Ne pas se fier de l'eau qui dort ~ [PV Baal]

Ça y est, c’est le grand jour, c’est aujourd’hui que je vais me rendre au QG pour découvrir mon nouveau lieu de travail.
J’ai réellement hâte et reste un long moment devant ma garde-robe à me demander comment je pouvais bien me vêtir. La robe n’était peut-être pas la meilleure option vu que je ne savais pas encore ce qui allait m’attendre malgré mon arrivée.
Je trouvais ma tenue de sport ou de combat trop sérieuse et officielle… De plus elles n’étaient pas les plus agréables à l’œil et j’avais envie de me faire jolie pour ces premières rencontres.

C’est donc par élimination que j’ai décidé d’opter pour un bomber coloré, un jean taille haute et un crop-top. Pour les chaussures, je n’ai pas cherché loin et simplement enfilé une paire de basket.
Alors que je descends, j’ai l’impression que ma mère va faire une syncope en me voyant. Elle commence à me réprimander et me dire que ma tenue est inacceptable. Je rigole, hausse les épaules, prends un donut en rigolant et manque de tomber.
Je l’entends me dire de lâcher cela, car ce n’est pas bon pour moi et lui cri déjà assez loin :

- M’en fou ! J’aime ça et je ne vais pas me priver pour toi ! À ce que je sache, t’as pas élevé ta fille dans le but d’en faire un mannequin à marier !

Je repars toute aussi contente de ma remarque. Je me rends rapidement dans la stalle de ma monture pour le gratifier d’une caresse. Aujourd’hui il restera là, j’ai décidé de ne pas m’imposer en l’emmenant avec moi dès le premier jour, puis je file avant d’être en retard.

Je me dirige vers la boulangerie ensuite et achète un paquet de douceurs en tout genre, allant du donut, au cookie, au beignet et j’en passe.
Je regarde ma montre et me rends compte que je ne suis déjà pas d’avance et décide donc de courir pour donner l’illusion que je suis une personne ponctuelle. J’arrive finalement devant l’entrée, quelque peu décoiffée, les joues rosies par la course et le grand sourire.
Je prends la direction de l’accueil et me présente. On m’annonce qu’une personne va venir me faire visiter et me présenter à mon supérieur, alors qu’elles me regardent d’une étrange façon.

Je regarde mon sac et leur tends en rigolant, me disant qu’elles ont sûrement faim.

- Vous en voulez ? Je viens de les acheter à la boulangerie ! C’est tout frais !

Elles déclinent très peu à l’aise apparemment par ma prise d’initiative et décide donc d’abandonner avec elles pour aujourd’hui.
Un monsieur appelle alors mon nom.
Je me retourne toute sourire et manque de faire tomber mon paquet remplis de mes précieux sous le coup de la surprise. Je les rattrape de justesse, soupire soulagée et me redresse heureuse d’avoir évité la catastrophe avant de m’approcher de lui.
Il semble surpris et assez strict… Il a le visage marqué par les responsabilités et lorsque je lui demande s’il veut un biscuit, il me regarderait presque avec dédain, se demandant sûrement ce qu’une gamine fait ici…

Bien qu’il ne le sache pas, je suis piquée dans mon orgueil, j’ai travaillé dur pour en arriver où je suis et ce n’est pas parce que je n’ai pas l’amabilité d’une porte de prison que cela signifie que je ne suis pas très investie.  
Je décide de hausser les épaules et de ne pas laisser Vieux Grincheux gâcher ma journée et apprécier ma visite.
Je suis admirative, bien que le bâtiment a une architecture très froide, je le trouve très bien pensé et très ingénieux.

Il m’avertit ensuite qu’il va me conduire à mon chef. Il me demande de ne pas commettre d’impair devant lui et me rappelle que tout ceci n’est pas un jeu. Je l’écoute d’une oreille distraite et me demande plutôt à quel point ces cloisons sont résistantes et si elles sont en plus insonorisantes. J’arrive dans une pièce où un homme se tient debout… Il semble occupé.

Et alors que je vais pour m’avancer vers lui et me présenter comme il se doit, me faisant la remarque comme quoi il était vraiment beau garçon et… Me demandant déjà avec qui de mes nouveaux collègues je pourrais le caser pour lui faire vivre la romance parfaite…
J’en oublie de regarder où je marche et me prends le pied de la table. Je commence à perdre l’équilibre et fait trois grands pas, frôlant le corps de mon chef avant de réussir à m’arrêter dans ma course et à me redresser rapidement. Je tends mon paquet de gâteaux vers l’inconnu, sourire aux lèvres et joues rouges au vu de la honte qui me gagne petit à petit puis rétorque d’une voix fluette.

- Vous en voulez ? Ils sont tous frais, je les ai achetés sur la route…

Je n’en mène pas large et le raclement de gorge du monsieur de tout à l’heure me rappelle de la bourde que je viens de faire…
C’est un bon début de journée qui se présente et une introduction haute en couleur et maladresse.

J’entends le ronchon prendre la parole et me demander de revenir immédiatement, pour ne pas déranger Monsieur Etheria plus longtemps avec mes singeries, s’excusant auprès de lui et laissant finalement entendre que cette catastrophe qu’il a sous les yeux et la nouvelle recrue.
Je fronce les sourcils, mécontente des propos et serre la mâchoire mais ne dis rien et prends sur moi, malgré le fait qu’il ose se moquer de moi et me dénigrer ouvertement…

Même si je suis blessée, je comprends aussi que la rigueur est de mise et que cela peut aussi être un signe d’inquiétude, à l’idée que l’on me laisse aller me battre dehors contre des créatures sans pitié…

Enfin, c’est une bien rude journée qui commence…

Mon lieutenant se met à rire en se servant dans mon paquet pour s’emparer d’un cookie. Je suis soulagée, enfin une personne qui accepte de partager ces délices ! Cela aurait été honteux qu’ils soient perdus alors qu’il y en a bien assez pour faire profiter autrui.
Je me remets rapidement de mes émotions et prends à mon tour quelque chose à grignoter. J’entends alors le fameux Monsieur Etheria congédier Monsieur Ronchon et avant qu’il ne parte je me précipite vers lui, prends un beignet que je dépose dans sa main en lui souriant avec tendresse.

- Profitez d’être débarrassé de moi pour le déguster… C’est vraiment un plaisir pour les papilles, faites moi confiance !

Je m’éloigne ensuite de lui et plonge mes yeux céruléens dans ses iris ambrées quand tu reprends la conversation. Je ne savais pas qu’il était renseigné sur mon dossier que je fais partie des 12… Cela me dérange quelque peu, je n’ai pas envie que l’on me perçoive différemment de ce que je suis… Je suis Violette, certes née sous le signe du poisson, mais cela ne change en rien qui je suis.
Pour autant, le « aussi » me rassure quelque peu là-dessus et je me demande alors le signe que tu représentes et son pouvoir… Sommes-nous complémentaires ou il est préférable de se tenir à distance l’un de l’autre ?
Je ne prends pas la peine de tergiverser et décide d’entrer dans le vif du sujet.

- Oui et vous êtes ? De ce que je crois comprendre, vous êtes aussi un des douze ? Je suis désolée, je n’ai fait aucune recherche avant d’arriver ici.

Aucune animosité ne se dégage de moi, pour autant, on peut aisément remarquer que ce sujet ne m’enchante guère et pour éviter que l’on se gêne l’un l’autre, je préfère l’exprimer clairement. C’est donc avec mon éternel sourire que je reprends…

- Désolée si je vous semble un petit peu froide… J’ai pris l’habitude de fuir ce sujet de peur que l’on ne voit en moi que le poisson et non la personne derrière… Mais si vous avez vous aussi cette tare, vous devez savoir ce que cela fait, donc ça ne me dérange pas d’échanger avec vous.

Je rayonne de bienveillance et de malice à la fin de cette phrase et observe un peu ce qui nous entoure, fascinée, oubliant un moment que je suis avec une personne bien trop importante pour me montrer rêveuse et tête en l’air. Je secoue la tête et frotte doucement ma nuque en offrant un sourire désolé.

- Excusez-moi, j’étais perdue dans mes pensées ! Je trouve l’architecture de ce bâtiment remarquable et me pose pas mal de questions ! Ce n'est pas que le reste ne m’intéresse pas, mais il m’est difficile d’empêcher mon esprit de réfléchir ou de rêver. Oh et avant que j’oublie ! Je suis vraiment ravie de vous rencontrer et être sous votre supervision !

Je tends ma main avec douceur dans ta direction… Je ne me voyais pas taper la bise à mon supérieur dès le premier jour… Bien que ça ne m'aurait pas dérangé, il est beau, souriant et… Solaire. Oui, cela le qualifie parfaitement bien…  

Le présent semble te combler et cela me plaît, de plus tu n’as pas l’air agacé par mon comportement et ne m’as pas non plus levé le ton face à mon entrée fracassante. Contrairement à ma mère, malgré ton rang tu es resté plein de bienveillance et c’est en cela que je trouve que tu sembles être un bon chef. Au lieu de crier et tirer vers le bas tes coéquipiers, tu préfères rire avec eux et leur apporter réconfort… Noble qualité que je perçois là.
Tu me remercies donc puis après m’avoir écouté, reste dans la douceur et te permet simplement un soutien moral. Je fonds, je me dis qu’il faut FORCEMENT que je te trouve ta moitié si tu n’en as pas déjà une… Je veux te voir heureux et soutenu !
Enfin mon fantasme me fait m’égarer et je me reconcentre très rapidement quand tu viens prendre la parole pour te présenter officiellement.

Un lion… Et tu te nommes Baal… Original, je n’avais jamais entendu ce prénom auparavant, mais j’aime bien sa manière de tinter au creux de mes tympans. Je ne me départis pas de mon éternel sourire quand tu me proposes de faire abstraction de formalités.
J’allais pour te répondre, mais ton geste un peu gêné m’a fait m’arrêter… C’est assez cocasse de voir un colosse mal à l’aise et ressembler à un ourson malgré son poste de lieutenant… C’est décidé, je me fais la promesse de te rendre heureux puis fier… Fin plutôt l’inverse, la fierté en premier en tant que bonne coéquipière, puis te rendre heureux en me mêlant à ta vie privée.

Tu viens ensuite aborder le sujet de nos pouvoirs… Je sais que tu dis vrai et je pense que je finirai par me confier, mais c’est un peu honteux de t’avouer qu’on peut lire en moi comme un livre ouvert à cause de mon pouvoir… Cela me fait cogiter et je pars profondément dans mes pensées, je suis tellement en train de peser le pour et le contre que je ne remarque pas de suite les gouttelettes d’eau commencer à se créer et à léviter autour de moi. Lorsque je m’en rends compte, je pousse un petit cri et viens les saisir dans ma main pour les « broyer » et les faire ainsi disparaître.

Je pense que c’est désormais le bon moment pour te répondre et éviter que l’on s’attarde un peu trop sur ce petit incident.

- J’aime beaucoup votre prénom Baal ! Je trouve cela mignon ! Mais si vous êtes lion, dois-je en déduire que vous êtes un peu comme mon contraire ? Vous êtes censé être la lumière qui aime se sentir au centre de tout, alors que le poisson a plus tendance à se faire discret dû à sa timidité… Même si j’ai l’impression que nos signes ne nous définissent pas totalement… Vous êtes trop gentil… Mais je m’égare. Par rapport à ce que… Je suis et de mon pouvoir, je pense que vous avez raison. Je sais que cela m’aiderait beaucoup, mais… C’est un peu gênant… Il est un peu personnel ?… Intime ?…

Je sens le rouge monter aux joues et m’amuse donc avec mes cheveux… Pas sûr que si je sors à mon boss : « Mon pouvoir est lié aux émotions, je suis donc un livre ouvert, mais mon entourage aussi… Même si je ne sais pas forcément ce qu’il ressent, selon le moment, je sais si le sentiment est fort ou non et peux donc le déduire » … Autant nous demander de nous mettre nu à ce stade, cela serait presque moins gênant… Un corps est un corps, il est semblable à celui de n’importe qui alors que nos émotions nous définissent.

Tu me sors de mes pensées pour répondre à ma remarque de tout à l’heure et je t’en suis reconnaissante de ne pas me réprimander. Tu me proposes même de passer au tutoiement, je ne pourrais être plus heureuse ! Je déteste les formalités, j’avais peur de te tutoyer par mégarde… Et si je veux que tu m’aides avec mon pouvoir, il vaut mieux que l’on ne coupe pas les sentiments… J’ai besoin d’eux et leur puissance. Ils font notre force et notamment ma force.

On se serre la main et je me rends alors compte de l’homme que tu représentes. Elle est calleuse et bien plus que la mienne, alors que je m’entraîne beaucoup. De plus elle est épaisse et grande, je disparais aisément dedans… Foutue petite taille je vous jure, difficile d’être prise au sérieux après cela.
Enfin, ne s’en formalisons pas et reprenons la conversation là où elle s’était arrêtée.

- J’espère me plaire aussi, mais je n’ai aucun doute sur cela… J’ai grandi dans ce but en quelque sorte !

Je souris avec une douce amertume en pensant à ma maman… Je n’aurai jamais fait ce qui ne me plaisait pas, certes, mais il est vrai que j’ai été très conditionnée. Je secoue la tête et reprends…

- Dis-moi soleil du QG, quel est donc ton pouvoir ? Je me le demande ? Est-ce un élémentaire, un psychique ou autre ? Je suis curieuse, mais c’est ma première rencontre avec l’un des 12 et me pose donc beaucoup de questions.

J’espère que tu ne trouves pas mes demandes trop déplacées. Je reprends ta main dans la mienne et incline ma tête en signe d’excuse.

- Si tu ne veux pas répondre ! Il n’y a pas de souci ! Après tout moi-même je ne me suis pas montrée très honnête dans ma réponse ! Simplement, je pense que pour ma part, je peux certes t’en parler, mais il est préférable de mieux se connaître pour essayer de m’aider… Puis il me fait devenir moche si j’en abuse… Donc euh… Si je pouvais ne pas encore montrer cette facette de moi, cela serait préférable.

Je te lâche et me recule d’un petit bond suite à ma remarque… Je parle trop ? Je sens que oui ! J’espère qu’il ne va pas m’en vouloir… J’ai peur que tu ais l’impression que je dépasse les limites alors qu’il ne s’agit là que de curiosité que j’espère, tu ne trouveras pas déplacée…

Il ne me faut pas longtemps pour comprendre que j’ai déjà osé embarrasser mon lieutenant avec mes remarques… Le mignon n’est apparemment pas passé de manière inaperçue et je m’empêche fortement de ne pas me claquer le front dépitée par mes propos irréfléchis. Je remarque que je semble l’inquiéter quand je lui parle de mon entraînement et après hésitation, je décide d’être plus explicite pour prouver que ce n’est pas tabou.

- Ma maman était lieutenante et en voyant mon aisance à l’équitation, elle s’est dit que je pourrai devenir bonne au combat… Donc on s’est beaucoup entraînée toutes les deux, au début contre mon gré puis ensuite… Je me suis mise à trouver cela intéressant de découvrir les tactiques pour faire plier son adversaire. Les coups que je pouvais porter malgré mon corps frêle et l’aide de mon pouvoir pour bien des choses pouvait se révéler des plus utiles… Mais avant tout, je fais ça pour continuer de voir les autres sourire car ils se sentent protéger. Si je peux être un rempart pour la tranquillité je deviendrai… Et si je dois tuer pour survivre, je le ferai.

En prononçant ces derniers mots, toute la chaleur et la vitalité qui me caractérise habituellement a disparu. Des propos sans émotion et orné d’une chaleur glaciale. Je secoue ma tête et commence à te regarder de nouveau avant de baisser le regard mal à l’aise… Vrai que j’ai beaucoup parlé… Mais comment puis-je faire autrement ? Je suis intimidée et cela me permet de me calmer… Alors certes normalement j’ai un débit de parole conséquent, mais pas à ce point ! Je le promets… Et si je l’avais déjà soûlé ? Bon au moins il avait rigolé en disant cela et ne semblait pas énervé… Mais sa bienveillance m’a touchée au plus profond de mon être.

Finalement, il me propose même de continuer de poser des questions et je comprends donc que je ne l’ai pas agacé précédemment mais simplement surpris. Je réfléchis quelque peu et souris doucement avant de rétorquer.

- Finalement, si je comprends bien, j’annule ton pouvoir, tu annules celui du capitaine et le capitaine annule le mien… Cela risque d’être sportif les missions où nous sommes ensemble… Car comme tu l’as deviné, le mien est étroitement lié à l’eau.

Je pioche une autre de mes confiseries et grignote cette dernière l’esprit ailleurs. Vais-je décevoir mon capitaine ? C’est en effet l’une de mes craintes… Il ne me prend peut-être pas au sérieux avec tout ce que j’ai pu lui montrer précédemment.

- Et toi Baal ? Pourquoi es-tu devenu lieutenant ? Qu’est-ce qui te motive à sacrifier ta vie pour autrui ?

Je cherche un endroit où m’asseoir, mais ma conscience m’interdit de venir à tes côtés pour poser mon divin postérieur sur le bureau et reste donc sagement à ma place. J’attends donc à la place bien sagement ta réponse.

Apparemment, l’idée de croire que l’on pouvait plus apporter de difficulté dans nos combats que de s’aider t’amusait. Je me retrouve donc à sourire à l’instar de toi et acquiesce. Tes propos me font déjà sentir intégrée et je t’en suis reconnaissante. Malheureusement ma question ne semble pas la bienvenue et tu ne parais pas à l’aise avec cette dernière. Tu fais en sorte de l’esquiver et je fronce les sourcils… Pourquoi mentirais-tu ? Tu semblais devoir m’attendre et à part passer la journée avec toi, je n’ai rien d’autre de prévu.

Tu me réponds quelque chose de bateau qui ne me convient pas du tout et je fronce de plus belle les sourcils. Tout semble se mélanger dans ta tête et tu me proposes de montrer mes compétences. Je secoue la tête, soupire et passe devant toi avant de poser une main sur ton épaule.

- Tout comme tu me l’as dit précédemment, on peut prendre notre temps… Tu n’es pas obligé de répondre aux questions qui t’embarrassent et tu peux simplement me dire que tu n’as pas envie d’aborder ce sujet avec moi pour le moment…

Je t’offre un sourire réconfortant en plus de cette main douce sur ton épaule et te rétorque…

- De plus, je n’aime pas trop savoir que tu donnerais ta vie pour l’un de nous au besoin… Tu es notre chef, notre capitaine et si tu es à ce poste, c’est que tu as les épaules pour… Tu ne peux pas sacrifier ta vie pour une novice comme moi par exemple… Car en faisant cela, tu laisses tous les autres seuls et donc ton sauvetage héroïque pour une personne pourrait bien finir en boucherie pour toute ton équipe. Nous te suivons car nous savons les conséquences et sommes prêts à les affronter. Nous ne sommes par contre pas fait moralement pour encaisser la mort de notre chef et être d’une certaine manière sans défense… Alors s’il vous plaît capitaine, au lieu de mourir pour nous, vivez pour nous.

Je m’éloigne suite à cela en prenant la direction de la salle d’entraînement. Je romps l’échange visuel que nous avons… Pas parce que je suis colère ou déçu, mais je connais la violence que peut provoquer les mots et les paroles et dans le doute… Je préfère ne pas observer l’impact de mes propos sur toi, par respect pour toi. Tu restes mon lieutenant et je sais donc aussi qu’on t’impose le fait de rester fort pour tes troupes et ne pas montrer tes faiblesses… Je respecterai cela.

C’est donc droite et avec l’adresse d’une femme que je m’éloigne de toi, prête à te montrer ce que je vaux, peu importe le style de combat… Je désire du plus profond de mon être ta reconnaissance et savoir que je n’ai pas été entraînée tant d’année par une lieutenante pour rien…

Bravo Vi, vraiment, félicitation pour ton indélicatesse à l’état pur. Alors que tu désirais simplement lui dire que tu comprenais qu’il ne veuille pas en parler, tu te retrouves à le vexer.
Je m’épuise, je suis vraiment nulle pour échanger avec autrui, on remarque que je n’ai pas tant eu d’interactions sociales dans ma vie.
Et alors parler de son poste sans le connaître ? Mais tire-toi une balle dans le pied ma vieille, ça sera mieux et plus simple.
Alors qu’on avait commencé sur une si bonne mesure, voilà que j’ai tout gâché. Je m’en veux terriblement et voûte quelque peu les épaules, mordant ma lèvre avec force.
C’est stupide, je sais de prendre autant à cœur une remarque qui n’était même pas foncièrement mauvaise… Mais cela fait écho avec mon passé peu glorieux et comment des simples mots ont pu me blesser. Alors te faire subir la même chose est un comble pour moi. Je triture mes mains avec nervosité et murmure pour qui entendra un léger.

- Excusez-moi…

Je reprends la marche un peu plus rapidement, voulant fuir cette pression dans la poitrine qui m’était douloureuse jusqu’à me souvenir… Que j’avais totalement arrêté d’écouter les explications de grincheux à ce moment-là, car je trouvais les couloirs bien plus intéressants que lui. Je m’arrête donc honteuse à une intersection et attends de me faire dépasser pour reprendre ma marche. Je profite de cet arrêt pour répondre à ta question et même si ta voix est de nouveau douce, le malaise continue de me ronger… Je t’ai fait subir ce que je détestais, des leçons de morale alors qu’en plus je suis qu’une nouvelle…

- Euh… Je suis spécialisée dans le ryotojutsu… C’est ma technique de prédilection, même si pour aller avec mon pouvoir j’ai appris l’essentiel des shurikens… Juste au cas où s’il m’arrive un souci, c’est plus facile de transport…

Sur mes propos j’ouvre la poche interne de mon blazer et en sort 3 petits shurikens de différentes formes. Je ne sais pas comment cela va être interprété, mais au moins je ne cache rien.
De ma main libre je joue nerveusement avec mes cheveux et appréhende ta réaction… Est-ce que l’on va me penser comme dangereuse et me dénoncer ? Cela me permet simplement de déambuler en toute confiance partout où je me rends. On n’est jamais trop prudent… Même si je n’ai jamais eu à les utiliser…

J’attends ta réaction avec une grande appréhension et suis soulagée de voir que nous sommes finalement arrivés à la salle de combat.
Je m’émerveille devant sa grandeur et son équipement, cela me plaît et deviendra sans doute l’un de mes endroits préféré. J’accélère la cadence et me place au centre de la pièce où je tournoie comme une enfant un jour de neige.
Oui c’est quasiment impossible je sais bien mais cela arrive… Rarement…

- Cette salle est vraiment géniale ! Elle est si spacieuse ! Et en si bon état c’est un bonheur à l’état pur !

Je suis heureuse et oublie mon mood assez étrange de tout à l’heure… J’ai envie de m’entraîner avec toi et de me mesurer à toi… Car sur ce point, je sais que je me défends bien… Car je n’ai eu affaire qu’à la sûreté des entraînements jusqu’à maintenant…

Je te suis alors que tu ne fais aucune remarque lorsque je me trompe de chemin. Tu sembles connaître ma méthode de combat et cela ne m’étonne point quand tu me nommes ton arme de prédilection. Le stress mas aussi une montée d’adrénaline se forme en entendant tes mots. Je vais pouvoir découvrir mon réel niveau et enfin me mesurer à quelqu’un.

Alors que nous arrivons tous deux dans la salle, tu t’en vas chercher les lames d’entraînement et je m’en saisis au vol. Je les observe, les sous pèse avant de te rejoindre au centre, en position de combat. Je sais que dans ce genre de combat où je suis désavantagée, il me faut perturber mon adversaire. Je commence donc par poser ma veste non loin de toi avant de soupirer.

- Si j’avais su, j’aurais pris mes vêtements de sport…

J’ai à peine fini ma phrase que me voici déjà élancée sur toi sans énoncer le moindre début de combat ! Je me bats tel un beau diable et pare les coups que tu me rends alors que lorsque j’arrive à parfaitement te bloquer, ma seconde lame se libère pour chercher à viser chacun de tes points vitaux. Je suis rapide et agile, mais je sens que la force qui nous sépare et grande et c’est donc dans cette optique que je fais en sorte que tu abattes ta force sur moi et de l’esquiver au dernier moment pour te faire perdre l’équilibre et profiter de ces précieuses secondes pour reprendre mes assauts. Je bondis dans tous les sens, j’attaque, je recule, mais rien ne me déconcentre et je me sais endurante pour maintenir ce genre de combat très énergivore pour moi, mais c’est ma seule issu ! Je ne suis qu’une jeune femme et tu es mon capitaine… Pour autant, tout dans mon regard et mon allure t’implore de me reconnaître à ma juste valeur. Je suis rouge, des perles de sueur glissent le long de mon front, mais jamais je ne cesse. Je me tiens parfaitement droite et garde la pose malgré la fatigue qui me ronge et me tiraille.
Je halète et t’observe encore pour essayer d’analyser chacun de tes mouvements, de lire dans ton combat et de fuir quand mon instinct me hurle que si je prends ce coup, c’en est fini pour moi.
Il n’y a plus aucune émotion sur mon visage, je suis d’une impassibilité à toute épreuve et aussi froide que la glace. Je suis concentrée, il n’y a pas à dire…

Je me démène pour ne pas être lue dans mes mouvements, et même si je sais que ce combat peut-être pensé comme superficiel car tu ne vas pas me blesser… Moi j’y laisse ma vie et m’acharne.
Des cris m’échappent par moment, mes poumons me brûlent mais je continuais de me déchaîner comme une diablesse. Je te fixe et dès que je peux retourner ta force et ton poids contre moi, je le fais…

Mes sentiments, ma tête et tout mon être te hurlent de me reconnaître à ma juste valeur. Je suis certaine qu’il faut que je te montre tout ce dont je suis capable dans ce combat et tant pis si je souffre ! Tant pis si je m’effondre à la fin !

Je suis résolue.

Et tellement résolue alors que je perds l’équilibre par l’épuisement et que tu t’en vas pour me donner le coup final au combat… Un puissant mur d’eau se dresse devant nous d’une puissance inouïe... Je me dessèche rapidement et essaye de reprendre peu à peu le contrôle sur moi avant de sourire et même de rire… Ma peau est assez terne et semble même rugueuse.

Je suis au sol et je me tiens les côtes en te regardant avec malice.

- Je ne fais pas le poids, mais au vu de la puissance qui s’est manifestée pour mon pouvoir je pense que je ne suis pas la seule à m’être amusée.

Je t’observe de haut et me dis que face à moi j’ai un grand capitaine et que je le suivrai jusqu’à la mort s’il le faut, mais jamais ô grand jamais je ne me détournerai de lui.

Tu m’encourages, tu ne te bats pas à ton maximum et je le vois bien, mais tu doses juste ce qu’il faut entre le fait d’apporter du challenge, sans pour autant m’achever directement et me laisser ainsi te présenter mes compétences.
Tu ne me dénigrais pas malgré notre différence bien au contraire et en agissant ainsi, tu me faisais sentir encore plus vivante. J’étais heureuse !
J’avais beau être épuisée, je ne le sentais pas réellement tellement j’étais concentrée dans ma quête de t’affronter.

Je remarque alors que l’effort n’est pas que d’un côté. Je poursuis donc avec plus d’acharnement et de motivation, mais cela ne suffira pas. Je suis effondrée de fatigue, mais tes propos me redonnent une énorme force… J’ai été utile !
J’ai été reconnue ! Tout ce travail n’était donc pas pour rien ?…
J’aurai presque envie de pleurer mais je me retiens et t’observe simplement avec bienveillance et douceur. Alors que je me dis que tu vas enfin me tourner le dos, ton arme se plante dans le sol et ta main se tend dans ma direction.

Je la saisis timidement et me dis que ma peau doit être un petit peu rêche au toucher. Je fais bien pâle figure par rapport à toi ! J’essaye d’en faire abstraction, mais cela m’est difficile.
Alors j’essaie de simplement apprécier ton contact et lance avec toi mes armes le temps d’un combat. Je me tourne ensuite vers toi et… Je n’étais clairement pas prête pour ce spectacle.

Tu te trouves devant moi, ta peau caramel est saupoudrée de gouttelettes et l’Apollon que tu es me laisse en visuel un corps magnifiquement sculpté. Je n’avais rien vu de tel et déglutis, secouant la tête pour sortir de mes songes et de mes indécentes rêveries.
Cet homme, n’a-t-il pas conscience des charmes qui émanent de lui pour ainsi se présenter ? Je soupire de manière imperceptible.
Bien sûr que tu le sais et en joue sûrement… La vie n’est pas toujours toute Rose Violette ! Il n’a pas vécu comme toi dans une bulle inébranlable…
Les femmes cela doit le connaître ! Peut-être qu’il a même une copine… Mais s’il n’en a pas, il me faut lui en trouver une !
On ne peut pas gâcher un tel physique ! Il faut au moins qu’une personne puisse en profiter.

Je sors de ma rêverie quand j’observe une bouteille foncer droit sur moi. Je la rattrape au vol et te gratifie d’une esquisse reconnaissante.

- Merci beaucoup… Pour tout !

J’ouvre ma bouteille et t’observe par la même occasion.
Grave erreur de débutante ! Ce que je vois n’est pas pour me déplaire et j’ai l’impression à ce moment même que tout ceci n’est qu’un rêve et que tu n’es pas réel.

Cela me déplaît de me voir décontenancée par la simple présence de mon capitaine. C’est ridicule, j’ai l’impression d’être une adolescente prépubère qui n’arrive pas à se contrôler. J’engloutis donc sans réfléchir l’intégralité de ma bouteille…
Voulant puérilement me venger de toi, je décide de laisser passer un peu d’air pour laisser l’eau ruisseler à son tour sur mon corps… Grave erreur Vi !

Laissant trop d’air, je ne provoque finalement que la chute intégrale de l’eau restante sur moi. J’ai donc désormais la confirmation que je suis bien une idiote. Mon haut blanc colle désormais à ma peau et je soupire. Je l’enlève donc, ne craignant pas la suite pour la simple et bonne raison qu’une brassière noire se trouve en dessous.

Juste au cas où j’aurais à me dépenser. Je voulais être prévoyante et j’ai bien fait. Je la mets souvent pour travailler, comme ça, je suis délestée de la moindre parcelle de tissu, mais je trouvais cela mal venu de l’afficher dès la première rencontre…

Simplement… Pour ne pas être perçue comme une pauvre petite aguicheuse, allumeuse… Qui ferait honte à ma famille. Je regarde me T-shirt désormais dans mes mains et lui offre un sourire amer… Finalement, certains propos de ma mère sont plus encrés en moi que je n’aurai pu le penser. Je t’observe et essaye de camoufler le tout suite à une blague.

- Mince à la fin ce n’était pas un concours de T-shirt mouillé ?! Moi qui pensais t’avoir battu à plate couture dans une compétition suite à ma rapidité inégalée !

Mes joues sont rosies par le malaise de sortir pareilles inepties, mais mon sourire n’en départit pas. Je ne sais pas pourquoi, mais je sens que je peux me permettre cette petite pirouette pour m’en sortir et que tu ne me jugeras pas. !
Bon malheureusement pour moi, mon corps n’est pas celui d’une bimbo. Les formes ne sont pas spécialement généreuses et la brassière n’aide en rien. Ma silhouette est particulièrement sculptée pour l’exercice et plusieurs ecchymoses de différentes tailles et couleurs l’entourent… Preuve d’un entraînement acharné contre une mère qui n’a pas peur de punir la moindre ouverture et inadvertance… Pour autant, on voit que tout a toujours été sous contrôle, car malgré cela, aucune cicatrice n’est visible à l’œil nu, car elle a toujours contrôlé sa force.

- Je me sens pitoyable tout de même face à toi… Je n’ai même pas pu t’affronter à ta juste valeur et tu as dû te retenir tout de même ! C’est frustrant, mais je te promets qu’un jour… Un jour, tu seras obligé de te déchaîner pour ne pas te voir détrôné !

Je ne désire en rien ta place… Mais je veux te prouver que je grandis dans l’ombre et désire progresser au même rythme que toi, si ce n’est plus pour ne pas me laisser plus distancée. Je veux un jour, être celle qui t’aide à te perfectionner en réussissant à te tenir suffisamment tête pour te forcer à te repositionner…