Ne pas se fier de l'eau qui dort ~ [PV Baal]

… Terrible, il faudra que tu regardes dans ma direction au moment où je me ridiculise. Je désire m’enterrer vivante ou encore me cacher dans un petit trou de souris, mais bizarrement, ce n’est pas possible et je reste donc telle une belette effrayée prise en flagrant délit de maladresse. Pour autant, ta phrase me permet de rebondir facilement et je rétorque donc.

- Alors… Là n’était pas vraiment le plan ! Je dois bien le reconnaître, pour autant sache que oui cela m’aide beaucoup pour réhydrater ma peau… Même si le bain ou la douche reste une bien meilleure solution et… Bien plus faible que cette traîtresse de bouteille d’eau !

Je rigole et regrette de ne plus avoir de liquide dans mon récipient, car cela ne m’aurai pas dérangé de t’en renverser quelque peu pour me venger gentiment face à tes taquineries. Mes saphirs se posent avec douceur et bienveillance sur toi et je reprends.

- Que veux-tu ? On ne peut battre la grande championne que je suis ! Ce n’est pas aujourd’hui que mon titre sera remis en jeu ! Mais ne t’inquiète pas, la prochaine fois je te laisserai peut-être une chance… Ou pas, après tout, on ne peut pas être bon partout !

Je m’esclaffe de plus belle et ose même te tirer la langue, amusée par notre échange. Je baisse la tête et la secoue pour me reprendre et alors que je la redresse, je te vois t’avancer dangereusement vers moi. J’incline la tête sur le côté, surprise par cet avancement et te vois te mouvoir pour te défaire de ton T-shirt.
Comment vous dire ?… À cet instant j’ai totalement, littéralement et indéniablement bugué. Non mais comprenez-moi ! Un moment je suis humaine et la surprise ne pouvait pas me faire réagir autrement ! Je ne veux rien entendre qui me contredise, cela serait mentir ! Sans pouvoir me retenir plus longtemps les mots m’échappent.

- OH – MON – DIEU !

Je m’arrête un instant, réalisant mes propos et attrape rapidement ton haut, rouge écarlate et me rectifie rapidement, pour que cela somme le plus réel possible.

- Merci beaucoup ! C’est adorable !

J’attrape donc le T-shirt blanc pour le troquer avec mon… Haut blanc. Je te gratifie d’un délicieux sourire et me demande quoi faire entre tout retirer ou non…
Je n’ai pas le temps d’y penser lors de l’instant présent, car tu prends la parole pour me répondre. J’écoute ta réponse et trouve tes encouragements adorables. Je pourrai presque te faire une bise, mais je me retiens pour une raison évidente de non-proximité avec toi pour le moment. Je sers un petit peu le haut contre moi avant de me tourner et de te montrer mon dos pour retirer la brassière et me vêtir de ton T-shirt.
Tout en me changeant, je prends la peine de te répondre.

- Mes mots sont certes un peu durs, mais il est vrai que j’apprécierai d'être meilleure… Pour un esprit de compétition et peut-être pour avoir l’impression d’être aussi doué que ma maman qui ne croyait pourtant pas en moi.

Je suis désormais apprêtée dans ton vêtement… Bien trop grand pour moi en me retourne en étendant mes bras pour montrer la légère différence de gabarit.
Je croise les bras sous ma poitrine et reprends.

- Ravi que tu en sois heureux et ne me trouves pas au contraire impertinente !

Je m’approche de toi et une fois à ta hauteur, tapote gentiment ton épaule, mes céruléens cherchent tes soleils et une fois trouvé, je rétorque.

- Du moins, je désire être aussi doué que toi plutôt qu’à l’image de ma maternelle. Je trouve que tu es une bien meilleure personne que cette dernière et par extension un meilleur lieutenant. Plus humain et positif… Plus posé aussi !

Je t’observe avec malice et file à mon tour reprendre une bouteille d’eau… Faisant bien attention cette fois à ne pas la renverser… Déjà que je n’ai pas pu voir dans le miroir si le haut m’allait et s’il était assez couvrant… Mais il est certain que si je refais une bourde, je n’aurai plus aucune hésitation sur la couvrance !

Cela m’amuse que tu prennes réellement en considération mes propos sur la compétition provenue d’une maladresse et c’est donc à cause de cela que je te trouve attendrissant. Tu es une personne très compréhensive et agréable à vivre et je suis donc heureuse d’avoir intégré tes rangs. Tu me prêtes ton haut et bien qu’au début j’aurai pu baver devant ton corps d’Apollon, je reprends désormais contenance par respect pour toi… C’est agréable de recevoir un regard flatteur, mais malaisant quand ce regard devient insistant et ne te lâche plus, tel un prédateur devant sa proie.

Tu es heureux de voir tout le respect et l’admiration que je te porte et si tu exprimes ton émotion à voix haute, je suis touchée de te voir si humain et t’adresse un très joli sourire.

Alors que la discussion va de bons trains, parler de terrain me fait quelque peu paniquer… Je n’ai pas peur de me battre, peu importe ce qui se présente devant moi, par contre, je me connais et je sais qu’il me sera difficile de tuer. Je n’ose pas me confier pour le moment, j’ai réussi à gagner ton estime, je ne veux pas la perdre bêtement. Je sais que ce n’est pas le monde des bisounours… Mais j’aime les animaux et par extension une grande partie des créatures, après tout… Grâce à eux j’ai pu arrêter d’être seule et de découvrir l’amour et la dévotion des animaux.
Ils représentent énormément pour moi et c’est pour cela que s’ils ont une forme très proche de ce que l’on connaît, je n’aurai pas le courage de l’achever… Je préférerais le voir fuir plutôt que de percevoir l’agonie, la douleur et la peur dans son regard… Car il saura que c’est son moment.

J’ai pourtant osé rejoindre les Digilentia Attaquant tout en sachant cela… C’était important pour moi, mais c’est possible que ce soit une raison suffisante pour me bannir de mon travail… J’aimerais t’en parler, mais je me dis que ce n’est pas forcément le bon moment et pourtant… Il n’y aura pas de meilleurs moments que celui-ci. Je ne veux ni te décevoir, ni te cacher quelque chose de si important. Je verrai pour voir après ton travail si tu as un peu de temps pour te poser quelque part et qu’on échange sur ce souci dans les meilleures circonstances.
Je me dis qu’il vaudrait mieux que je te réponde maintenant pour ne pas t’inquiéter et reprends donc.

- Alors je ne serai pas contre… Mais je t’avoue que j’ai beau ne pas avoir la poitrine la plus opulente du monde… Sans soutien, ça risque de n'être pas facile. Et une tenue plus ample serait plus adaptée et pratique je pense… Mais j’aurai adoré à titre personnel ! Sinon… Hmmm… Qu’est-ce que je pourrais apprécier ? Pourquoi pas rencontrer les futurs collègues présents au QG ? Que je puisse situer un tant soit peu ! Et sinon pourquoi pas le reste du bâtiment ? J’ai vu le hall avec les jolies secrétaires, l’accueil, ton bureau et la salle d’entraînement. Y a-t-il d’autres coins intéressants que je dois savoir ?

J’hésite à te proposer dès à présent la petite sortie improvisée… Mais le courage me manque et la timidité me rend muette en ce qui concerne ce projet pour le moment. On verra une fois que j’aurai fini le petit tour ce qu’il en est.

Je vois ton visage se transformer au fur et à mesure de mes propos et je me retiens de rire devant ta gêne occasionnée. Je n’aurai jamais imaginé que je puisse penser cela, mais je trouve mon capitaine chou. Je me mordille la lèvre pour me retenir de rire et ne pas me faire réprimander de mon impertinence qui est en réalité de la tendresse combinée à de la maladresse. Tu te reprends très rapidement et me proposes de reprendre la visite en plus de partir en chemin pour rencontrer quelques coéquipiers.
Une esquisse illumine mon visage et je te réponds vivement et avec entrain.

- Cela serait avec plaisir ! Découvrir un nouvel endroit et des collègues, il n’y a rien de mieux ! Mais je n’insinue pas que vous n’êtes… Enfin tu n’es pas de bonne compagnie hein ! Loin de là ! C’est même le contraire ! Tu es une présence très agréable !

J’espère que je ne t’ai pas froissé, mais je ne pense pas… Ma maladresse bien que fatigante à la longue, peut-être attendrissante au début et j’espère qu’elle le sera pour toi en ce moment même. Je te suis tranquillement, faisant attention de ne pas m’éparpiller dans mes pensées pour ne pas te perdre de vue et me perdre tout simplement. Tes propos rompent mes songes et mon intérêt se tourne vers un bureau qui se trouve être celui de notre supérieur. Je sens toute la chaleur que tu lui portes, mais le mot strict me fait quelque peu redouter. Je me rapproche quelque peu de toi comme pour m’écarter de la potentielle menace pourtant absente et je sursaute au contact de ta peau, lorsque mon bras te frôle… Merde ! J’avais oublié que tu ne portais plus de haut par ma faute !
Je mordille ma lèvre et amène rapidement le sujet sur le tapis pour faire abstraction de ma pudeur.

- Plus strict ? Il vaut mieux que je le craigne ou reste loin de lui ? Je veux dire par là que… Je peux tomber facilement et j’ai parfois le contact un peu facile… J’ai peur qu’il ne soit pas si ouvert que toi à ce propos.

Je passe ma main sur ma nuque et t’offre un petit rire partagé entre l’amusement et la gêne. Si tu l’apprécies, c’est qu’il ne doit pas être une personne si terrible.
Notre chemin continue en toute tranquillité et je reste à tes côtés alors que tu prends de nouveau la parole pour m’annoncer que nous nous trouvons désormais dans l’armurerie. J’observe les portes imposantes et reste à la fois fascinée et quelque peu troublée et apeurée par cette entrée si impressionnante. Je me sens minuscule et presque pas à ma place devant cet endroit plein de prestance. Je me tourne vers toi et je remarque alors un charmant sourire couplé à l’espièglerie. Je me demande ce que tu prépares et c’est là que tu lâches la bombe.
J’hésite, mon regard se pose de nouveau sur cette imposante voûte, verrouillée par un bois massif.
Ma main se pose sur l’écorce polie et semble soudainement toute petite… Comme si une enfant venait de rejoindre les rangs. En effet, je ne suis pas très grande, plutôt petite même… Et en plus de cela, même si je me suis beaucoup musclée, mon métabolisme rapide donne cette impression d’être chétive. Mes muscles sont secs et ont de la force, mais leur côté longiligne et non-rond ne me permet pas d’avoir énormément d’endurance, même si je m’entraîne pour cela. Ma spécialité c’est la rapidité et la force.

Enfin assez tergiversé.

Je presse mon poids contre la porte et cette dernière, après un grincement, vient à ouvrir. Je lève timidement les yeux, comme si je ne me sentais pas à ma place ou dans un lieu sacré, mais une fois que tous les bijoux se présentent à face à moi, la tension redescend instantanément et l’insouciance reprend ses droits. Je me précipite à l’intérieur et me remets à parler sans filtres.

- Ouaaah Baal ! Tu as vu tout cela ?! C’est magnifique ! Sublime même ! J’aime beaucoup trop ! L’entretien que cela doit demander est impressionnant ! Oh mais je n’avais jamais vu cette arme de toute ma vie ! Je me demande ce que c’est ! C’est fascinant !

Je m’échappe et cours partout pour tout observer de plus prêt. Un moment, ne comprenant pas l’utilité ou plutôt l’origine d’une lame, je cours dans ta direction, attrape ta main avec force et te tire à l’endroit de ma découverte pour te demander plus d’explications. Elles ressemblent à des croissants de lune et je trouve cela fantastique !

- Tu penses qu’elle est plus intéressante dans quel type de combat ?! Et sais-tu d’où elles pourraient provenir ?! Elles sont sublimes !

Mes saphirs illuminent la pièce de par l’intérêt de leurs trouvailles et tu en fais les frais. Soudain, je me dis que cela a la taille parfaite pour y glisser une nuque, ou crocheter de manière perfide les entrailles des adversaires.
Je me rembrunis immédiatement en visualisant ce genre de torture et déglutis… Vi ne l’oublie pas, tout ceci n’est pas un jeu… Bientôt tes mains délicates seront rouges… Tâchées d’un éclat écarlate, celui du sang de chacune de mes victimes… Mais je ne veux pas tuer… J’ai peur.
Peur de me perdre dans le meurtre et dans le besoin de tuer et de plonger dans de biens sombres travers. Mais comment te l’expliquer ? Comment te l’exprimer et être comprise et surtout rassurée sur un point pourtant évident lorsque l’on rejoint les rangs.

Je change rapidement mon état d’esprit et secoue la tête pour me reprendre en main et oublier pour le moment.

- Tu aimes cet endroit aussi non ? Pourquoi donc ?

Je remarque que je n’avais toujours pas lâché ta main et retire donc immédiatement le contact, comme si je venais de me brûler. Mais à quoi je pense bordel ?! C’est mon supérieur et moi je me comporte comme si c’était ma bonne copine à qui je voulais montrer une robe ! Par pitié… Achevez-moi.
Sinon le sort risque de le faire pour moi… Intérieurement je me fais la morale : tu vois Violette ? Un exemple parfait de ce qu’il ne faut pas faire avec le chef des Diligentia vu qu’il est plus strict ! Réfléchis un peu je t’en supplie !
Je veux mourir de honte et je remercie que ce ne soit pas une pièce très lumineuse pour camoufler les doux coquelicots qui ont pris place et remplacent mes joues…

Ma maladresse t’amuse et t’arrache un doux rire. Je ne m’en formalise pas et trouve même cela rassurant. Je préfère que tu t’en amuses plutôt que tu te vexes de par mes propos.
Nous continuons tranquillement notre route, bien que je sois perdue dans mes pensées, tu ne sembles pas le remarquer.
Tu me rassures par rapport au caractère de notre chef et un sourire se dessine sur ma frimousse alors que je te réponds.

- Il n’y a jamais trop peu d’autorité ! Mais je veux bien te croire sur sa gentillesse, s’il est un ami à toi.

[…]

Nous sommes désormais dans la salle d’armes et alors que je m’extasie, tu ne caches pas non plus ton plaisir d’être ici. Tes propos me font penser à ceux d’un enfant ayant déterré un trésor sur une île après avoir suivi les consignes d’une carte.
Je t’ai alors conduit jusqu’à moi pour que tu puisses me parler de deux lames particulières. Je ne les connaissais pas du tout et tes explications me sont donc très précieuses. Je hoche la tête et réponds en fixant les lames.

- En effet, elles sont sublimes. La technique est intéressante et j’ignorais tout de ces armes… Et elles ne sont pas les seules… C’est dommage, car je suis sûr qu’elles sont toutes intéressantes et ont toutes une histoire à raconter.

Je me tourne vers toi et me retrouve désarmée par ton sourire. Il est à la fois franc et enfantin, mais heureusement pour moi, tu reprends vite la parole et me permets de me concentrer sur tes propos. Je suis tout à fait d’accord avec toi. Je sais à quel point la conception d’une lame peut demander du temps, donc lorsqu’il faut faire du sur-mesure avec des ornements particuliers… Il vaut mieux être bien préparé selon le demandeur.
Et c’est parce que je me laisse bercer par tes paroles qui me portent à réflexion que j’avais temporairement oubliée nos mains entrecroisées. Je la lâche rapidement et mes prunelles se portent sur toi.
Mon océan semble happer tes soleils car tu ne cesses de m’observer en retour. Le temps semble s’être arrêté et bien que le sentiment de timidité a dangereusement étreint mon cœur, celui de la plénitude a aussi pris place. Je me dis que tes yeux sont vraiment sublimes et bien que j’aime cette caractéristique chez les gens, je ne l’avais pas encore remarqué.
Bien que ce moment, sûrement des plus quelconques pour le jeune homme avait dû durer quelques secondes, j’avais l’impression pour ma part que de longues minutes s’étaient écoulées où j’avais perdu mon chemin.

Ce qui me fit sortir de mes songes ? Tes joues rosies, mais surtout la petite secousse de tête. Notre altercation désormais terminée, tu t’esquives et pars à la recherche de lames pouvant me correspondre. Je n’arrive pas à croire que je vais posséder mes lames. Cela me donne l’impression de m’avancer encore plus vers la dure réalité et étrangement… Cela me plaît.

Peut-être que les personnes ayant vécu dans la peur avant de l’affronter, redoutent moins l’avenir et ce que l’on trouvera en extérieur.
Apparaît soudain devant moi, deux lames. Je les observe et te rends ton sourire. Je les attrape et sors les deux de leur fourreau. Elles sont sublimes, il n’y a rien à redire et les finitions sont impeccables. Je les inspecte sous toutes les coutures, puis je les range avec douceur et t’observe avec détermination.

- Alors ça y est… Je fais vraiment partie des vôtres… J’espère que vous n’aurez aucun regret quant à mon choix mon Capitaine ! Je ferai en sorte de vous rendre fier et de continuer à dorer le blason des Diligentia attaquants.

Un petit rire m’échappe et je redeviens plus douce et attentionnée. Mon regard se repose sur mes lames et je m’avance vers la sortie, posant une dernière fois mes iris dans cette pièce.

- Alors maintenant, où allons-nous ? Je te suis pour le meilleur ou pour le pire !

En prononçant cette phrase, je pense surtout aux salles moins agréables comme celles des soins ou juste des ordures s’il faut parfois aider au nettoyage. Mes petits poings serrent étroitement les manches de mes nouvelles meilleures amies, quant à moi, j’attends de voir la direction que tu vas prendre.

La discussion est fluide est tranquille et je m’amuse d’ouïr la rectification que tu apportes. Une douce esquisse se dessine sur ce visage si solaire en cette délicieuse journée et bien que je le sais, j’aime te nommer ainsi.
Cela symbolise le respect et ma perception de ta personne, de plus je ne serai pas amenée à échanger avec Su-Ho régulièrement, contrairement à toi que je verrai pas loin de tous les jours. J’appellerai ce dernier comme il le désire, mais je ne donne des « surnoms » honorifiques qu’aux personnes qui ont su gagner mon estime. Cela est possible suite à un combat, un tempérament agréable comme il en convient pour toi, mais aussi un orateur admirable, une personne déterminée avec des valeurs que je respecte ou encore des prises de risques qui peuvent amener à de bonnes choses.

- Bien que tu ne le sois pas, cela ne change en rien à l’opinion que je me suis faite de toi. J’aime à t’appeler ainsi car je trouve que tu le mérites et je changerais au besoin en présence des plus hauts gradés. Mais je nomme comme il se doit ou plutôt à sa juste valeur la personne face à moi. Tu as fait pour ta part tes preuves à bien des égards. Enfin, c’est peut-être indélicat, mais c’est ma manière d’être avec autrui… Mais pour le reste, je suis heureuse que mes paroles vous fassent plaisir et qu’une personne que je respecte me pense à la hauteur de ce poste.

Alors que nous filons en dehors de la salle aux trésors, que tu refermes en laissant ainsi derrière nous de nombreux secrets, tu me réponds. Je réponds, c’est pas plus mal de commencer par le meilleur et ma joie est trahie par bien des attitudes. Tout d’abord mes yeux pétillants qui débordent de reconnaissante, puis mon sourire étincelant et sincère, mes joues rosies de bonheur et mon pas actif pour les retrouver.
Par moments, l’attitude est bien plus révélatrice que de simples mots qui entraveront la réelle sincérité.

Finalement, nous y voilà, j’entends au loin les éclats de voix, mélangés à des rires, des discussions et le soleil nous montre qu’il ne reste plus que quelques mètres. Puis nos pas nous conduisent finalement en dehors de la structure. Je pose ma main devant mes yeux trop clair pour s’habituer rapidement à ce changement d’éclairage trop violent.

Une fois habituée, ma main s’abaisse et je découvre un paradis que d’autres pourraient nommer enfer. Ils travaillent dur, la plupart sont en sueur et ne flanchent pourtant pas.
Tu prends la parole et mes iris glissent sur toi intriguée. En effet, je peux constater que tu es le même en peut-être un peu plus taquin de ce que j’avais pu apercevoir plus tôt.
Une personne s’approche et elle émane d’elle la sympathie. Elle vient capturer ton cou en lui affirmant qu’ils se battent à son nom. Il le défie, mais notre capitaine refuse poliment, montrant qu’il est occupé à me présenter les lieux.

Je fais un pas de côté pour ne plus me cacher derrière toi avant de m’avancer doucement. Un sourire intimidé est plaqué sur mes lèvres, mais on voit que j’essaye de donner l’illusion que tout semble aller pour le mieux. Mes joues sont rosies, mes yeux pétillent et on voit toute mon exubérance dégager de moi, pourtant, il y a aussi ce sentiment de malaise qui émane de moi.

Vous ai-je dit que malgré ma manière de me comporter en société, je déteste être au centre de l’attention ? Cela me rappelle lorsque je l’étais petite et ce n’était absolument pas pour les bonnes raisons. C’est bête ce que l’enfance peut nous marquer au fer-blanc.
Tu me présentes et je baisse la tête pour m’incliner et saluer mes nouveaux collaborateurs, prenant aussi la parole assez fortement pour être attendue.

- Je suis enchantée de faire votre connaissance ! J’espère que l’on pourra tous très bien s’entendre et aller de l’avant ensemble !

Ma voix a été légèrement plus fluette, mais je m’en suis plutôt bien sorti pour masquer mes troubles. Je me reprends vite pour ne rien laisser paraître, mais les propos de ton acolyte me font me figer. Je tourne lentement la tête dans ta direction et vois ta gêne transpirer de tous tes pores… Au moins, je ne me sens plus seule et cela me permet de me détendre.
Il dispute son subordonné puis se tourne vers moi pour se justifier encore tout mal à l’aise. Cela en est trop pour moi et je me mets à exploser de rire. Ce dernier est clair, plein de malice et de bienveillance. Je n’étais pas prête à écouter cela et hausse un sourcil en décidant de reprendre cette révélation quelque peu taquine.

- Je vois… Mais dois-je comprendre mon capitaine que vous êtes un homme à femmes et que vous avez du mal à résister à leurs charmes ?

Je continue de rire, mais il n’y a pas de jugement, j’utilise d’ailleurs le vouvoiement pour prouver l’ironie de ma phrase. Je ne peux après tout pas te le reprocher, tu es plutôt mignon comme constaté auparavant. Tu t’en es rendu compte que tu ne laissais pas indifférent et si tu es célibataire quel est le mal à cela ? Tant que les deux partis sont d’accord, que cela est fait dans le respect et qu’il n’y a pas de soucis… Quel est le mal à cela ?
Je reprends d’un ton tout aussi léger.

- Ne t’inquiète pas, je sais pertinemment que tu ne m’as pas considérée comme cela une seule seconde ! Sois rassuré ! Mon regard sur toi ne va pas se changer en apprenant cela. C’est plutôt cool même si tu peux profiter… À ta place, je le ferai sûrement aussi.

Il y a une chose qu’il faut savoir, c’est que je ne me suis jamais considérée comme une femme pouvant plaire à la gente masculine. Je sais que mon exubérance et ma maladresse font que l’on me considère facilement comme une petite fille… À moins que ce ne soit moi qui me suis enfermée dans ces certitudes, mais comment en faire autrement ? Jamais un garçon ne m’a approché avec des intentions autres que platoniques et amicales… Et si c’était le cas, ils ne l’ont jamais fait savoir. Je n’ai donc jamais connu les relations malgré mon âge qui commence à être avancé à mes yeux. Mais je suis plus le cupidon que la femme fatale !

Tout à coup je sursaute et tape mon poing dans ma paume de main et me tourne de nouveau vers les personnes qui me font face et je dis d’une voix assez forte pour être entendue de tous.

- Au fait, j’ai acheté des viennoiseries et d’autres douceurs ! Si vous en voulez servez-vous ! Je les déposerai dans la salle de pause ! Elles sont encore toutes fraîches !

J’offre un petit sourire timide et frotte ma nuque en espérant ne pas avoir dépassé les limites. Je pense pourtant que tu ne m’en tiendras pas rigueur, je ne fais pas de mal et le fait qu’elles seront situées en salle de pause, fait qu’ils ne stopperont pas leur entraînement pour aller les chercher dès à présent. Je me tourne tout de même vers toi et reprends d’une voix taquine.

- J’espère pour toi que tu ne vois pas d’inconvénient à ce que je partage avec les collègues !

Bien que je prononce ces mots, je me doute déjà de la réponse, mais c’est par simple acquis de conscience.

Je m’amuse de tes réactions et rigole tendrement en te voyant ainsi te cacher derrière ta senestre. Je serais presque tentée à l’idée de venir la récupérer pour que tu cesses ainsi de cacher ton joli visage. Tu es mignon quand tu es gêné et j’ai d’ailleurs du mal à comprendre pourquoi tu sembles si mal à l’aise. Tu en viens même à te dédouaner, prétextant être respectable, cela me fait froncer les sourcils et je me permets de rétorquer.

- En quoi ce n’est pas respectable de se permettre des plaisirs consentis ? Enfin, je me doute que tu ne forces pas les femmes… De plus, si tout est clair entre vous et que tu ne leur fais pas miroiter l’impossible, il n’y a rien de mal à cela.

Je t’offre une moue rieuse et pose ma main sur ton épaule en me disant que par moment, les hommes sont vraiment des enfants. Ce n’est pas un crime d’avoir des rapports avec des gens qui nous attirent physiquement… Bon, il est vrai que c’est peut-être le comble de la part d’une vierge de toute relation, d’appuyer de pareils propos… C’est juste, que… J’ai tellement été jugée enfant, que je ne veux plus laisser de place à ces accusations que cela soit dans ma vie ou celle des autres.
La seule chose qui me fait quelque peu tiquer c’est te voir nier en bloc, cette fois, c’est à moi d’être gênée. Je cache mes joues rosies comme je le peux avec mon bras et marmonne.

- Désolée de m’être méprise… Je pensais qu’avec ton physique… Enfin…

Je préfère ne pas m’attarder plus longtemps sur cette tirade et préfère m’adresser au groupe entier pour leur proposer une petite douceur ! Tu ne m’en veux d’ailleurs pas pour cette initiative, bien au contraire, ce qui me fait me sentir pleinement acceptée dans ce groupe. Tu me proposes de continuer de visiter si l’envie me prend… Mais moi-même, je ne suis pas sûr que j’ai encore quoi que ce soit à visiter avant d’être traversée par un éclair de génie.

- Hmmm… À vrai dire… J’aimerais bien savoir où sont les vestiaires et les toilettes juste…

Je sens mes joues devenir écarlate à tel point que l’on pourrait facilement faire chauffer des pancakes dessus. Mais c’est important de savoir où cela se trouve ! Mais il est vrai que c’est assez gênant d’être conduite par un homme vers cet endroit assez peu glorieux… Mais sait-on jamais si je désire me faire une beauté ou tout simplement si j’ai besoin de profiter de l’utilité du lieu.

Alors que tu nous y conduis, je me permets de rebondir sur ta dernière proposition.

- À vrai dire, il y a en effet une chose dont j’aimerais bien te parler… Seul a seule si possible. Il y a un sujet qui me tient à cœur et dont il faut que tu sois au courant. Si possible… Dans un lieu tranquille, si l’on peut aller prendre un café ailleurs… Ça serait bien.

Alors que j’évoque ce sujet, la froideur s'empare de mon âme et tout mon corps se crispe, mon visage se contracte et je me tends clairement. Je suis tellement anxieuse que je ne pense même pas que je viens de t’inviter à sortir et que cette demande pourrait être très mal interprétée. Il faut dire que cette conversation pourrait mettre en péril ma place ici et donc forcément, j’appréhende. La seule chose distincte qui te montre que tu es bien toujours en face de la même personne, c’est ma manière de jouer nerveusement avec mes mains.

Dites, c’est possible de mourir d’anxiété ? Non parce que là, j’ai l’impression que ce n’est pas loin et que mon cœur va bientôt lâcher.

Je ne remarque, heureusement pour lui, pas qu’il baisse les yeux et que je l’ai poussé dans des retranchements certains. Je suis à mille lieux que mes paroles puissent avoir un quelconque impact sur mon chef, alors que nous nous découvrons pour la première fois. C’est pourtant bien idiot au vu de comment il rend vivante la poupée articulée que je suis. Il est aussi primordial de rappeler que mon insipide présence rend les choses telle, que je ne pense à aucun moment que mon compliment non voulu puisse l’impacter.
Je suis ainsi, un nuage de poussière qui disparaît aussi vite qu’il apparaît, intangible et insondable.
Pourtant, malgré ma présence immatérielle, je m’encre définitivement bien dans ce petit groupe qui m’accueille avec chaleur et qui me place au centre d’une attention non désirée.

Je reviens finalement vers toi avec ma requête, sourire aux lèvres certes, mais non sans les joues trahissant la réelle émotion qui imprègne mon corps. Tu acceptes sans hésiter et c’est pour cela que nous nous éloignons du petit groupe sans demander notre reste. Nous sommes enfin isolés et c’est avec cette idée en tête que j’ose te faire ma requête. Je suis dans un mal-être palpable et je sens alors ta main rassurante sur mon bras, tu me proposes même de parler sans crainte.
Un souffle faible trépasse sur le bord de mes lèvres, je ne suis pas en état pour le moment de me confier. J’ai accepté de t’accorder un bout de mon optimisme à ton égard, mais ce n’est pas le cas de tout le reste qui pourrait, tout à fait essayer de prendre notre direction pour se changer et épier notre conversation.
C’est en cherchant du réconfort que je le trouve dans tes pépites qui me font me sentir riche en force et légitime. J’écoute ensuite tes propos qui finissent par m’apaiser assez pour me remettre à respirer et à prendre une décision.

- … Je… J’essaye, mais il est vrai que je serais délestée de ce poids qu’une fois qu’on aura parlé… Je veux donc bien que tu me suives pour qu’on puisse échanger librement sur ma crainte.

J’attends que tu consentes et nous guide donc vers la sortie. Je décide ensuite de prendre la direction d’un pub assez sombre. Il propose de très bonnes consommations, je sais que le gérant s’en moque bien des commérages et confidences et qu’il en a entendu de bien plus belles et l’autre point positif ? Il fait encore trop jour pour qu’il y ai du monde.

Nous pénétrons donc dans la petite enseigne boisée aux couleurs chaudes et agréables. Une délicieuse odeur se dégage de l’endroit et le gérant barbu, bourru et trapu me salut avec un tendre sourire. Je lui rends avec la même douceur et décide de nous caler dans une table isolée de tout, sur de vieilles banquettes.
C’est bête, mais je me sens rassurée de ne pas avoir mon dos à découvert, encore plus en ce moment.
Je m’installe et commande un remontant pour délier ma langue et calmer mon palpitant qui s’affole désormais à l’idée d’être seule avec toi. Il te pose la même question mais un poil moins avenant, ce qui me fait sourire. Il a toujours été un second père pour moi et quand je lui glisse que tu es mon lieutenant et que c’est mon premier jour aujourd’hui, l’homme se détend immédiatement et devient des plus chaleureux avec toi.
Je souris avec tendresse et secoue la tête, il devrait pourtant deviner que je n’ai pas l’étoffe d’être la petite amie d’un tel homme.

Une fois notre commande apportée, je consomme la mienne immédiatement et la repose sur un coin de la table. Je pose mes mains sur cette dernière et joues avec, nerveuse.

- Bon… Je t’ai fait venir ici car il y a une chose qui me tracasse énormément.

Je mordille ma lèvre, t’offre un regard à la dérobée, souffle et me lance.

- J’ai toujours voulu rejoindre les Diligentias, mais il y a un point noir sur le tableau. Bien que j’ai eu un très bon entraînement et que je suis déterminée je…

Allé Violette, ce n’est pas si compliqué ! J’attrape une mèche de cheveux avec laquelle je me mets à jouer et lâche la bombe.

- J’ai peur, je suis terrorisée… À l’idée de tuer. Je sais que l’on va combattre des « monstres », mais ils sont dotés de sentiments comme nous. Ils souffrent, ils aiment leur famille et se reproduisent et j’ai peur de ne pas réussir à ôter des vies à des êtres qui essayent simplement de faire leur vie comme ils peuvent.

Je n’ose pas te regarder, j’ai peur.
Peur de voir la déception sur ton visage.
Peur d’y voir de l’agacement.
Peur de voir de l’impatience ou pire…
Peur du rejet.
Je tremble légèrement, mais je ne peux plus faire marche arrière.

- Bien sûr, je sais que si je vois un compagnon en mauvaise posture prêt à mourir, je sais que je serais capable de le tuer… Après tout, sans ce geste, il risque d’y avoir plus d’une vie qui tombe… Mais si c’est moi… Qui me fait attaquer, je ne sais pas si je serais capable de lever ma lame pour me défendre et me protéger de la mort.

Et c’est bien la mort dans l’âme que je t’annonce tout ceci. Mon palpitant pulse dans sa cage et j’ai l’impression qu’il aura bientôt la force d’en sortir. En attendant, seule la blessure qu’il inflige à force de tambouriner ainsi me fait juste saigner dans un silence de mort.
J’ai mal.

Je me reprends ou plutôt, reprend cette façade dure et froide utilisée toute à l’heure pour te faire face. Mon regard est voilé et plus aucune émotion n’y passe alors que je reprends doucement en t’observant sans réellement te voir, barricadée dans une épaisse barrière de protection pour ne pas craquer.

- Mais ce que je crains le plus, c’est de m’y faire. Ne plus ressentir ni douleur, ni compassion à retirer des vies et même… Pire… Imagine si je venais à aimer cela ? Imagine que cela vienne à me changer au plus profond de mon être et que je devienne une femme sanguinaire ne vivant que pour tuer et décimer ces monstres suite à un raté qui aura valu la vie d’un ami ? Je ne veux pas devenir ainsi… Je ne veux pas devenir un monstre…

Bien que mon faciès ne montre aucune émotion, mes mains nerveuses et tremblantes trahissent mon cœur qui pleure à cette idée de s’oublier sans se contrôler.

- Je comprendrais que cela te pose souci et que tu veuilles ainsi te débarrasser de moi. Ne t’en fais pas, cela ne ferait rien, je ne pourrais que comprendre.

Faux. Si telle est ta réponse, je te laisserais juste partir avant de m’effondrer en larme pour n’avoir été qu’une ratée de toute mon existence, alors que j’avais finalement trouvé une utilité… J’attends nerveuse ton verdict, j’ai envie de mourir…

Que vas-tu me répondre ?…