilibre dans les airs, les sourcils froncés. Lentement, prudemment, elle repose son arme d'écrivaine sur le feuillet devant elle et croise les mains sur le bureau, observant son interlocutrice avec plus d'attention encore.

« Je saurai trouver quelqu'un que vous n'ayez pas déjà épuisé, soyez-en sûre. »

La rousse a déjà quelques noms en tête, mais devra se poser quelques minutes pour évaluer leur potentiel face à un démon tel que celui qui lui fait face. Ce qu'il lui faut, ce n'est pas de la commisération, mais une bonne dose de compassion et, surtout, une volonté en fer pour ne pas se briser les dents sur sa carapace plus que solide. De la patience, donc. Quelque chose dont l'assistante du Gouverneur ne manque heureusement pas, aussi penche-t-elle la tête de côté pour plonger ses yeux d'or dans les pupilles d'ambre qui cherchent les siennes.

« Effectivement, je relève les morts. »

Les mots sont bien choisis, pleins d'une retenue mesurée. Elle les relève, elle ne les ranime pas, mais commence à voir où veut en venir la créature aux cheveux blancs. Ce n'est malheureusement pas une chose qu'elle peut lui offrir. À moins qu'elle ne se contente de zombies décérébrés.

« Toutefois, je me dois d'émettre des réserves sur ce fait. Ce ne sont plus… les personnes que vous pourriez avoir connues, si telle est votre prochaine question. »

Au mieux, elle pourrait lui offrir dix minutes de chagrin intense, ce qu'elle ne voudrait infliger pour rien au monde à personne, sinon à elle-même. Encore que son petit démon pourrait peut-être y trouver une certaine forme de paix, comme elle-même lorsqu'elle va sur sa tombe pour la ranimer, bien que ses propres incursions ne soient pas saines pour deux sous. D'un autre côté, la demoiselle peut également se tromper. Sa locutrice pose peut-être cette question par pure curiosité pour l'une des douze, elle qui en fait partie mais ne s'y est pour l'instant pas mélangée. À cette pensée, Aethel se sent parcourue d'un long frisson glacé à l'idée même de ce qu'Inanna pourrait accomplir. Si elle le décide, elle pourrait même raser la mairie, ne laissant que quelques briques et de la poussière derrière elle.

L'échange retombe au point mort, et ce n'est qu'après s'être emparée d'une paire de lunettes rectangulaires à la fine monture dorée que la Balance reprend son office, notant à présent avec soin ses rendez-vous et ceux d'Asteria dans un carnet à la reliure de cuir sombre. Puis, finalement déconcentrée par le regard qui ne la quitte pas, elle repose à nouveau son stylo et relève la tête.

« Ai-je répondu à toutes vos interrogations, Miss Constantine ? Non, je demande car… Bizarrement, je n'ai aucun souvenir d'avoir obtenu réponse à la mienne. »

Même si elle se doute de l'explication. Retrouvée seule au dehors, Inanna n'avait plus personne, sinon Elf, la monnaie d'échange même que la rouquine utilise pour s'assurer l'obéissance au moins partielle de la jeune femme. Cette dernière doit se sentir bien seule, enfermée derrière les barreaux d'une cage dorée dont tant de gens conservent les clefs - des gens qui, à ses yeux, doivent tout posséder dans leur vie bien rangée derrière les remparts. Dans un sens, elle n'a pas tout à fait tort pour certains qui se délectent de la sécurité d'Aurora. D'autres, en revanche, ont souffert autant qu'elle, et c'est ce point que la démone neigeuse ne semble pas assimiler.

Aussi le regard de la harpie se fait-il plus dur à l'égard de celui de son invitée matinale. Elle aimerait lui faire comprendre ce fait de façon subtile mais, pour cela, encore faudrait-il parvenir à l'atteindre.

« Dites-moi, Miss Constantine, ce qui pourrait être fait pour vous mettre plus à l'aise. » finit-elle par dire d'une voix plus douce que ses yeux. « Contrairement à ce que vous semblez croire, le monde autour de vous ne vous veut pas que du mal. »

Jetant un regard momentané et insistant sur la main bandée de sa vis-à-vis, la serpentine en revient rapidement sur son visage pour l'observer avec autant de circonspection que d'intérêt, voire de curiosité. Sa question précédente lui trotte toujours dans la tête.

« Désirez-vous retourner à l'endroit où on vous a trouvée ? Ou plus loin, peut-être ? »

Le ton est suave, la proposition sincère. La vipère sait, de source sûre, que personne n'a encore osé faire cette offre à celle qui lui fait face, de peur de la voir se faire la malle. Pour sa part, elle n'y croit pas. Ce qu'elle croit, en revanche, c'est qu'il reste des choses en suspens dans le cœur de la jeune personne qui lui fait face, des choses qui ne pourront pas être réglées entre les murs protégés de la capitale. Dans tous les cas, si ce n'est que ça, ça peut s'arranger. Une équipe pourrait être dépêchée sur le terrain dans le seul but de ramener la diablesse à son point d'ancrage, qu'elle y fasse peut-être enfin son deuil. Exceptionnellement, Aethel elle-même pourrait se déplacer dans la nature pour y détecter des sources de mort et apporter un point final à l'histoire de sa compagne matinale. Peut-être n'est-ce pas sa vie en ville le problème, mais bien l'absence de sa vie extérieure.

Cela dit, elle ne prononce rien de tout cela, se contentant d'attendre en posant son menton sur ses mains jointes, sans jamais lâcher du regard sa proie prête à bondir hors du fauteuil sur lequel elle est à peine posée - position qu'elle connaît bien pour en être une grande pratiquante elle-même.



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Aethel Leiner
Mar 21 Mar - 20:39

La pointe du stylo se suspend au-dessus du papier, dans l’infime intervalle qui les sépare s’engouffre la question indiscrète de l’âme en peine. La nymphe de feu répond par l’affirmative, sans chercher à esquiver la question ni à enrober la réalité pourtant macabre de son don. Elle relevait les morts. Elle ne ramenait pas les vivants.

La démone comprend. Elle n’espérait rien. La mort avait emporté ses compagnons, les uns après les autres, son enfance avait été pavé de chagrins et de deuils si successifs qu’elle avait rapidement appris à faire avec. Bien avant cette journée où tout lui avait été enlevé, elle avait compris que la faucheuse faisait partie de sa vie, une compagne de plus dans leur petit groupe. Elle ne l’avait jamais maudite d’avoir emporté sa famille, ce n’était pas sa faute mais la sienne, puis quelque part.. elle aussi, était la dernière survivante de leur groupe.

Un instant Inanna semble se perdre dans ses pensées, dévisageant la sorcière alors qu’elle se saisissait d’une paire de lunettes. La démone ignorait sa remarque comme si elle ne l’avait pas entendue. Une flamme étrange illuminait la fournaise de son regard.

- Qu’est-ce que ça vous fait, quand vous utilisez votre pouvoir ?

Si Ina’ n’avait aucun droit de lui poser la question ? Depuis quand cela l’arrêtait ? Un pouvoir aussi macabre ne devait pas faire l’unanimité mais, tout ce qui intéressait la démone c’était de savoir ce que ressentait Aethel ?

La blanche n’en démordait pas mais, lorsque la rousse lui rappelait que tout le monde ne voulait pas sa mort sur le bûcher, elle rangeait brusquement sa main bandée au fond de sa poche. C’était donc comme ça que sa technique de fausse gentille lui servait ? Ina’ n’arrivait pas à croire un seul instant que sa question puisse être sincère. La mettre à l’aise ? Elle cherchait à l’attendrir avant de la jeter dans son chaudron avec des petits oignons ? En réalité, elle ne voyait pas non plus ce que sa réponse pouvait lui apporter et croyait encore moins que cela pouvait lui importer d’une quelconque manière.

Mais Ina’ ne s’attendait pas non plus à ce que la sorcière lui demande si elle voulait retourner d’où elle venait.

- Vous prendriez le risque de perdre une équipe de la Dili’ pour que j’aille jouer aux osselets dans la nature ? Ou c’est une façon subtile de me dire de retourner chez moi ?

Avait-elle envie d’y retourner ? Était-ce seulement envisageable ? Elle avait marché pendant un an avant d’être assez proche d’Aurora pour être trouvée. Et elle voulait être trouvée. Elle voulait vivre. Si elle retrouvait le chemin qu’elle avait parcouru, voudrait-elle remonter cette voie ? Que ferait-elle une fois là-bas ? De retour dans son Enfer, la démone deviendrait-elle ange rédemptrice ou Reine infernale ? Ina’ ne savait pas répondre à cette question. Ou plutôt, elle avait peur de savoir. Les anges peuvent tomber, ils perdent leurs ailes et gagnent de jolies cornes bien pratiques pour les barbecues. Les démons eux.. ne gagnent jamais d’auréole.

Ina’ n’avait jamais raconté ce qui s’était passé là-bas, comment elle s’était retrouvée seule, ce qui était arrivé au reste du groupe avec lequel elle était partie huit ans plus tôt, elle n’avait jamais vraiment eu besoin de dire qu’ils étaient morts. La devinette était simple. C’était une ritournelle qui tournait dans l’air, les monstres faisaient des orphelins tous les mois. Son histoire n’intéressait personne, d’autant plus que ceux qui mourraient ici avaient une bonne excuse, ils cannaient pour Aurora. Sa famille à elle, n’avait servi à rien. Il était certain que pour les rares habitants qui se souvenaient encore de ce groupe dissident parti en 56, ils étaient tous morts au moment où ils avaient quitté la ville.

- Si vous voulez me foutre à la porte, faudra le faire vous-même. Si c’est bien vrai que vous ne les considérez pas comme des animaux, sacrifiez pas vos toutous et salissez-vous les mains.

C’était d’ailleurs du gâchis de garder une nécromancienne enfermée dans un bureau. Parmi les Diligentia, elle aurait eu de quoi utiliser son pouvoir sur le terrain mais là, en ville, elle allait relever qui, le dernier vieillard ou estropié qui aura eu la chance d’être transporté jusqu’à l'hôpital avant de crever ? C’était pas vraiment des cadavres prémium, non ?

La démone était bien mal placée pour juger quelqu’un qui aurait choisi de ne pas se servir de son pouvoir mais, elle n’était pas à une contradiction prêt.
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Mer 22 Mar - 17:26


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Inanna Constantine

De toute évidence, Aethel peut toujours courir pour obtenir la réponse qu'elle cherche désespérément à arracher à la bouche de son interlocutrice - cela dit, l'absence de vocalisation de cette dernière est un indicateur en soit, celui d'un mot unique : tout. Tout dérange la démone neigeuse dans sa vie en ville, depuis les gens qui tentent d'interagir avec elle jusqu'aux briques même qui protègent cette dernière. Une situation à laquelle il n'est pas impossible de remédier, même si l'ingrédient principal, aussi amer soit-il, n'est rien de plus compliqué que le temps lui-même.

La question qui franchit les lèvres de sa vis-à-vis a le mérite de dérouter la sorcière, dont les épaules se raidissent imperceptiblement. Ce que ça lui… fait ? La demande est claire, ne concerne pas son fonctionnement précis mais bel et bien les sentiments que son utilisation produit chez elle, une première pour la rousse qui appuie un peu plus fort son menton sur ses doigts croisés. Ses sourcils se froncent tandis qu'elle réfléchit à la réponse la plus adaptée. Elle se range finalement du côté de la franchise pure et simple.

« Je ressens de la fascination. De la haine, aussi. »

Haine contre ceux qui ont eu le culot de mourir devant elle, et contre sa propre personne incapable de les relever tels qu'ils étaient à l'origine. Retirant ses lunettes pour les reposer sur le bureau face à elle, la rousse se redresse dans un profond soupir et s'appuie lourdement contre le dossier de son fauteuil. Passant ses mains fines sur ses yeux fatigués, on peut clairement voir que cette seule interrogation lui a gâché la journée.

Les pensées parasites se croisent, s'entrechoquent, se recoupent pour former un tableau dérangeant : celui d'une créature de mort relevant ces derniers à la chaîne sans se soucier qu'ils aient été amis ou ennemis pour les envoyer contre des vagues de créatures inconnues. Voilà ce qu'elle est, une erreur de la nature qui s'enferme dans un bureau pour mieux s'éviter le regard dérangé de ses compatriotes. Ceux-ci la craignent déjà assez sans avoir vu son pouvoir à l'œuvre, alors qu'en serait-il si elle s'appliquait tous les jours à faire étalage de son sombre don ?

Cela dit, une fois dehors, ce dernier est d'une utilité certaine. S'ils sont limités dans le temps, ses zombies ont le mérite de pouvoir encaisser des blessures que les vivants ne pourraient tout simplement pas supporter. En plus de ça, son don n'étant pas limité aux seuls humains, Aethel a pu avoir un aperçu non négligeable du fonctionnement de certains monstres, quand bien même existe-t-il une certaine complexité à maîtriser ce qui ne nous ressemble pas dans la physiologie. En cela, les rapports de la Diligentia lui sont vitaux : plus elle en sait sur ces créatures, plus facile devient la possession de leurs cadavres.

Toute à ses pensées, la jeune femme ne remarque même pas qu'elle a lâché un soupir dépité à l'intervention d'Inanna.

« Si je voulais vous voir retourner "chez vous", ce serait déjà fait. En outre, je vous rappelle aimablement que vous êtes déjà chez vous. »

Ce n'est pas comme si la démone abusait de l'hospitalité de quiconque, celle-ci lui étant due - elle n'est pas, et n'a jamais, été responsable du départ de son groupe qui, à l'origine, venait de la ville. Remettant finalement ses lunettes au bout de son nez, l'assistante du Gouverneur fouille dans ses papiers et en sort quelques uns qu'elle lit avec attention avant de se mordiller la lèvre inférieure. Monter une équipe d'exploration n'est pas une chose compliquée au premier regard, encore faut-il le justifier correctement.

« Quant à me salir les mains, ce n'est pas une option que je mets de côté. La seule question qui reste en suspens est de savoir si "jouer aux osselets" vous ferait du bien. »

Baissant le papier de devant son visage, la harpie plonge ses yeux d'or fondu dans ceux de sa locutrice, visiblement très sérieuse. Si tant est que l'action est bénéfique à Inanna, la garde du corps est prête à confier ses responsabilités à une personne de confiance pour quelques courtes journées. Entre elles, la corde se tend, ne gardant sur son fil que deux possibilités : oui ou non.

« Bien sûr, il faudra passer par l'accord préalable de vos supérieurs et celui du Gouverneur, et une équipe nous sera dans tous les cas dépêchée, mais… C'est une opportunité que je vous offre. »

Bien sûr, si la diablesse décide que cette option ne l'intéresse pas, ce ne sera pas Aethel qui ira insister sur tous les tons, cette offre en est donc une à durée limitée. Reposant son papier sur l'office, la nécromancienne se lève pour faire le tour du bureau et venir se planter à côté de sa blanche compagne, esquissant un mouvement du menton en direction de la main qu'elle a soignée.

« Tout le monde ne vous veut pas nécessairement du mal. Vous feriez bien de ne pas l'oublier. »



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Mer 22 Mar - 21:56

Une aube étrange se lève sur l'or flamboyant des prunelles démoniaques alors que la sorcière se fend d'une réponse avant de se perdre dans les limbes soulevées par la question. Inanna l’observe. La découvre. Elle qui l'avait imaginé un bon nombre de fois pieds et poings liés à un poteau de bûcher, la regardait vraiment pour la première fois. Elle était têtue, inculte, insupportable et irresponsable mais, elle elle comprenait mieux les autres que ce qu'elle voulait bien admettre. Puis, la haine, c'était un peu son domaine.

Qui haïssait Aethel ? La démone ne doutait pas qu'elle n'était pas seule sur le podium.

Pourtant, elle n'imaginait pas que la sorcière pouvait s'en prendre à elle-même. Non. Cela ne l'effleurait pas un seul instant. Elle détestait les vivants. Ceux qui la jugeaient pour ce qu'elle était ? Ou ceux qui osaient mourir avant elle ?

L'or se confronte à un regard du même alliage.

Et dans un coin de sa tête trop souvent utilisée comme bélier, la démone se rend compte, qu'elles pourraient se ressembler. Ou qu'elle était entrain de se projeter sur la sorcière. Brrr. La panthère blanche s'ébroue et chasse au loin son empathie. La rousse lui affirmait que si elle voulait son départ, il aurait déjà eu lieu. Ce n'était pas faux, Ina' le savait, elle n'avait jamais mérité sa place ici et elle ne manquerait à personne si on l'envoyait se faire une cabane dans la forêt. Quant à considérer Aurora comme son chez elle, la sorcière devait faire de l'humour.

La suite devait appartenir au même registre. Elle ne pouvait pas sérieusement envisager une expédition dans la forêt rien que pour Ina'. Pour qu'elle se sente bien ? La démone ne sait pas si elle doit rire de ce foutage de gueule ou juste se casser. Mais elle ne bouge pas. La sorcière est sérieuse. L'ours polaire mal léché et à peine assis sur son fauteuil, ne sait plus quelle tête faire. Son menton lui en tomberait si elle ne gardait pas toujours la mâchoire solidement fermée, comme incapable de se décrisper.

La nécromancienne se lève et fait le tour du bureau pour se planter à côté du petit monstre en laisse. Ina' est sans voix, elle ne voit pas pourquoi la sorcière se montre aussi généreuse. Elle devait forcément avoir quelque chose à y gagner ? Elle ne pouvait pas juste vouloir son bien, comme ça. Cela sortait de nul part, c'était louche ! La jeune fille était partagée, entre sa méfiance naturelle et une curiosité nouvelle, pour la sorcière, pour ce qui les rapprochait, pour ce qu'elle pourrait trouver sur le chemin de son passé.. Puis Aethel fit un signe du menton et dans ses mots, la démone sentit la laisse se tendre brusquement, à lui en scier la nuque.

Ah. C'était ça.

Inanna se lève, cela aurait pu être brutalement si elle n'avait pas été si proche de se lever depuis qu'elle était assise. Elle retire sa main bandée de sa poche et de la valide, déchire violemment le bandage pour le balancer nonchalamment sur le bureau de l'assistante du gouverneur, laissant une trace carmine sur ses documents.            

- Vous avez pas besoin d'une autre laisse pour me tenir.

Elle aboie. En colère contre elle-même d'avoir cru un instant qu'on pouvait juste chercher à la comprendre, à l'aider. Cette fausse gentillesse c'était juste pour lui proposer une muselière. La soigner pour pouvoir lui rappeler qu'elle avait une dette. Qu'elle devrait être reconnaissante. Qu'elle devrait être contente. Ne pas mordre la main qui vous nourrit, hein ? La première leçon d'un bon toutou.

Le Taureau toise la Balance avec autant de hargne qu'il y avait eu de curiosité un moment plus tôt. L'aube s'est échappée, ne restait qu'un soleil écrasant, colérique et bien seul dans un ciel inexistant.

- Si j'crève avant vous, vous pourrez me haïr et utiliser ce qui reste de moi comme pinata, ça vous fera de la popularité et des bons souvenirs, j'en ai rien à carrer. Mais si vous crevez avant moi, je garderai votre tête au bout d'une laisse et je m'en servirai pour taper sur les monstres.

Quelle belle déclaration d'amour. La démone se tenait prête à esquiver l'attaque qui, habituellement, suivait ce genre de tirade. Cela étant, il était clair que le pouvoir de la nécromancienne ne l'effrayait pas et qu'elle-même n'avait aucun problème avec le fait d'utiliser un cadavre à ses propres desseins. Même si c'était une provocation. Ina' n'était pas une menteuse. Ce qui était aussi louable que dérangeant.

- Si vot' proposition est pas une connerie de plus pour me faire fermer ma gueule quand ça vous arrange..

Si un bandage pouvait être utilisé comme muselière, quand serait-il d'une excursion au fin fond de la forêt ? C'était sans doute des conneries de toute façon. La sorcière était derrière un bureau depuis trop longtemps mais elle pouvait pas ignorer qu'une telle expédition ne reviendrait certainement pas entière. Ina' attendait, un rire diabolique, une claque en l'air, un coup de pied dans les burnes qu'elle n'avait pas, un truc.. Avant de poursuivre, plus bas.

- J'y réfléchirais.

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Sam 25 Mar - 20:11


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Inanna Constantine

L'or se croise, se confronte, se comprend un peu plus à chaque instant ; et dans une innocence qu'elle ne ressent pourtant pas, Aethel pense que son interlocutrice commence à tilter sur ses mots, sur ses gestes, sur la moindre de ses pensées. C'est à la fois rassurant et déconcertant pour celle qui tient la laisse d'une main de fer dans un gant de velours. Pourtant, lorsque la neigeuse se lève pour se débarrasser avec hargne du bandage imposé, c'est une moue attristée qui déforme les traits de la nécromancienne. Décidément, ce Taureau mal dressé ne sait pas accepter la bonté tant elle semble se persuader que celle-ci est feinte. Une erreur de plus sur son dossier, que la rousse ne manquera pas de faire remonter en temps voulu à Asteria. Mais pas tout de suite, pas maintenant, pas tant que l'animal encagé ne devient pas d'une sauvagerie dangereuse pour Aurora. Qu'elle le soit pour la sorcière, passe encore.

« Non, en effet. Je n'en ai pas besoin. » appuie-t-elle, comme pour lui signaler que tel n'était pas le cas, que son caprice est vain.

Cela dit, les petits poings de la carmine se serrent violemment aux mots suivants, violents, crachés d'une voix hachurée qui pense tout ce qu'elle dit. La tentation de mettre une gifle à sa locutrice est fortement présente, mais elle résiste, esquisse une simple grimace de dégoût à l'idée de voir sa tête trimbalée comme un trophée ou pire, une arme improvisée. Est-ce cela que ressentent ses alliés lorsqu'elle relève le corps d'un de leurs compagnons tombés au combat ? Sûrement. Un sentiment dérangeant, il est vrai, mais pas de quoi s'énerver autant.

À la place, la rouquine croise les mains dans son dos, ne se souciant que très peu de l'état de ses documents. Ce qui lui importe, présentement, sont les sentiments décuplés de sa proie et la façon qu'elle a de se tenir - celle d'une personne prête à se ramasser un coup et à l'esquiver. Une position qu'Aethel connaît bien, trop bien, et qui lui fait grincer des dents tandis qu'elle répond d'un placide :

« Je ferai mon possible pour ne pas mourir avant vous, en ce cas, Miss Constantine. Ainsi pourrai-je me haïr de ne pas avoir pu prévenir votre mort ; ce qui ne vous empêchera pas, soyez-en certaine, de me servir jusqu'au bout, comme tout un chacun. »

Franche, trop franche, la Balance sort ces derniers mots d'entre ses lèvres serrées, blanchies par la pression, sans prendre conscience qu'elle a laissé s'échapper la principale cible de son hostilité - elle-même. Mais qu'importe, en vérité ? Elle hausse les épaules, se retourne sur le bureau pour le débarrasser du bandage souillé qu'elle jette dans une corbeille à papier à sa droite, observant avec attention le sang qui s'y est écoulé. Bien, qu'elle saigne si elle le désire. Au moins est-ce une preuve indiscutable qu'elle est toujours en vie. Cela dit, la blessure doit déjà s'être résorbée un minimum sous l'effet de la pression du tissu ; d'un coup d'œil en arrière, la membre des douze s'en assure, constatant que celle-ci a au moins le mérite de ne plus tâcher son tapis hors de prix.

« Pour en revenir à ma proposition, cette dernière est sincère, et sans conditions. »

Par là, elle entend bien sûr que ça n'augmentera pas la dette de la démone à son encontre, même s'il est évident qu'elle ne la réduira pas non plus. Quoique… Si la ballade peut lui faire du bien, peut-être sera-t-il temps de laisser un peu de lest à sa compagne matinale.

« Tout ce que j'attends de vous, c'est que vous soyez capable de retrouver votre chemin. »

Après tout, les Diligentias qui l'ont découverte pourront les mener jusque là, mais guère plus loin, et rien que ce fait angoisse légèrement la jeune femme qui s'imagine déjà tourner en rond durant de longs jours dans une zone infestée de créatures en tous genres. Mais ce sont les risques du métier - bien qu'Asteria serait le premier à lui rappeler que tel n'est pas le sien. Cela dit, Inanna est la preuve concrète qu'on écoute pas toujours ses supérieurs d'un bout à l'autre de leurs instructions.

« Veuillez vous rasseoir, je vous prie. À moins que vous ne désiriez mettre le reste de mon bureau à sac ? »

Faisant de nouveau le tour de ce dernier, tant pour s'éloigner de la furie que pour la laisser respirer, Aethel retourne dans son confortable fauteuil et s'applique à remettre en ordre les feuilles de papier s'étant dispersées sous le coup de la colère soudaine de son invitée.

« Vous n'avez toujours pas répondu à ma question. Je vais donc la reformuler autrement : que puis-je faire pour rendre votre séjour à Aurora plus agréable ? »



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Mar 4 Avr - 19:59
L’attaque ne vint pas. La sorcière avait serré les poings et pincé les lèvres mais, elle s’était vraisemblablement retenue d’en mettre une à la démone. La vipère gardait son sang froid, cela ne devrait pas étonner Ina’, pourtant elle était visiblement surprise.

- Pourquoi vous haïr ?

Nonobstant l’inimitié qu’elles se portaient mutuellement, Inanna ne voyait pas d’explication à cette phrase, Aethel n’était pas responsable de la démone et personne ne viendrait lui taper sur les doigts si elle devait rendre l’âme. Ou peut-être parce qu’elle était une des Douze ? Ina’ n’avait jamais considéré que cela la rendait précieuse, bien au contraire. Sa mort ce serait sans doute un fléau de moins pour Aurora. La blanche détourne le regard, elle n’a guère réagi à la promesse d’Aethel d’utiliser sa dépouille, cela lui fait si peu d’effet que les mots semblent l’avoir survolés sans l’atteindre.

- C’est pas vot’ rôle de me protéger.

C’est le mien. Mais elle ne le dit pas. Pas davantage qu’elle ne lui dira que si un monstre devait débarquer dans le bureau, elle mettrait sa vie en jeu, plutôt que de voir sa sorcière se faire bouffer. De nobles intentions qui ne suffisaient pas toujours.

- Si vous devez ranimer mon cadavre.. Faites-vous une faveur et arrachez-moi le coeur.

L’or intense à retrouver le chemin jusqu’aux ambres de sa vis-à-vis, la jeune femme ne frémit pas à l’évocation de la mort, celle des autres comme la sienne. Elle cherche une promesse qu’elle ne peut pas demander, celle de ne plus être une menace une fois sa vie achevée. Ina’ ignorait la manière dont fonctionnait cette animation des morts mais s’il y avait la moindre chance que son organe maudit se permette un sursaut réflexe, elle préférait l’éviter.

Assurant la sincérité et l'honnêteté de sa proposition, la sorcière fait à nouveau le tour de son bureau, calmement, comme si la conversation n’avait jamais dévié. Ina’ se demandait si l’assistante du gouverneur avait bien conscience que l’expédition prendrait plusieurs semaines, sans doute mois.. avant de revenir à Aurora. Son groupe était parti pendant sept ans, leur dernier campement n’était pas juste à côté. Cela étant, son histoire n’intéressant personne, elle n’avait jamais expliqué ni pourquoi elle était seule, ni depuis quand elle errait dans la forêt. Il n’était donc pas étrange qu’on puisse sous-estimer la durée et la dangerosité d’une expédition qui devrait remonter ses traces. Devait-elle le dire ? Elle n’avait pas vraiment envie de s’ouvrir, ni là, ni maintenant.. Puis, une fois qu’elle aurait prévenu Aethel, cette dernière pourrait bien revoir ses intentions à la baisse.

- J’en serai sans doute capable..

Ses traces avaient disparu, la végétation avait certainement changée, mais si quelqu’un était capable de retrouver son chemin, cela ne pouvait être qu’elle. La harpie se rassoit et demande à la démone de faire de même.. En réalité, Inanna était surprise d’être encore là. Non seulement la petite dame n’avait pas tenté de lui en coller une mais elle ne l’avait pas non plus foutu à la porte. C’était perturbant.

Et voilà la question qui revient. Une douleur lancinante entre ses côtes. Qu’on lui foute la paix ? Qu’elle n’ait plus à voir la chevelure cramoisie de sa vis-à-vis ? Ina’ pourrait bien répondre ça, mais y avait peu de chance que ça ait la moindre prise sur la sorcière. Puis, qu’elle l’admette ou non, cette chaîne imposée, tendue entre son cou et les mains glacées de son bourreau, cette laisse qu’elle détestait, qu’elle mordait à pleines dents, lui était vitale. C’était un des rares liens qui la maintenait encore entière. Elle endossait le rôle du chien fou, du démon à détester, mais au moins, elle était encore là. Même si c’était pour la fusiller du regard et même si c’était pour l’engueuler, il y avait encore quelqu’un.. qui la regardait.

La blanche détourne un instant la tête, jette l’or de ses prunelles par la fenêtre pour voir les premières lueurs rosées embrassées le ciel.

- Cette expédition que vous envisagez.. Vous comprenez qu’elle pourrait ne pas revenir ici avant plusieurs mois ?

La lumière rasante de l’aube caresse l’intérieur du bureau, auréolant la chevelure immaculée, donnant à la démone l’aura angélique qu’elle avait peut-être eu un jour. Mirage éphémère d’un passé révolu. Les rayons poursuivent leur chemin, venant enflammer le front de la nécromancienne. Les deux créatures des Enfers se font face à nouveau, sans doute n’appartenaient-elles pas tout à fait aux mêmes cercles infernaux. Ou bien étaient-elles toutes deux trop fières pour laisser l’autre passer à travers les masques qu’elles portaient. Pour se protéger des autres. Pour se protéger d’elles-mêmes.

- Rien.

Le mot unique gisait là, mort-né sur les lèvres sèches de la démone. L’or infini de ses yeux brûlait toujours aussi fort mais il n’avait rien à ajouter. Rien. Il n’y avait rien que l’assistante du gouverneur ne puisse faire. Rien qui puisse satisfaire Inanna. Rien, en réalité, que le Taureau demanderait. Ni à la sorcière, ni à quiconque. Ina’ ne demandait rien, elle n’avait besoin de rien, si ce n’était Elf. Elle n’était pas si difficile à vivre, vous voyez ?

La jeune femme tourne à nouveau son regard vers la fenêtre. Si elle ne veut rien, c’est qu’elle n’attends rien de cette vie, pas vrai ? Son estomac se serre en même temps que ses poings enfouis dans les poches de sa veste trouée. Elle voulait vivre pourtant mais.. elle n’avait rien à espérer, rien à désirer, rien à atteindre. Elle errait sans but, sans autre espérance que de trouver un jour, un combat qui mériterait son sacrifice. Elle ne comptait pas donner sa peau facilement mais si elle pouvait servir à quelque chose, si elle pouvait trouver un sens à sa survie, cela vaudrait le coup. C’était noble, pour un sac à puces comme elle, pas vrai ?

- Vous..

Elle avait commencé une phrase sans réfléchir, elle avait juste un truc à dire mais, maintenant qu’elle y pensait, cela lui semblait stupide. Les mots mourraient les uns après les autres contre la barrière de ses dents serrées alors qu’elle renonçait. Puis, sans s’annoncer, une brigade de suicidaires finirent par franchir la barrière de ses lèvres.

- Votre pouvoir, il est bien.

Et merde. Elle l’avait dit. Pourquoi elle voulait parler de ça ? Est-ce qu’elle le voulait vraiment, d’ailleurs ? Elle allait vraiment taper la discut’ avec sa sorcière ? Elle avait fait son rapport, elle avait répondu à sa foutu question, elle pouvait se barrer maintenant, non ? Pourquoi elle ouvrait sa grande bouche pour dire autre chose que des saletés ? Ina’ se mordait l’intérieur de la joue pour se punir et se rappeler à la raison mais, elle allait pas laisser une phrase aussi con toute seule.

- J’veux dire, il est utile. Vous donnez une utilité à ce qui n’en a plus.

Le cabot se rendait compte de ce qu’elle disait en même temps que les mots arrivaient à quitter son être renfermé. Elle donnait une utilité à ce qui n’en avait plus. La démone préfère ne pas regarder sa vis-à-vis diabolique, les dernières étoiles disparaissaient dans le ciel, bientôt le soleil les aurait écrasé et plus personne ne se préoccuperait d’elles. Un peu comme cette conversation.. sans doute.

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Mer 5 Avr - 9:24


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Inanna Constantine

Face à la surprise de sa vis-à-vis, la sorcière esquisse un sourire presque contrit. Si cette dernière s'attendait à un coup de sang de la créature démoniaque, c'est mal connaître le calme et le sang froid dont elle peut faire preuve, pareille à un serpent ne réagissant qu'à la chaleur, la vraie. Aethel peut être violente quand le besoin s'en fait sentir, et sa main l'a démangée un instant, mais passer ses nerfs sur une pauvre créature qui se sent prise au piège d'une laisse invisible qu'elle a elle-même posée ? Non, en vérité, elle voit parfaitement pourquoi Inanna a éructé ces paroles belliqueuses à son encontre, quand bien même a-t-elle été choquée de comprendre enfin la façon dont les gens peuvent voir son pouvoir de nécromancie - comme un acharnement sur un corps méritant le repos.

À sa question, pourtant simple, la rousse marque un temps d'arrêt. Pourquoi, en effet ? La réponse est bien plus complexe qu'elle n'y paraît et mériterait de se plonger dans un passé qu'elle ne tient absolument pas à confier à la démone. Aussi se contente-t-elle de soupirer, d'un soupir à fendre l'âme.

« Je sais que ce n'est pas mon rôle officiel. Néanmoins, croyez-le ou non, je me sens responsable de votre personne. » Et, comme pour se rendre plus antipathique, elle rajoute : « De plus, vous êtes l'une des douze. Vous êtes précieuse. »

Dangereuse, aussi, mais elle se garde bien de le préciser, les deux jeunes femmes étant parfaitement au courant de cet état de fait. Si la neigeuse le désirait vraiment, elle pourrait détruire le bureau, la mairie, voir la ville toute entière si son pouvoir grandissait en conséquence. La carmine est-elle pour autant plus encline à la délicatesse avec cette dernière ? Non. Seule sa compassion lui permet de comprendre les paroles de son interlocutrice, et c'est avec douceur qu'elle lui renvoie son regard sans faillir.

« Si votre propre cœur vous fait si peur, alors je vous promets de l'arracher de mes propres mains. »

Si ce fait peut la rassurer… Aethel n'ira pas dans les détails du fait qu'elle n'a, à priori, pas besoin du palpitant pour faire fonctionner ses marionnettes, tant que les cerveaux ne sont pas endommagés. Cela dit, elle n'a jamais expérimenté de sursaut de conscience de ce côté-là, et ne le fera sans doute jamais - ce n'est après tout pas de la résurrection qu'elle applique, mais bel et bien de la nécromancie. Ce qui est mort reste mort, à son plus grand regret. D'autres membres des Douze ont tellement plus de chance en la matière : que n'aurait-elle donné pour un pouvoir plus passif, comme celui de la directrice de l'hôpital, ou moins glauque, comme celui de son rival de combat chez les Diligentias.

Mais non, elle est la bonne vieille sorcière, minus le nez crochu et la verrue plantaire.

Qu'importe, la question n'est pas là. Elle envisage maintenant sous toutes les coutures l'éventualité d'une expédition qui pourrait durer plusieurs mois - pour sûr, ça demandera de l'organisation, ainsi que de sélectionner les bonnes personnes tout en gardant Aurora en sécurité, ainsi que sa présence. Ce dernier détail reste tout de même problématique. Aethel ne peut décemment pas laisser Asteria seul trop longtemps, et n'a suffisamment confiance en personne pour lui confier sa vie sur un temps aussi long. Quelques jours, une semaine, passeraient encore, mais des mois… Un nouveau soupir tandis qu'elle s'empare d'un document tâché de sang pour le parcourir des yeux. La liste des Diligentias actuellement présents en ville. À moins d'étendre l'expédition en un évènement de plus grande ampleur ? Mais pour une seule personne ? Encore une fois, beaucoup de travail pour pas grand chose. Jamais le Gouverneur n'autorisera une telle chose, et même du côté de Sun-Ho - elle plisse les yeux sur le nom entaché d'une trainée sanglante -, ça risque de bloquer.

Le silence se prolonge tandis qu'elle tourne à son tour la tête vers la fenêtre pour voir le rose orangé du lever de soleil se faire une place dans le ciel nocturne, effaçant les étoiles qui veillent sur eux. L'or du soleil commence à effleurer l'horizon, auréolant son interlocutrice d'une blancheur nacrée qui lui va si bien quand elle ferme la bouche. L'ange devenu démon. De quelles horreurs a-t-elle bien pu être témoin pour passer d'un extrême à l'autre ? À moins qu'elle n'ait toujours été ainsi ? Peu probable. Derrière le masque de colère perpétuelle, la rouquine peut sentir une blessure profonde que rien ne pourra jamais guérir totalement. Un fait qu'elle-même connaît très bien. D'un frisson, elle ressent la présence de chacune des cicatrices sur son dos, mais en fait abstraction.

« Si elle revient seulement un jour, vous voulez dire ? »

Car en plus de la longueur de l'expédition, il y a le facteur danger qui entre en compte. Au plus loin de la ville, dans la nature redevenue sauvage, les monstres dominent le terrain, leur garantissant presque un anéantissement total.

« Cela dit, je verrai ce que je peux faire. Je ne peux rien vous garantir - comme vous le soulevez si justement, ce n'est pas une expédition classique. Mais s'il y a la moindre chance que je puisse monter une équipe pour l'effectuer… Alors vous en serez avertie. »

Pas de promesse en l'air, sinon celle d'essayer. C'est le mieux que peut proposer l'assistante du Gouverneur, qui a bien conscience des maigres chances de son entreprise. Cela dit, elle se demande si cet effort n'est pas déjà plus que ce que son chien enragé pouvait attendre de la part des habitants d'Aurora, elle que personne ne regarde autrement que de haut, ou de loin, souvent avec crainte ou agressivité. Certes, ce n'est pas comme si Inanna faisait beaucoup d'effort pour changer cet état de fait, mais cela justifiait-il toute cette animosité à son encontre ?

Et enfin, la réponse qu'elle attendais tombe, raide et tranchante comme un couteau bien aiguisé. Rien. Au fond, la sorcière sait exactement ce que veut sa locutrice - être laissée en paix avec son chien, sans personne pour la faire chier. Malheureusement, au vu de son passif et de ses capacités, ce n'est pas quelque chose qu'Aethel peut lui offrir. C'est donc ce rien qu'elle lui donnera, tandis qu'elle prendra, encore et encore, jusqu'à user la créature aux yeux d'ambre jusqu'à la corde. Cette idée lui déplaît fortement, mais que peut-elle réellement faire d'autre ? La quitter du regard, ne serait-ce qu'un instant, reviendrait sans doute à la perdre pour de bon.

« Je… ? » suit-elle, curieuse de la suite des paroles de la jeune femme.

Et ces dernières la prennent par surprise, fissurant un instant son masque de froideur pour ne laisser que le choc produit par ces quelques mots sur le cœur tambourinant de la Balance. Son pouvoir est bien ? Vous donnez une utilité à ce qui n'en a plus. Présenté ainsi, son don paraît presque… poétique. Tentant de reprendre contenance, la nécromancienne tousse dans son poing fermé, repose le bout de papier qu'elle n'avait pas lâché jusque là et penche la tête de côté, analysant chaque centimètre carré du visage d'Inanna. Depuis quand cette dernière avait-elle décidé de lui faire des compliments ? Et aussi étranges, de surcroit.

« Mais pour un temps très limité. » chuchote-t-elle avec une certaine tristesse dans la voix. « Cela dit, je vous remercie. Je n'avais… jamais vu les choses sous cet angle. Trop de mauvais souvenirs y sont liés. »

Le soleil caresse son front, ses cheveux qui face aux rayons dévastateurs virent au rouge sang, et les étoiles disent définitivement adieu au ciel que son interlocutrice regarde avec insistance. Est-elle devenue incapable de soutenir son regard d'or fondu ? Après tout, c'est bien la première fois qu'elle s'exprime sans aboyer sur la garde-du-corps, et ce fait à lui seul doit la perturber, comme si elle ne savait s'exprimer que de cette façon bien particulière. Après quelques minutes de silence, la sorcière reprend, d'un ton qu'elle veut aussi doux qu'une plume tombant dans l'air glacial de l'hiver.

« J'imagine que le vôtre doit être… terrifiant. Mais croyez-moi, il est tout aussi bien. Il suffit juste d'apprendre à le contrôler. »

Terrain inconnu et glissant que celui de la géokinésie, que sa compagne matinale a du découvrir à un jeune âge, dans des conditions probablement catastrophiques. Sur le sujet, la Balance s'interroge, sans pour autant aller plus loin dans ses paroles, de peur de réveiller de vieilles douleurs. Est-elle en train de s'intéresser pour de bon à son épine dans le pied ? Oui. Mais elle ne se sent pas l'âme d'une psychologue, aussi se jure-t-elle de trouver celui qui permettra à Inanna de s'ouvrir enfin à quelqu'un en toute sécurité. Car au final, n'est-ce pas de cela qu'elle manque ? D'attention et de sécurité.



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Mer 19 Avr - 16:09
À peine assise sur son fauteuil, Ina' regarde le ciel par la fenêtre de sa prison. Elle observe les étoiles mourir. Effacées, les unes après les autres, par un seul et unique astre. Ce gros tas de soleil prenait toute la place. Vantard qu'il était, à vouloir éclipser toutes les autres, il oubliait qu'il était lui aussi une étoile. Juste une étoile.

La démone cligne des paupières, elle n'a pas envie de croire sa sorcière lorsque cette dernière lui affirmait qu'elle se sentait responsable d'elle. Si encore elle avait dit qu'on lui avait donné ce rôle, que c'était son grand manitou de gouverneur qui lui avait refilé le dossier.. mais non, elle avait bien dit que ce n'était pas son rôle officiel. Alors quoi ? Inanna préférait ne pas y réfléchir ou se dire que la vipère jouait seulement avec les mots pour l'embrouiller. Après tout, les mots.. c'était pas son fort, au sale cabot. Sa mâchoire se serre alors qu'elle repense à l'autre peste qui lui avait craché à la gueule son fiel d'enfant pourrie, quatre jours plus tôt.

L'une des Douze. Précieuse. Sans déconner ? Ils étaient précieux ? Ils avaient bien regardés la gueule qu'ils avaient, leurs douze ? N'en déplaise à ceux qu'elle n'avait pas encore rencontré mais ils avaient l'air d'une belle bande de détraqués. Elle comprise. Mais au moins elle avait l'honnêteté de le reconnaître au lieu de faire semblant d'être une gentille fille. Même la sorcière, qui pourtant était une sorcière, donnait l'air d'être plus honnête. Enfin, c'était peut-être juste qu'elle était plus douée.

Le cabot mal coiffé se gratte la tête, elle n'a pas envie de repenser à cette saloperie de baudroie couronnée. Pourtant, la conclusion de leur bref échange était restée gravée dans un coin de sa caboche.

La blanche desserre la mâchoire et détache son regard du ciel bleuissant, l'or traine le long des meubles, pensif. Si la Diligentia était un repaire de piranhas.. où est-ce qu'elle irait ? Ses options étaient limitées. Elles se réduisaient à peau de chagrin à chaque fois qu'elle essayait en vain de trouver sa place. Elle était fatiguée. De ce jeu à la con. Auquel elle perdait, tout le temps. Ses prunelles se posent sur le visage de l'assistante du gouverneur, lourdes et fatalistes.

- J'suis pas sûre d'avoir envie.

De maîtriser son pouvoir ? De chercher encore sa place ? De prouver qu'elle était utile ? Tout ça se mélangeait un peu dans sa tête. Elle devait être stupide et pas avoir les bons mots. La démone passe une main sur son front, ébouriffe sa frange avant de frotter son visage. Dans un coin de sa tête, une petite voix susurrait que c'était pas si important, que sa place, elle la trouverait auprès des siens, les monstres là-dehors, lui ressemblaient plus que cette comédie humaine.

- Laissez tomber.

La démone rangeait sa main dans la poche de sa vieille veste, elle n'avait jamais parlé de son pouvoir et n'avait pas souvent l'occasion de s'intéresser à celui des autres douze. Elle était curieuse mais elle ne savait pas comment poser ses questions et clairement, la Balance n'était pas là pour lui faire la conversation mais pour écouter son rapport et agiter le bâton. Pourtant, Ina' lui était reconnaissante. Elle ne le lui dirait sans doute jamais mais, elle était rassurée de l'avoir entendu affirmer qu'elle lui arracherait le coeur. C'était glauque, non ? Mais c'était peut-être pour ça que c'était la seule personne qu'Inanna pensait réellement capable de le faire.

Puis, s'ils partaient bien en expédition ensemble, s'ils retrouvaient les restes du campement, elle aurait peut-être besoin de cette assurance. Il y avait peu de chance que cette demande d'expédition soit validée dans tous les cas. Ce n'était sans doute qu'une proposition destinée aux oubliettes mais c'était plus que ce à quoi pouvait s'attendre la blanche. C'était peut-être juste une autre entourloupe de la sorcière mais, qu'importe. Cette dernière n'avait pas répondu à sa première question, d'ailleurs. Pourquoi se haïr ? Elle avait envie de lui dire qu'elle s'en occupait. Mais ce n'était plus assez vrai pour que cela sorte spontanément de sa bouche.

Elle voudrait lui demander comment elle avait appris à maîtriser son pouvoir. Après tout, elles avaient en commun de ne pas pouvoir l'utiliser n'importe où, bien que cela soit pour des raisons différentes. Ina' imaginait bien la rousse en plein rituel funèbre, robe à capuche noire, masque flippant sur la tête, une dague sacrificielle à la main entrain de creuser les tombes au clair de lune. C'était pas une sorcière pour rien, pas vrai ?

La démone gardait pour elle ses questions et ses images mentales. Elle trouvait ça plus drôle que glauque mais sa conception de la mort était certainement différente de celle des braves citoyens d'Aurora.  

Puis, elle avait dit que son pouvoir était lié à de mauvais souvenirs. Ina' pouvait comprendre. Tout comme elle comprenait que la rouge n'avait certainement aucune envie de lui raconter sa vie. C'était réciproque. Elle n'insisterait pas.

- On a fini ?

C'était presque poli. Presque. Après tout, l'assistante du gouverneur devait avoir d'autres choses à faire, elle continuait à zieuter sa paperasse de temps à autre pendant leur conversation, elle avait qu'un mot à dire et Ina' lui foutait la paix.

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Mer 19 Avr - 18:44


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Inanna Constantine

La tension dans l'air s'est presque évaporée, emportée par l'or aveuglant de l'astre solaire qui pénètre maintenant en toute impunité dans le bureau, caressant les meubles et les occupantes de la pièce sans distinction. Pour une étoile si lointaine, elle sait comment se faire remarquer et se rendre indispensable.

Mais là n'est pas le sujet. Le sujet est, et à toujours été, Inanna, quoi que cette dernière puisse en penser. Aethel la regarde donc cligner des paupières, serrer la mâchoire, se gratter la tête - tout un tas de signes indiquant une réflexion intense qui ne veut pas s'exprimer vocalement. Sans doute se demande-t-elle en quoi les douze peuvent être précieux ; question valide, compte tenu de leurs caractères diamétralement opposés et, pour certains, complètement à la ramasse. À moins que ça ne soit plus profond que ça ? Tournant le regard vers le ciel qui passe lentement de l'orange tendre au bleu azur, la Balance cache derrière une de ses mains un soupir dépité. N'étant malheureusement pas dans sa tête, si le Taureau ne s'exprime pas, elle ne peut pas tenter de l'aider. Elle sent le regard de son interlocutrice se poser enfin sur son visage, mais ne lui accorde pas pour autant le sien, fascinée qu'elle est par les changements de couleurs de l'horizon.

« Parfois, il faut aussi faire ce dont on a pas envie. » réplique la rousse d'une voix douce.

Même elle n'a pas envie de faire certaines tâches, et pourtant s'y applique avec une ferveur qui ferait croire tout le contraire à un œil non averti. Par exemple, rester sagement assise derrière un bureau à faire de la paperasse qu'une secrétaire pourrait parfaitement faire. Cela dit, elle soupçonne que ce manque d'envie de la part de la neigeuse est plus profond qu'une frustration passagère.

« Je ne laisserai pas tomber. Je ne vous laisserai pas tomber, Miss Constantine. »

Enfin, elle replonge ses yeux d'or fondu dans ceux de son interlocutrice, un regard tout ce qu'il y a de plus sérieux. Elle l'observe, la détaille, semble fouiller jusqu'aux profondeurs de son âme à la recherche d'une petite flamme qui lui indiquerait que la jeune femme ne va pas simplement laisser tout tomber avant même d'avoir commencé à sérieusement s'y mettre. Parce qu'elle n'aidera pas une perdante, c'est une certitude.

Le silence s'éternise. On peut presque entendre un ange voler tant elles sont toutes les deux d'un calme olympien. Puis, finalement, trois petits mots. Polis, presque distingués dans ce contexte de quiétude. Se relevant pour la dernière fois de son bureau, la rouquine pousse un soupir à fendre l'âme et secoue la tête de droite à gauche, faisant voler sa tresse dans son dos.

« Pas tout à fait. On m'a chargée de vous… indiquer… » Le mot était mal choisi, mais ils l'étaient tous en vérité. « Que vous devrez vous plier à une série d'expériences concernant votre pouvoir, en compagnie du Dr. Aloïs Thompson. »

L'assistante esquisse une petite grimace de dégoût à ces mots, comme si Inanna n'était rien de plus qu'un sujet de test. Elle aussi avait dû se plier à ce petit jeu, mais le principe lui déplaît toujours à l'heure d'aujourd'hui.

« Je vous demande donc de bien vouloir coopérer et d'éventuellement me contacter si quoique ce soit vous déplaît ou vous perturbe. »

Pour le bien d'Aurora, il faut que le Taureau se plie à ce type d'exigence de la part des plus hauts gradés. L'ordre vient, après tout, du chef de la section scientifique de la ville, ce qui n'est pas une mince affaire à traiter. Elle se doute, évidemment, que sa compagne matinale ne se réjouira pas de cet état de fait, mais la Balance ne peut rien changer à l'ordre naturel des choses. Il faut connaître les limites des pouvoirs des douze, surtout maintenant que la menace rôde au-delà des remparts.

« Je vous en conjure, Miss Constantine. Faites les choses bien. Les risques deviennent bien trop importants pour se la jouer solitaire. »



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Jeu 27 Avr - 0:44
La démone avait envie de fumer. Intoxiquer ses poumons en même temps qu'elle enfumait son cerveau. Il lui faudrait peut-être plus que du tabac. Si seulement elle n'avait pas refait le nez de son dealer...  

La sorcière lui affirmait qu'il fallait parfois faire ce dont on avait pas envie et Ina' se demandait si elle pensait à la situation actuelle. Est-ce que c'était une manière sournoise de lui signifie qu'elle la gonflait ? La blanche ne se pense pas assez futée pour en être certaine mais, la rousse n'avait pas vraiment besoin de faire dans le sous-entendu avec elle.

« Je ne vous laisserai pas tomber, Miss Constantine. » Une goutte d'eau dans le désert. Tombée du ciel pour s'écraser sur les dunes dorées d'un regard impassible. Seule dans un désert infini, que pouvait bien faire une unique perle de pluie ? Elle se mourrait dans le sable brulant.

Le silence s'installe dans la pièce, un ange s'est posé sur le bureau, entre les papiers maculés de sang et une tasse de café vide. Il attend que le temps passe, à moins qu'il ne scrute les deux créatures des enfers, à la recherche de cet éclat ténu qui brille pourtant au-dessus de leurs têtes. Une lueur bienveillante qu'Ina n'est vraisemblablement plus capable de percevoir.

L'assistante du gouverneur se lève à nouveau pour faire le tour de son bureau et lui apprendre qu'un scientifique voulait faire des expériences. La démone ne semble pas réagir. Ses yeux sont restés fixés sur un point invisible, droit devant elle. Un vent violent s'était levé dans sa tête. Des rafales qui s'écrasaient sur des murs solides, pourtant.. elle les entendait. Et les mots qu'elles portaient étaient dangereux.

La diligentia se lève, comme un automate, elle tourne le dos à la rousse et s'en va jusqu'à cette machine bruyante qui délivre des doses de goudron noir. Elle ne demande pas l'autorisation alors que le café coule dans une tasse dont elle ignore la provenance. Le vrombissement remplace le silence pendant de longues secondes où Inanna reste plantée devant l'appareil. Lorsque finalement le liquide sombre à fini de remplir la tasse, elle s'en saisit et la porte à ses lèvres. Assoiffée -ou masochiste-, la jeune femme vide le récipient en trois gorgées brulantes et amer. Le feu agresse sa gorge, une douleur aiguë qui lui tire une grimace mais fait taire la tempête dans son crâne.  

- S'il se ramène avec une cage ou des scalpels, je les lui fait bouffer.

La démone a repris ses esprits. Le deal était acceptable, non ? S'il la prenait pour une bête de foire à enfermer ou à ouvrir, elle lui refaisait le portrait. C'était plutôt honnête.

Ina' tourne de nouveau ses prunelles sur la silhouette de la sorcière, sans chercher à capter son regard. C'était une belle femme, elle était intelligente et ambitieuse, qualités sans lesquelles elle n'aurait pas eu son nom écrit sur cette porte. Elle savait manier les mots. C'était une sorcière. La démone ne devait pas s'y tromper. Les mots étaient des armes redoutables. Comme les insultes lui passaient au-dessus de la tête, elle avait pensé être immunisée. Ces derniers jours lui avaient prouvés qu'elle s'était trompée. Les mots l'atteignaient. Les mots la faisaient souffrir.

Ils trouvaient ses failles bien mieux que les lames et les poings de ses adversaires. La blanche soufflait sur sa tasse vide et pourtant encore fumante. La brume floutait les contours de sa sorcière. Elle était intelligente. Elle était maligne. Mais se rendait-elle vraiment compte des dangers qu'elle prenait ? À dire des mots pareils. Avait-elle réfléchit à ce qu'il se passerait si la démone la croyait ?

« ...je vous rappelle aimablement que vous êtes déjà chez vous. » « Tout le monde ne vous veut pas nécessairement du mal. » « ...je me sens responsable de votre personne. » « Vous êtes précieuse. » « Je ne vous laisserai pas tomber, Miss Constantine. »

Elle avait entendu. Mais si elle la croyait, si elle se saisissait de cette fantasmagorique main tendue... que se passerait-il si elle venait à la lâcher ? La plupart des gens pouvaient jouer à se faire confiance, ils se remettaient d'une déception après quelques brandy et une ou deux nuits de beuveries. Ina' n'avait pas cette chance. Le brandy, ne lui faisait plus rien. Une désillusion avait plus de chance de finir en bain de sang qu'en gueule de bois. Alors, il valait mieux ne pas croire ces mots qu'elle avait pourtant attendu si longtemps.

La rousse était donc une sorcière et elle un démon. Le reste du monde était peuplé d'ombres plus ou moins tangibles. Et d'une tignasse blonde en épis.

Ina' tourne son regard vers la fenêtre, pouvaient-elles voir les remparts depuis l’hôtel de ville ?

- Qu'est-ce que vous savez sur l'ombre dehors ?

Le Taureau ne s'inquiétait pas davantage du scientia qui voulait faire des tests, sans doute parce qu'elle pensait pouvoir s'en débarrasser facilement. Par contre, la rumeur sur ce monstre d'un nouveau genre, qui approchait de la ville, cela l'intéressait bien plus.
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