[+18] Know thy self, know thy enemy [Ft. Baal]

Know thy self, know thy enemy

Ce que la rousse regrette effectivement, dans ce besoin de vocaliser les sentiments qu'elle ressent sur le moment même, c'est son emportement. Mais regrette-t-elle les sentiments en eux-mêmes ? Non, pas encore. Ça viendra sûrement, plus tard, quand elle réalisera tous les risques que ces derniers pourraient lui faire prendre, au détriment de son devoir élémentaire. Mais pour le moment, elle veut juste savourer, et oublier cette sensation qui lui étreint la poitrine avec véhémence - c'est pourquoi, lorsqu'elle mord la langue de Baal, c'est avec une hargne renouvelée, presque du même niveau que celle dont elle a pu faire preuve dans leur combat acharné.

« Je ne suis pas la seule à savoir envoyer des pigeons. » réplique-t-elle, vaguement boudeuse.

L'un d'entre eux prendra-t-il seulement la peine de le faire, cela dit ? Sa fierté mal placée n'en est pas sûre - ses doutes, pas plus. Le Lieutenant a une réputation de tombeur, sans nul doute méritée, et elle celle d'une bourreau de travail. Sans doute ne trouveront-ils même pas le temps de penser l'un à l'autre - c'est tout du moins ce dont elle tente de se convaincre, pour ne pas souffrir d'avance.

Aussi, lorsqu'il attrape son poignet pour l'attirer contre lui, elle écarquille les yeux de surprise. Non, il ne l'oubliera pas aussi facilement. Voilà ce que son geste lui indique, plus sûrement que ses mots. S'abandonnant alors, la Balance passe ses bras autour de la taille du brun et se blottit entre ses bras, fermant les yeux pour mieux savourer l'instant, poussant un petit gémissement de plaisir au baiser posé dans son cou.

« Pour que tu puisses savoir où je vis ? » marmonne-t-elle contre son torse chaud.

Bizarrement, ça ne la dérange pas. Au contraire. Elle s'imagine déjà le ramener chez elle, lui faire visiter son petit appartement confortable, lui proposer une tasse de thé… Non, aucune des idées qui lui traversent l'esprit ne la perturbent. Se voir enlacée tandis qu'elle fait la cuisine. Lui parler alors qu'il est assis à sa table. Le regarder dormir dans son lit et le réveiller d'un tendre baiser. Ces dernières images lui font monter le rouge aux joues. Des choses totalement impossibles dans leurs situations respectives, mais le fait que certaines personnes puissent se le permettre la rend immensément jalouse. Heureusement, elle profite de ce moment hors du temps, à cacher son visage contre le torse de l'attaquant, pour récupérer sa contenance. Lorsque cette dernière est revenue, sa peau ayant récupéré son teint de porcelaine, la jeune femme se retire de l'embrassade pour accorder un doux sourire à son amant.

« Viens. »

Et elle lui prend tendrement la main, entrelaçant ses doigts aux siens pour l'entrainer dans son sillage, n'hésitant pas une seule seconde sur le chemin à prendre tout en évitant soigneusement les artères possiblement plus fréquentées, à croire qu'en bonne personne publique elle a l'habitude d'éviter la foule. C'est presque tout naturellement qu'il peut découvrir que son appartement se trouve assez proche de la base militaire, dans la zone sud du quartier des habitations - elle l'avait choisi à l'époque de ses entrainements pour rejoindre la Militia, ce qui explique son emplacement. Le bâtiment, d'une hauteur d'un seul étage, est plongé dans le noir, et c'est avec hésitation que la demoiselle s'arrête devant la porte de ce dernier, piétinant un peu le sol avant de se retourner vers le Diligentia.

« Voilà, c'est… ici… »

Elle ne veut pas le quitter. Pas comme ça. Alors au mépris des yeux qui pourraient trainer, elle se redresse sur la pointe des pieds, étend ses bras autour de la nuque du beau ténébreux et l'embrasse avec une tendresse sincère, ne cherchant plus à asseoir sa domination… Pour le moment.