Promenons nous dans la rue || Sham

Promenons nous dans la rue

feat Khalys Campbell

26/01/2173 : Aurora - Centre Ville

Sortir, enfin. Je n'attendais que cela. Tous ces murs et ces portes, c'en est si étouffant. Mêmes leurs fenêtres ne laissent presque rien deviner de dehors. L'air frais me manque, le bruissement des feuilles, l'odeur de la terre, le contact de la pluie. Si je ne peux pas me peindre le corps comme j'en ai l'habitude, j'ai au moins récupérer mes peaux. Et quelques 'vêtements' de plus, que je suis obligée de porter. Pour me camoufler parmi eux, cela semble indispensable même si je les trouve de trop.

Evidemment, Su-ho m'a bien expliqué que je ne pouvais pas partir. Et encore moins quitter la ville. Que je devais rester là, avec eux. J'ai toujours du mal à comprendre pourquoi. Je voudrais rassurer Hum' mais je sais qu'actuellement, c'est impossible. Mes peaux ne sentent plus la nature mais des parfums qui me piquent le nez, ils ne me reconnaitraient pas. Alors, je n'ai pas vraiment le choix. Je dois... m'adapter.

Aussi, aujourd'hui, je serais accompagnée par un autre humain d'ici. Khalys, je crois. Je l'ai déjà vu, plusieurs fois. Je l'écoute avec attention alors que arrivons devant la grande porte d'entrée, celle qui me sépare encore de l'extérieur. Et si je trépigne d'impatience, j'acquiesce à ses paroles. Regarder, écouter, interroger, tout tant que je peux enfin retrouver le ciel.

- Et si t'es sage, tu auras une surprise à la fin de la balade !

"- Je sssuis... sssage. "

Surprise ? Qu'est-ce que c'est que ça ? Peu m'importe, il est souriant et confiant c'est donc forcément quelque chose de positif selon lui. Et enfin, la porte s'ouvre, me révélant un décor qui me laisse plus perdue que je ne l'aurais cru. On dirait chez moi et en même temps, pas vraiment. C'est étrange. Je retrouve les mêmes formes, les mêmes plans mais avec ... une absence de vie certaine. Ou sont les arbres et les lianes, les monstres et les ombres propices au camouflage. Tout est si exposé ici.

Moi qui avait bondi en avant en courant, je me suis figée moins de dix pas plus loin. Tête levée, je hume les effluves portées par le vent mais sans les reconnaitre. Certaines me font me lécher les lèvres alors que d'autres me chatouillent le nez désagréablement, c'est perturbant. Plus méfiante, je viendrais donc avancer au rythme de Khalys, lui tournant un peu autour en cherchant partout des repères que je crois deviner sans les retrouver. Comment tout peut-il être aussi différent ?

"- Pourrquoi rrester au ssol ? Tousss debout, dangerreux."

Des proies faciles, voilà tout ce que je vois. Et si certains regards s'attardent sur moi avec un air curieux, je ne me retiens pas de venir leur montrer les dents. Moi, je suis un prédateur, qu'ils le comprennent tout de suite.

Promenons nous dans la rue

feat Khalys Campbell

26/01/2173 : Aurora - Centre Ville

- Où voudrais-tu que nous soyons, si ce n'est pas au sol ? Nous ne pouvons pas voler dans les airs.

Mais il y a des constructions partout et celles-ci sont en parfait état alors pourquoi ne les utilisent-ils pas ? C'est en hauteur que l'on est le plus en sécurité. D'ici, les murs cachent la vue et le monde qui circule gêne pour se déplacer. C'est tellement compliqué de simplement avancer droit alors que là-haut, il n'y a personne. Mais si ma pensée est claire et évidente, il m'est difficile de l'expliciter aussi, je ne parviens qu'à le regarder avec un peu d'incompréhension alors qu'il reprend déjà la parole.

- Ce n'est pas forcément vrai. Ici, c'est le centre-ville. Mais là bas...
Les murs nous protègent. Comme ils s'élèvent en hauteur, ils font barrage. On pourra monter dessus un jour, si tu le souhaites. Et puis, la position de la ville offre une vue dégagée sur ce qui nous entoure.

J'ai suivi son doigt qui vient pointer les plus gros murs, ceux faisant tout le tour de leur 'ville'. Alors, ils se croient réellement en sécurité derrière ça ? Je n'ai pas besoin de monter un jour dessus, je pourrais le faire à l'instant et d'ailleurs, je manque de partir aussitôt le faire mais une bruit cinglant me fait bondir sur le côté et éviter un garçon sur un morceau de métal roulant. Après lequel je feule une fois qu'il s'éloigne.

Clairement, je ne me sens pas à l'aise. Et ce n'est pas l'étalage devant moi qui va me rassurer. Je m'approche, intriguée, pour vérifier que mes yeux ne me jouent pas des tours. Mais oui, il s'agit bien de fruits devant moi. Et mûr, mon odorat me le confirme. Mais il n'y a ni arbres ni racines ici. Comment ont-ils pu pousser là ?

"- Nourriturre poussse toute ssseule ? "

Je dois comprendre. Et au marchand qui vient se rapprocher pour me demander de ne pas toucher sa marchandise, je n'accorderais qu'un regard méfiant, le faisant légèrement reculer. Avant de me mettre à quatre pattes et de passer sous le tréteau, essayant de comprendre cette magie.

Promenons nous dans la rue

feat Khalys Campbell

26/01/2173 : Aurora - Centre Ville

- En ville, il faut faire attention où on met les pieds, non pas à cause des monstres, mais à cause des autres personnes. Ce n'est pas un danger en soit, mais on peut se faire mal..

Eh bien pour le moment, je n'aime clairement pas la ville. En tout cas, pas celle-là. Trop de zones dégagées, de choses toutes semblables, comme si tout devait être partout pareil. Et rien qui ne semble vraiment naturel, même la pierre est travaillée, c'est plutôt inquiétant. Et que dire de cette nourriture qui pousse toute seule ? C'est contre nature !

- Non, elle ne pousse pas toute seule. En dehors de la ville, il y a des champs et des vergers et tout ce qu'il faut pour que nous puissions nous alimenter tranquillement. Et une fois que c'est prêt, c'est acheminé jusqu'ici, pour être vendu à la population.

Donc les arbres sont dehors et ils ramènent tout ici ? Quelle perte de temps. Et puis, c'est dangereux de tels voyages et cela abime la nourriture. J'ai vraiment du mal à le comprendre. Tout avoir au même endroit est tellement plus simple à surveiller. Là, ils se dispersent beaucoup. Même s'ils sont une grande meute, ca va finir par leur causer des soucis, j'en suis certaine.

- Il y en a un que tu veux manger maintenant ?
En revanche, Sham. Je sais que tu es en train de chercher l'arbre sous l'étal, mais ce n'est pas quelque chose qui se fait. Sauf si tu as perdu un objet et que tu le cherches.

Quoi, je ne peux pas me mettre à genou ? Il ne va quand même pas me demander de faire comme eux et de rester droit tout le temps. Je ne serais pas une cible aussi facile ! Le regard que je lui ai lancé est d'un mélange d'incompréhension et de lassitude. A croire que je ne peux rien faire normalement ici. Enfin, je me redresse un peu en grondant doucement avant d'observer les fruits. Et de les respirer de très près, ce qui fait réagir le commerçant avant que mes doigts ne se referme sur une grosse pomme un peu cotie et peu colorée.

"- Elle, bien murre. Autrres passsées, moins rriches. "

Comment ça, j'y connais rien ? Il croit qu'il va me faire peur à gesticuler et à grogner le Douviempi Homme ? Je n'ai pas bougé, venant croquer dans mon fruit sans lui adresser davantage d'attention. Il est comme un bébé monstre, il fait du bruit mais rien de plus. Par contre, mon regard vient accrocher quelque chose d'autre derrière une devanture proche aussi, je m'éloigne aussitôt pour me rendre devant mon nouveau centre d'intérêt. Dont je dévisage le contenu avec beaucoup d'attention.

"- Sssa, sss'est quoi ? "

Depuis quand les pierres brillent-elles aussi forts et sont-elles aussi lisses ? Aucune odeur de terre ni d'humus, et des sortes de fils qui les retiennent. Des longs, des courts, des petits des grands. De couleurs différentes et de formes étranges. Celle-là, elle a la même teinte que l'intérieur des coquillages que j'avais pêchés. Et ça, on dirait une imitation des os que je porte autour du cou, m'en servant de couteaux d'urgence.

Promenons nous dans la rue

feat Khalys Campbell

26/01/2173 : Aurora - Centre Ville

- Tu l'as senti à son odeur qu'elle était plus mûre que les autres ?

Hochement de tête pour toute réponse. L'odeur est primordiale mais il y a d'autres critères aussi, comme le poids dans ma main et son aspect extérieur. Quelques marques dessus prouvent aussi que d'autres créatures s'en sont approchées et donc qu'elle est parfaitement comestible. Voilà ce qui a motivé mon choix. Mais s'il faut à chaque fois subir les discours des Humains autour pour profiter d'un fruit, j'irais chercher les prochains directement sur les arbres.

Par contre, voilà qui attise ma curiosité. Cet éclat étrange avec ces formes que je peux reconnaitre sans vraiment en saisir le sens. J'ai déjà vu des choses un peu similaires mais pas aussi brillantes, jamais aussi vives ni si précises. Le fait que ces objets se révèlent à la fois familiers et nouveaux me perd totalement. Me faisant m'approcher au plus près sans en venir à les toucher, comme par crainte de ce qu'ils pourraient me faire.  

- Oh. Tu aimes ? ça t'intéresse ?
Ce sont des bijoux. Ils sont décoratifs, c'est pour faire joli. Mais ça peut être offert et montrer de l'affection à la personne à qui on le donne. Donc en plus d'être beau, ça a une valeur émotionnelle. Ils peuvent être fabriqué avec différents matériaux.
Ceux là sont en pierres polies et précieuses, par exemple.

Des pierres, je sais ce que c'est mais jamais je n'aurais imaginé en croisé de telles. Si leur éclat me fascine, il m'inquiète également. Comment être discret avec une telle chose prenant la lumière et révélant votre présence aux alentours ? Joli, décoratif, cela veut donc dire qu'ils ne servent foncièrement à rien ? Alors, pourquoi perdre du temps à les fabriquer ? Mon pendentif à au moins l'avantage de me servir de couteaux de secours en cas d'urgence.  

- Il y en a qui se mettent autour du cou, d'autres aux poignets, ou encore aux oreilles... Ah ! Et les doigts aussi.

Par réflexe, je viens observer mes poignets et mes doigts, sans parvenir à voir vraiment comment ils pourraient les orner. Après, je sais ce qu'est un collier et pour les oreilles, j'ai moi-même deux nacres qui y sont accrochées, pour vibrer dans les changements d'air et changer de couleur suivant le temps à venir. Des armes et des outils à leur manière. Quand à l'affection, je crois que je ne vois même pas ce que c'est en fait.

Et soudain, ce son étarnge, comme un sifflement d'avertissement, suivi de voix qui se rapprochent. Trop vite à mon gout. Mon regard abandonne les bijoux alors qu'un cri retenti et qu'un objet apparemment rond ne vole littéralement dans notre direction. Par instinct, mes jambes fléchissent et je bondis sur cet ennemi avant de venir le plaquer violemment au sol devant moi, griffes et crocs prêts à mordre si l'animal me résiste.

Mais non, rien, la boule de cuir s'émet plus le moindre signe de vie, totalement inerte entre mes doigts. A 4 pattes penchée au-dessus, je grogne sur cet assaillant plus mort que vif avant qu'une voix un peu nasillarde et une autre plus criarde ne viennent clairement m'interpeller. Pour réclamer que je leur rende leur 'jouet'.

"- Sssa, ma prroie ! "

Ballon ou pas, il m'a attaqué et je l'ai capturé. C'est donc à moi de décider ce qu'il va devenir. Enfin, c'est ainsi que cela se passait avant. Là, je sens aux regards qui me sont lancés alentours et à l'accent pleurnichard emprunté par les humains miniatures que cela ne va pas être aussi simple.

Promenons nous dans la rue

feat Khalys Campbell

26/01/2173 : Aurora - Centre Ville

- Sham... Ce n'est pas une proie. Ce n'est qu'un ballon. Ces enfants l'utilisaient pour jouer, pour se le renvoyer. Hm... Pour travailler leurs réflexes.

Ballon. Jouer. des mots qui ricochent dans mon esprit sans s'y arrimer pour autant. Renvoyer ou travailler leurs réflexes me touchent un peu plus, comprenant mieux le sens de cette phrase. il n'empêche que cette chose m'a attaqué et que c'est moi qui en suit venu à bout. Sauf que je ne peux pas rater les expressions geignarde et pleurnicheuse des minis humains ainsi que les regards alentours qui semblent se mettre à converger vers cette boule de cuir encore prisonnière de mes griffes.

- C'était donc leur proie à eux avant, même s'ils l'ont laissé s'envoler trop loin. Tu veux bien la leur rendre ? On t'en trouvera une semblable, si tu le veux ?

Leur proie ? Je ne suis pas d'accord. La proie appartient à celui qui l'a capturé. S'ils ont raté leur chance, ils n'auront qu'à faire mieux la prochaine fois. La loi de la Nature est comme ça. Sauf que soudain, ce détail me frappe de plein fouet. La Nature, ou est-elle dans ce monde pierre et de tissu ? Il n'y a rien autour de moi qui puisse un tant soit peu s'en approcher et en prenant conscience de ce fait, je ressens soudain comme une sensation d'oppression. L'impression que je risque d'étouffer si je reste sur place plus longtemps.

Dans un geste ressemblant à de la panique, je viens purement et simplement jeter le ballon droit sur les enfants, avec surement trop de forces pour eux mais peu importe. Ils ont récupéré leur bien et moi, j'ai besoin d'air, de toute urgence. J'entends ce bourdonnement sourd autour de nous, des voix multiples mêlées aux regards qui semblent tous me dévisager. Qui me font grogner et montrer les dents. Ma meilleure défense étant l'attaque, le premier qui tente quoi que ce soit, je lui saute à la gorge.

"- Nature. Besoin de ... la voir... "

J'ai fait l'effort de me tourner vers Khalys pour articuler mes mots. Il ne pourra pas rater cet éclat d'angoisse dans ma voix alors que mon regard balaie les alentours avant de trouver ce qu'il cherche. Un bâtiment proche dont les murs présentes des pierres apparentes, parfait pour l'escalade. L'escalier qui en fait le tour pour rejoindre le toit ? Je ne le verrais pas, mon attention focalisée sur une seule donnée : prendre de la hauteur pour mettre de la distance entre ce malaise et moi.  

Arrivée en haut, je viens simplement respirer un grand coup en observant, au loin, les cimes des arbres. Le brouhaha a disparu, la sensation d'étouffement aussi. Je m'assois dos contre une cheminée, tachant de retrouver les parfums de la Nature dans l'air. Mais ici, ils semblent recouverts de poussière. Sortant le fruit de ma poche, je reviens croquer dedans, prenant le temps de bien le mastiquer avant de laisser s'échapper quelques mots à l'attention de Khalys, que j'ai entendu s'approcher.

"- Tout êtrre ssssi différrent.
Même Pomme avoirr autrre gout.... "

Promenons nous dans la rue

feat Khalys Campbell

26/01/2173 : Aurora - Centre Ville

- Peut-être parce que le sol dans le champs est différent de celui où tu te trouvais avant ? Je ne sais pas.

Qui sait ? Il pourrait y avoir autant d'explications que de questions qui se répercutent en échos sous mon crâne en cet instant. L'ayant entendu monter, je ne suis pas surprise de le sentir continuer à se rapprocher de moi. Mais je suis soulagée qu'il arrête se spas et ses mouvements avant de venir me toucher. Même si mon regard ne quitte pas l'horizon et le monde extérieur, je demeure aux aguets, prête à réagir à la moindre menace.  

- Tu vas mieux ? Pour la nature, si tu veux, je peux t'emmener au parc. Il y a de l'herbe, des arbres, des buissons, des fleurs. Mais ce ne sera pas encore comme la nature extérieur. ça a été aménagé pour être joli. Mais il n'y aura pas de bâtiments, seulement des bancs où s'asseoir et des petites fontaines et un kiosque. Hmm... c'est comme une cabane, mais sans mur, pour voir ce qui entoure et profiter de la vue.

Parc. Nature. Joli. Pareil mais différent en même temps. Un peu comme moi alors ? Etant incapable de répondre à sa première question, je me penche sur la suite de son discours. Un endroit sans les murs, je crois que l'idée me plait bien. Pourtant, la seule chose qui passera mes lèvres sera un profond soupir. Qu'est-ce qui m'empêcherait vraiment de reprendre ma course et de retourner dans la Ville Abandonnée ? N'est-ce pas ce que je voudrais en cet instant ?

- Sinon, on peut rester ici encore un peu, puis rentrer. Je ne veux pas que tu te sentes pas.

Je ne le sais pas. Je ne le sais plus en fait. Pourquoi ces gens que je ne supporte pas ont'ils sur moi cet attrait si puissants ? Pourquoi ce monde auquel je ne comprend rien et qui semble me repousser de lui-même me parait en même temps si attirant, tellement hypnotique ? Pourquoi ai-je autant envie de le fuir que de le suivre ? C'est à n'y rien comprendre.

"- Parrrc, veux bien voirrr.... "

Curiosité maladive, un des rares détails qui ne change pas. Ici comme ailleurs, je veux savoir. Il faut que je sente, que je ressente et que je comprenne. Sinon, les choses ne vont pas bien dans ma tête et dans mon corps. Ma pomme terminée, j'en jette le trognon avec tant de forces qu'il se perd dans le lointain avant de disparaitre à ma vue. J'espère que lui au moins aura rejoint la Nature, la vraie.  

D'un pas de nouveau sur, je relève la tête avant de me redresser pour le suivre. Les escaliers me paraitront étranges même si je dois bien reconnaitre que c'est moins fatigant que l'escalade. Mais avec la tempête qui fait rage sous mon crâne, impossible de parler. Je regarde, je guette, je prend des repères pour ne pas perdre mes bonnes vieilles habitudes. Et finalement, une question finit par franchir mes lèvres. A voix assez basse pour que lui seul puisse l'entendre.

"- Pourrrquoi... Vous vouloirrrr me garrrder ... Comme égale ? "

Au fond, n'est-ce pas cela ma plus grande interrogation ?

Promenons nous dans la rue

feat Khalys Campbell

26/01/2173 : Aurora - Centre Ville

- Parce que tu es notre égale. Tu es humaine, comme nous. Nous t'avons ramené pour ta sécurité. Mais.... en l'état, ce n'est pas forcément ce que toi tu pourrais ressentir. Ce n'est pas pour te garder enfermer. Nous voulions juste... Hm... Te sauver et que tu puisses vivre avec d'autres humains pour être heureuse et ne pas être seule. Mais si tu tiens un jour à vraiment partir, je ne pense pas que tu seras retenues. Le choix t'appartiendra toujours.

Ne pas être seule. Etre heureuse. Ma sécurité. Si j'entends ses paroles et que je les comprends, j'ai pourtant du mal à me sentir réellement concernée. Je ne me sentais pas seule dans la Ville Abandonnée. Tout comme je n'ai pas la sensation d'être heureuse ici. Avais-je besoin pour ma sécurité qu'ils viennent me sauver ? Je ne crois pas. Même si pour vivre avec d'autres humains, en effet, il n'y avait pas beaucoup d'autres options. Mais je me sens tellement éloignées de ces gens, si différente. Au point de partir ? Bien sur que j'y ai pensé pourtant, quelque part, quelque chose m'en empêche, sans que je ne sache réellement quoi.

- Regarde, le parc !

La Nature est belle et bien là, devant moi. A la fois si familière et un peu étrange malgré tout. Je retrouve les sons, les parfums et les contacts rassurants qui m'ont toujours enveloppés sans y retrouver la profondeur que je leur connaissais. Comme si finalement, elle aussi avait été dompté, comme le bétail et les petits monstres que j'ai aperçu.

J'ai quitté le sol à peine la première branche à ma portée. Je retrouve ici mon mode de déplacement de prédilection, parmi les feuilles et les lianes. Ici, j'évolue dans mon élément, sans me sentir restreinte le moins du monde. Je grimpe, disparais, me laisse tomber, redescends tête en bas pour le plaisir de retrouver ses sensations connues et qui m'ont tant manquées. Et une fois plus ou moins rassasiée de ces retrouvailles, je reprends aussi davantage conscience de la réalité. Et de la précarité de ma position.

"- Ssssuis Humaine mais iccci, moi monssstre... "

C'est ce que j'ai lu dans certains regards au milieu de la foule. je suis différente alors forcément, je suis un danger. C'est ce que Hum' a toujours fait en sorte que je retienne, sans que je ne l'applique totalement. Ce qui est nouveau est étrange oui, mais pas forcément dangereux. Sauf qu'il semblerait que les Humains pensent comme lui. Et si cela pourrait m'amuser de trouver une telle ressemblance entre ces deux mondes si différents, cela me fait seulement soupirer profondément. Pourquoi tout est-il si compliqué ?  

"- Ssssi moi Humaine et vous jamais venu avant,... Pourrrquoi moi vécu là-bas ? "

Interrogation étonnement sérieuse que je lâche simplement assise sur une branche basse, à hauteur de Khalys. Mon regard fixe l'horizon, guettant un signe de mon autre famille. Même si j'avais bien compris ne pas être Humampignile, je me considérais comme tel et eux m'avaient totalement accepté. Là, les Humains me toisent ou me fuient alors que je suis une des leurs. Comportement qui me perd un peu.

"- Humains toussss avoirrr nom. Pas moi... "

Pas avant qu'ils ne m'en donnent un. Et tous ces questionnements incessants finissent par me faire douter, remettant en cause tout ce que je crois avoir compris. J'essaie, vraiment, mais il y a tant de choses, de détails, que je ne sais tout simplement plus ou donner de la tête, laissant alors mes réflexions se perdre dans des méandres aussi profondes qu'inextricables.