For the Eyes of a Ranger are upon you [ft. Amarillys]

Depuis plusieurs jours, les lettres au QG et les plaintes durant ses rondes pleuvent et Oris se penche sur les gribouillis faits sur son carnet, espérant démêler ces affaires et attraper les coupables. Entre autres, des poules libérées de leur enclos, des vols en pleine rue et une fête d'anniversaire saccagée dans une école, le gâteau à moitié mangé, les ballons éclatés et les cadeaux disparus. Des faits pires encore sont pointés sur ses pages. Le lien entre tous ces cas ? Aucun...

... A priori.

Au premier abord rien ne lie ces méfaits et que leurs coupables semblent être des individus différents et indépendants tant les seuils de gravité varient entre chaque affaire ; mais Oris a une théorie. Et si une seule et même personne est derrière tout ça ? Et le policier a un suspect en tête. Un individu qui serait capable de faire toutes ces choses — selon Oris — et qu'il retrouve toujours en train de commettre des délits en tout genre mais incapable à attraper. Un vaurien qui mérite une correction quelle qu'elle soit. Cependant il ne sait rien de ce bandit mis à part sa taille ; alors demander des informations sur son identité s'avère être une tâche compliquée voire impossible. Une nouvelle plainte arrive pour la Militia : un pachaillon domestique a été volé.

Là, ça en est trop pour Oris.

Badge de policier fièrement épinglé sur sa chemise noire, au niveau de sa poitrine, il part faire un tour dans les rues en espérant retrouver cette crapule. Il peut pardonner la libération des poules ou quelques vols, mais il est hors de question de toucher aux pachaillons.

« Est-ce que vous auriez vu une personne grande comme ça, il met sa main au niveau de ses épaules, et avec un air malicieux dans le coin ? » demande-t-il à quelques passants sans grand succès.

Plus le temps passe et plus il désespère. La plupart des interrogés ne parviennent pas à lui donner une quelconque information tandis que certains le redirigent vers des fausses pistes, que ce soit le vieux grincheux du quartier ou une commerçante avec peu de tact auprès de ses clients. A bout, il s'assoit sur un banc et prend une grande inspiration avant de regarder une nouvelle fois à droite et à gauche. Il remarque au loin un individu semblant correspondre au suspect recherché. Oris se relève et fixe la personne en question pour être sûr. Évidemment, il peut se tromper à cette distance mais... Un certain air se dégage de cette silhouette et son instinct lui dit de foncer vers elle. Alors, le grand policier se met en marche vers ce qui semble être son suspect en s'excusant auprès des gens qu'il bouscule par mégarde.

Chaque pas le rapproche de cet individu louche et étrangement ressemblant à son suspect. Il plisse les yeux pour mieux se concentrer sur la silhouette et déterminer s'il fait fausse route ou non ; mais quand leurs regards se croisent et qu'il voit ce grand sourire plein de malice, il en est sûr : c'est lui.

« Hé ! » lance-t-il en espérant attirer son attention et éviter qu'il ne se mette à filer...

... En vain. Le démon se met aussitôt à foncer pour creuser la distance entre lui et le policier. Oris essaie alors de partir à sa poursuite mais se fait bousculer par une jeune femme piquée par un Noirpouss. Qu'est-ce qu'il fout là ? Un pas de plus et il sent quelque chose sous sa semelle. Un autre Noirpouss. Mais qu'a-t-il fait ? La panique gagne le cœur des passants et des commerçants qui courent dans tous les sens, tant pour fuir les créatures que pour les chasser et récupérer les biens volés. Au milieu de cette foule animée, le brun essaie tant bien que mal de se faire un chemin pour continuer à suivre le fauteur de troubles.

« Excusez-moi ! Pardon ! Ex— Excusez-moi ! » ne cesse-t-il de répéter à mesure qu'il écarte les gens sur son passage et qu'il en bouscule certains par mégarde.

Quand il se retrouve enfin plus libre de ses mouvements, le policier se met à courir pour rattraper au mieux son retard et suivre la trace du vil gredin. Un collègue de la Militia vient le voir, interpellé par sa course et son regard déterminé, afin de savoir ce qu'il se passe.

« Invasion de Noirpouss là-bas ! Le coupable est en fuite ! »

Et il repart dans la poursuite du fripon que ses iris cendrés parviennent encore à remarquer au loin. Pourvu qu'il ne perde pas sa trace une fois de plus.

Cette fois, il se jure de le chopper.

Mais y parviendra-t-il ?

Pourquoi fallait-il que ce jour il y ait autant de foule dans la rue ? Le lâcher de Noirpouss seul ne peut expliquer une telle affluence ; un quelque chose semble pousser les habitants à sortir en masse et à se déplacer dans tous les sens. Est-ce le beau temps ou simplement de la malchance ?

De plus en plus de personnes lui passent devant et obstruent sa vue. Son regard se promène sur la masse présente dans la rue tandis qu'il ralentit le pas jusqu'à finalement cesser sa course.

« ... Merde ! » s'exclame-t-il, clairement frustré.

Il a perdu sa trace.

Du moins, jusqu'à ce que sa tête se tourne vers une des ruelles et qu'il le voit emprunter le raccourci pour rejoindre un autre pan du centre-ville.

« Hé ! Viens ici ! »

La poursuite reprend et il fait de son mieux pour rattraper son retard en accélérant le pas. A droite, à gauche, re à droite... Sa tête lui fait plus souffrir que ses jambes ou ses poumons. Difficile pour lui de rivaliser avec un natif des lieux connaissant les moindres recoins du centre-ville.

Après avoir emprunté une énième ruelle, il ressort et bouscule malencontreusement avec son bras une personne semblant discuter avec un groupe.

« Oop, pardon ! »

Et il continue de foncer sans plus réfléchir... sur quelques mètres parce que son cerveau se met à cogiter sur quelque chose qui lui semble bizarre. Le civil qu'il vient de bousculer en passant... Son air lui semble familier. Une aura emplie de malice et de sournoiserie propre au lâcheur de monstres.

« Attendez une minute... »

A peine a-t-il le temps de se retourner que sa crainte se réalise : la personne en question a disparu ! Paniqué à la simple idée de le perdre de vue, le grand brun balaie de son regard anthracite la rue et les ruelles à la recherche de son suspect. Il semble le remarquer au loin mais il n'arriverait jamais à lui mettre la main dessus à pied. Il doit donc combattre le feu par le feu. Le crime par le crime.

« Excusez-moi ! Pardon ! C'est urgent ! Je vous le rends après ! » dit-il paniqué à la jeune femme à qui il emprunte le vélo tout en se prenant des coups de sac de sa part.

Oris se met donc à foncer sur deux roues dans la direction où il pense avoir aperçu plus tôt le vil vaurien — en espérant ne pas s'être trompé de personne.